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Le retour des grands prédateurs en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 401 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 23/04/2018
    • de DESQUESNES François
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Après le retour du loup en Wallonie, d’autres espèces de grands prédateurs pourraient faire dans un avenir proche leur retour dans notre région. Les cas du lynx boréal et du chacal doré ont notamment été évoqués. Les deux espèces augmentent de manière naturelle en Europe depuis quelques années. La présence de lynx boréal comme de chacal doré est confirmée dans des régions proches de la nôtre et on peut estimer qu’à l’instar du loup des individus solitaires arrivent dans les prochaines années sur notre territoire.

    Comme l'avait fait Monsieur le Ministre pour le loup, envisage-t-il d’anticiper le retour de ces espèces en prévoyant dès à présent des mécanismes d’indemnisation en cas de dégâts causés aux troupeaux ?

    Si le lynx boréal est protégé, comme le loup d’ailleurs, par la Convention de Berne, le chacal doré ne bénéficie pas du même niveau de protection. Pourrait-il bénéficier d’un statut spécial ou pourrait-il être chassé comme d’autres espèces ?

    Dans le cadre du retour de ces prédateurs, envisage-t-il d’étendre les missions du « réseau loup » à d’autres espèces ?

    Peut-il faire le point sur le travail du réseau loup ?

    Un article dans la presse parlait récemment de 150 interventions pour seulement 4 cas véritablement liés à la présence de loup. Il y a quelques semaines, le retour du loup avait été confirmé en Flandre, d’abord avec la présence d’une louve, Naya, ensuite avec un second loup retrouvé, par la suite mort. Depuis lors des indices de la présence du loup ont-ils pu être relevés ?

    Enfin lors d’une précédente question sur le sujet, il m’indiquait qu’il n’existait pas à ce stade de mécanismes d’aides afin de permettre aux éleveurs de s’équiper de protections contre ces prédateurs, barrières de protection ou chiens de berger, a-t-il pu avancer dans la réflexion afin de mettre en œuvre des mécanismes de soutien ?
  • Réponse du 16/05/2018
    • de COLLIN René
    Même s’ils ont en commun d’être des prédateurs, le lynx boréal et le chacal doré doivent faire l’objet d’une distinction de leur statut légal en Wallonie et de leur potentiel de dispersion.

    Le premier est un félidé à haut statut de protection (LCN annexe 2a) dont la dispersion est lente à partir de populations relativement peu productives. Le second est un canidé sans statut légal au niveau wallon, qui colonise une nouvelle aire de répartition, assez rapidement étant donné le bon état de conservation des populations sources situées dans le sud-est de l’Europe et sa stratégie de dispersion proche de celle du loup basée sur de grands déplacements.

    La Wallonie sera probablement rejointe plus rapidement par le chacal doré que par le lynx boréal.

    Au niveau européen, le lynx fait partie des annexes II et IV de la Directive Habitat et de l’annexe 3 de la Convention de Berne. Son statut de protection est donc strict. Le chacal doré fait partie de l’annexe V de la Directive Habitats. Cette espèce pourrait donc disposer d’un statut de protection au niveau wallon tout en maintenant la possibilité de le gérer si nécessaire.

    En ce qui concerne les indemnisations, le lynx ne constitue pas une menace à l’heure actuelle et ne risque pas de le devenir dans les prochaines années. En ce qui concerne le chacal doré, il faudra au préalable définir son statut légal.

    Pour la prévention, au stade actuel, le réseau loup a formé une dizaine d’agents Natagriwal afin de pouvoir répondre aux questions des éleveurs et agriculteurs en régions forestières. Le Département de la Nature et des Forêts (DNF) et le Département de l’Étude du milieu naturel et agricole (DEMNA) réfléchissent par ailleurs à un plan d’actions relatif au loup incluant cette thématique.

    Depuis sa création, le réseau loup a été contacté à 101 reprises. Avant sa création, 37 cas avaient été traités par l’administration. Parmi ces 138 cas, sept ont abouti à un diagnostic de loup non exclu. Outre le cas récent de Bérismenil début mars 2018, quelques cas supplémentaires sont en cours de validation avec le recours aux analyses ADN. Les excréments ramassés récemment proviennent de la région de La Roche et de Butghenbach.

    Le réseau loup pourrait être chargé du suivi des espèces de grands prédateurs à terme. Le chacal doré pourrait être ajouté à la liste des espèces soumises au monitoring du réseau loup.

    En ce qui concerne les moyens de prévention, la réflexion se poursuit afin d’être en mesure de conseiller au mieux les éleveurs qui craignent une arrivée du loup.

    Néanmoins le rapport coût/bénéfice de l’expérience française en matière de soutien aux mesures de prévention s’est révélé défavorable. De plus, il semble complexe de mettre en place un système de subvention qui vise uniquement les exploitants concernés. Par ailleurs d’autres éléments (notamment les lignes directrices de l'Union européenne concernant les aides d'État dans les secteurs agricole et forestier et dans les zones rurales 2014–2020) plaident pour une responsabilisation des éleveurs et pour une prise en charge financière au moins partielle des moyens de prévention par les éleveurs. Aussi, dans l’état actuel des choses, il n’est pas dans mes intentions de proposer un système de subventionnement des moyens de prévention.