/

La cartographie du taux de mortalité

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 326 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/04/2018
    • de LEFEBVRE Bruno
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) vient de mettre en ligne une nouvelle publication relative à la mortalité en Belgique. Il ressort de ce rapport que la mortalité en Wallonie est 19 % plus élevée que dans le reste du pays. D’une commune à l’autre, à population égale, elle peut presque passer du simple au double.

    En moyenne, le Wallon serait donc plus menacé que le Flamand et le Bruxellois. Les communes wallonnes ayant le taux de mortalité le plus élevé sont situées dans le Hainaut, dans le sud de la province de Namur et autour de Liège ou en province de Luxembourg.

    Sur la cartographie, on retrouve les taux de mortalité standardisés, selon l’âge et le sexe, commune par commune. A la différence d’un taux brut, cet indicateur a l’avantage de neutraliser les spécificités de chaque commune en matière de structure de la population, en rapportant le nombre de décès sur 100 000 habitants à une pyramide des âges standard – une population européenne standard de 2013.

    Pour obtenir un échantillon significatif au niveau local, l’Iweps a répertorié les décès par tranche d’âge sur une période de dix ans, entre 2005 et 2014. Si le taux de mortalité ne cesse de diminuer, les écarts entre les trois Régions restent stables. En d’autres mots : avec 1099,8 décès sur 100 000 habitants en 2014, la Wallonie ne rattrape pas Bruxelles (990,6), qui ne rattrape pas la Flandre (912,5). Sans surprise, ce taux reste plus élevé chez les hommes que chez les femmes, quelle que soit la tranche d’âge. La surmortalité en Wallonie est structurelle depuis l’après-guerre. D’après les derniers chiffres de l’Iweps, elle se creuse singulièrement dès les 10-24 ans pour les hommes, et dès 25-44 ans pour les femmes.

    Madame la Ministre a-t-elle eu connaissance de cette étude ? Dans l’affirmative, peut-elle m’en dire plus sur les facteurs qui expliquent ces écarts importants ?   

    Un nouveau cadre de prévention et de promotion de la santé pour la Wallonie doit voir le jour. Quel est l’état d’avancement de ce futur cadre ? Quels en seront les objectifs transversaux ?
  • Réponse du 04/05/2018
    • de GREOLI Alda
    L’étude de l’IWEPS est en réalité un projet qui existe depuis longtemps et est réalisé grâce à une convention entre cet institut et l’administration de la santé dans le cadre de l’Observatoire wallon de la santé. J’ai donc non seulement pris connaissance de l’étude, mais je l’ai aussi financée.

    La surmortalité en Wallonie par rapport à la Flandre est en effet observée depuis l’après-guerre. Cette surmortalité s’explique principalement par les conditions socio-économiques moins favorables pour une importante partie de la population wallonne.

    Ce sont les inégalités sociales qui sont la cause des inégalités de santé et donc de ce différentiel de mortalité. Quelle que soit la maladie, chronique ou infectieuse, ce sont invariablement les populations les plus pauvres qui sont les plus touchées.

    Les déterminants de la santé sont entre autres le niveau de formation, les conditions de travail y compris le bien-être au travail, les comportements à risque (nutrition, sédentarité, tabagisme, consommation d’alcool), la pollution, l’environnement social, l’accès aux connaissances sur les comportements de vie sains, l’estime de soi et l’intérêt pour sa propre santé, l’utilisation des services de santé préventifs et curatifs, etc. Ces déterminants suivent en outre un gradient social. Les individus au sommet de la pyramide sociale sont en meilleure santé que ceux directement en dessous d’eux, qui eux-mêmes sont en meilleure santé que ceux qui sont juste en dessous et ainsi de suite, jusqu’aux plus bas échelons.

    Les expériences favorables ou non qui sont déterminantes pour la santé commencent in utéro et s’additionnent tout au long de la vie d’un individu.

    Les inégalités sociales jouent un rôle dans l’apparition d’une maladie, les individus en bas de l’échelle sociale ont plus de risque de tomber malades de par leurs conditions de vie, mais aussi parce qu’ils investissent moins dans leur santé. Elles jouent aussi un rôle sur le déroulement de la maladie, diagnostics plus tardifs, difficulté (pas seulement financière) dans la recherche de soins, moins bonne compliance aux traitements, etc. avec pour conséquence une mortalité plus élevée des personnes en situation économique défavorable.

    En Belgique la grande majorité de la population est couverte par une assurance maladie, les services de santé sont donc a priori accessibles financièrement à tous les Wallons. L’explication du différentiel de mortalité entre Flandre et Wallonie est donc plutôt à mettre en relation avec la situation socio-économique moins favorable des Wallons. Pour réduire ce différentiel, il convient bien sûr d’offrir des services médicaux de qualité et de mettre en œuvre des actions de prévention et de promotion de la santé comme l’ambitionne le Plan prévention et promotion de la santé. Mais ce ne sera jamais, et de loin, suffisant. Pour améliorer la santé des Wallons, il faut agir sur tous les déterminants de la santé et réduire les inégalités sociales. C’est donc dans tous les domaines qui impactent la vie des individus qu’il faut agir : l’emploi, les conditions de travail, l’éducation, la mobilité, l’environnement, l’accès à une alimentation saine et à des structures sportives, etc.

    Et effectivement le Plan de prévention et de promotion de la santé « Horizon 2030 » envisage onze objectifs stratégiques transversaux, dont ceux de la « La santé dans toutes les politiques » et des « Inégalités sociales de santé », ainsi que des objectifs stratégiques thématiques, dont la promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé, au sein de laquelle des opérateurs pourraient éventuellement inscrire des stratégies d’actions.

    Ce Plan « Horizon 2030 », de même que le projet de décret qui l’accompagne, sont en voie de finalisation au sein de mon Cabinet et de l’Administration.