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L'état de santé des forêts wallonnes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 386 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 17/04/2018
    • de BROGNIEZ Laetitia
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Selon un rapport de 2016 de l’Observatoire wallon de la santé des forêts, les frênes suivis (273 arbres) sont infectés par la chalarose du frêne avec un taux de 10 % de mortalité.
    Le dépérissement du chêne touche fortement une partie de l’Ardenne dont l’altitude se situe entre 300 et 400 mètres. Les hêtres ne sont pas épargnés et sont touchés par des scolytes et des champignons. Sans oublier les sapins Douglas qui sont attaqués par de nombreuses maladies.

    Comme le déclarait l’Inspecteur général du Département du milieu naturel et agricole (DEMNA), il n’y a pas de solutions pour contrer ces phénomènes en forêt, contrairement aux pépinières qui peuvent traiter les arbres malades.

    Des solutions ont été testées comme des pièges à phéromones mais elles ne semblent pas efficaces. La seule solution en forêt, lorsqu’un arbre est malade, c’est l’abattage !
    Or, les communes vendent le bois issu de leurs propriétés forestières et lorsque les arbres sont malades le prix de vente de ceux-ci chute de manière significative.
    A moyen terme, les revenus de ces ventes risquent de diminuer.

    L’Université de Liège, via la Faculté de Gembloux Agro-Biotech mène depuis des années sur une parcelle test des recherches sur la biodiversité forestière, l’objectif étant d’étudier comment les différentes essences se comportent l’une vis-à-vis de l’autre.
    A moyen terme, c’est probablement une évolution importante du paysage forestier qui devrait apparaitre pour contrer l’apparition de ces maladies.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance des résultats des études menées par la Faculté de Gembloux ? Qu’en ressort-il ?

    A-t-on étudié l’impact économique sur la filière bois ? Sur les revenus des communes ?

    Quels scénarii se dessinent pour l’avenir des forêts wallonnes ?
  • Réponse du 09/05/2018
    • de COLLIN René
    L’Observatoire wallon de la santé des forêts (OWSF) dispose d’un réseau permanent de partenaires scientifiques, dont l’ULg-Gembloux Agro-Bio Tech, mais aussi l’Université catholique de Louvain (UCL) et le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W), sans compter les partenaires du Département (français) de la Santé des forêts. Des comptes-rendus associés de recommandations aux gestionnaires sont régulièrement diffusés par l’OWSF via le site Web.

    La lutte directe contre les maladies et ravageurs est autorisée et pratiquée en pépinières. Elle ne l’est pas en forêt, milieu protégé dans lequel l’utilisation de produits phytosanitaires est très rarement autorisée. De plus, la spécificité du milieu forestier ne permet pas une grande efficacité de tels traitements. Les piégeages ne sont utilisés que pour le suivi des dynamiques de population de certains insectes. Ils ont peu d’impact en lutte curative.

    Par contre, il est absolument erroné de dire qu’en forêt, lorsqu’un arbre est « malade », la seule solution est l’abattage. L’état sanitaire des arbres et des peuplements a des causes multifactorielles. Selon l’essence, la station, les pathogènes ou ravageurs en cause et la gravité de l’atteinte, plusieurs issues sont possibles. La mort peut éventuellement subvenir, mais aussi, bien souvent, la résilience. Aussi, des actions précipitées et non raisonnées, comme des abattages non initialement prévus dans le plan de gestion, peuvent engendrer des tassements de sol, des blessures et surtout la déstabilisation des peuplements. Tout ceci met alors réellement les arbres restants en danger.

    Le détail des résultats des recherches pour chaque essence fait l’objet de publications et d’actualisations. D’une manière générale, bien souvent, les états sanitaires économiquement les plus critiques résultent de causes déjà bien identifiées. Il peut s’agir à la base d’une inadéquation entre l’essence et sa station, accrue notamment suite à l’évolution climatique. Il arrive aussi que le mode de conduite d’une essence ne lui soit pas -ou plus- adaptée, suite notamment à la survenance de nouveaux pathogènes.

    D’une manière générale, l’impact sur les revenus des communes sera fonction du volume des arbres malades, volume évolutif et difficile à connaître pour les années à venir. L’article 24 du Cahier général des charges pour les ventes de bois prévoit des réductions de valeur pour les chablis et les arbres victimes des scolytes dans les coupes en exploitation.

    À très long terme, les forêts wallonnes ne ressembleront vraisemblablement plus à celles que nous connaissons aujourd’hui. Plusieurs mesures existent pour préparer les forêts à cette évolution. Parmi celles-ci, on retiendra :
    - choisir des essences adaptées aux conditions locales (sol, microclimat). Le nouveau fichier écologique des essences (sorti en août 2017) constitue un outil essentiel à cet égard ;
    - promouvoir au maximum la diversification des peuplements (planter plusieurs essences différentes par exemple) ;
    - protéger les sols au maximum par l’installation de cloisonnements d’exploitation ;
    - le Comptoir forestier mis en place dès 1995 permet de récolter des graines sur des individus en bonne santé et présentant de belles caractéristiques ;
    - une prospection large dans les arboreta permet d’étudier le comportement de certaines espèces, moins fréquentes actuellement en Wallonie, par rapport au changement climatique. Ceci permettra peut-être à l’avenir de favoriser d’autres essences plus résilientes.