à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
La population de castors est en constante augmentation : le DNF estime à plus de 1200 nouveaux individus par année ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes en différents endroits, allant même jusqu’à mettre en péril la sécurité publique.
Suite à l’introduction de castors canadiens, deux espèces différentes de castors se côtoient maintenant dans nos régions. Même s’ils sont très semblables morphologiquement, les castors canadiens diffèrent génétiquement des castors européens et sont, en fonction de leurs particularités, plus propices à une reproduction rapide.
Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres précis quant à la population de castors européens et canadiens présents sur notre territoire ? Dispose-t-il d’un cadastre des dégâts causés selon les territoires ?
Existe-t-il des régions plus touchées ? Dans l’affirmative, lesquelles ?
Quelle est la stratégie mise en place par le DNF pour répondre aux demandes locales en la matière ?
Le castor européen fait partie des espèces protégées. En est-il de même pour le castor canadien ?
Certaines études font état de leur présence de ces castors canadiens spécifiquement sur certains sites de l’est de la Belgique. Monsieur le Ministre confirme-t-il ce constat ? Quelles sont les possibilités pour limiter la présence de ces individus sur ces territoires précis ?
Réponse du 07/05/2018
de COLLIN René
Le Département de l’étude du milieu naturel et agricole (DEMNA), en collaboration avec le Département de la nature et des forêts (DNF) et les milieux naturalistes, répertorie chaque nouveau site connu. L’estimation la plus récente (fin 2017) est d’environ 750 sites, ce qui correspond à une population estimée à 3 000 individus. Le chiffre cité de 1 200 individus par an provient sans doute d’un calcul théorique, en considérant que la majorité des sites sont reproducteurs avec une portée de 2-3 jeunes. Il faut cependant tenir compte de la mortalité juvénile et de la disponibilité en sites pour de nouvelles implantations.
Ainsi entre 2016 et 2017, on a noté une progression d’une quarantaine de sites.
Les dommages sont répertoriés indirectement par le biais des plaintes et demandes de dérogation qui concernent environ 10 % des sites de présence, ce qui signifie que, dans une grande majorité des cas, les aménagements du castor ne posent pas un problème important ou sont tolérés.
Le castor est plus largement présent dans toute la zone située au sud du sillon Sambre-et-Meuse, ainsi que dans le bassin de la Dyle. Les bassins les plus densément occupés sont les zones dans lesquelles le castor a été réintroduit initialement comme le bassin de l’Ourthe. Sa présence est également dense dans le bassin de l’Amblève, de la Semois et de la Houille. Parmi les 10 communes concernées par le plus de demandes de dérogations, neuf sont situées en Province de Luxembourg sur les bassins de l’Ourthe, de la Sûre et de la Semois. Les petits cours d’eau (2e et 3e catégories) sont aussi plus impactés, car il réalise des barrages et des plans d’eau permanents plus ou moins importants.
En vertu de son statut d’espèce indigène, en cas de plainte, une visite sur place est organisée par le DNF. Si le problème rencontré est important, le plaignant est invité à remplir une demande de dérogation à la Loi sur la conservation de la nature. Une dérogation pourra lui être accordée pour la destruction de barrages, voire d’individus, dans la mesure où le respect des conditions fixées par la Loi sur la conservation de la nature a été vérifié, à savoir que la demande rencontre un des motifs fixés par la Loi (parmi lesquelles des dommages importants ou un risque pour la sécurité publique), qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante et que la dérogation ne nuise pas au maintien de la population dans un état de conservation favorable.
L’octroi d’autorisations de plus longue durée est également prévu dans les zones où des problèmes récurrents importants sont avérés.
Le castor canadien a été renseigné dans les communes en limite de frontière avec l’Allemagne, comme Bullange, Saint-Vith et Burg-Reuland. Ailleurs, en Wallonie, il n’a jamais été détecté. Cette espèce non indigène n’est pas protégée et des mesures ont été prises pour son éradication. Actuellement la situation est contenue. La vigilance reste toutefois de mise et les castors capturés ou accidentés dans les environs de la zone qui était occupée par des castors canadiens font l’objet d’analyses en vue d’une vérification de l’espèce.