Le succès de la viticulture wallonne

• Session : 2017-2018
• Année : 2018
• N° : 410 (2017-2018) 1

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• Question écrite du 24/04/2018

  • de PREVOT Patrick
  • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
  En cinq ans, la production viticole belge a doublé. Un phénomène que l’on devrait en partie à un mouvement qui s’est mis en marche en Wallonie, car si le gros de la production était l’apanage de la Flandre, la tendance est désormais à l’équilibre entre le Nord et le Sud du pays. Il est vrai qu’avec l’embargo vers la Russie, la pomme et la poire ont connu des années difficiles.
  
  En arboriculture, nombreux producteurs tentent donc de se diversifier avec d’autres variétés, plus qualitatives et axées sur le bio, comme le raisin. Monsieur le Ministre peut-il nous chiffrer plus précisément l’évolution de la production de raisins en Wallonie au cours des 10 dernières années ? À quelle fin la production wallonne de raisins est-elle principalement destinée ?
  
  La Wallonie encourage-t-elle particulièrement les viticulteurs ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ?
  
  Outre les années difficiles rencontrées par la pomme et la poire avec l’embargo russe, voit-il d’autres explications ayant entraîné cet engouement pour la vigne ? Le succès de la vigne pourrait-il avoir un impact sur la production d’autres fruits ?

• Réponse du 16/05/2018

  • de COLLIN René
  À ma connaissance, il y a très peu d’arboriculteurs qui se diversifient dans la vigne. La vitiviniculture nécessite des compétences différentes de celles requises par l’arboriculture fruitière : en plus de la conduite de la vigne, le processus de vinification demande des connaissances et un savoir-faire particuliers. En outre, commercialiser du vin ne revient pas à vendre des fruits. Ce sont donc des métiers très différents et on constate que les agriculteurs wallons qui se diversifient dans la vigne se comptent sur les doigts d’une main.
  
  L’engouement pour la vigne observé ces derniers temps est sans liaison aucune avec les difficultés connues en arboriculture fruitière.
  
  Les nombreux vignobles qui apparaissent ici et là en Wallonie ces derniers temps sont, à côté des hobbyistes, le fait de personnes ou de sociétés qui disposent de foncier et de moyens leur permettant d’investir dans du matériel de vinification spécifique. La culture du raisin en Wallonie concerne quasi exclusivement des variétés de raisin de cuve ; la production de raisin de table est inexistante.
  
  La plupart des viticulteurs wallons transforment eux-mêmes leurs raisins en vin ; ils sont donc vitiviniculteurs. Aucun viticulteur ne produit de raisin uniquement pour la vente à un viniculteur. Certains viniculteurs wallons, peu nombreux, achètent du raisin, wallon ou étranger, mais il s’agit surtout de compenser des récoltes déficitaires certaines années.
  
  La production belge et wallonne a augmenté de façon exponentielle entre 2006 et 2016 : multiplication par cinq de la production et multiplication par trois des superficies. L’évolution des superficies wallonnes est difficile à suivre tant la situation est mouvante : de nouveaux projets, parfois conséquents, voient le jour régulièrement. La superficie plantée dépasse actuellement les 100 hectares.
  
  L’enthousiasme pour la vigne provient d’un mouvement initié par quelques pionniers dans les années 2000 qui ont démontré qu’il était possible de produire de bons vins en Wallonie. Les adeptes, tant producteurs que consommateurs, sont toujours plus nombreux. Les Wallons sont en train de se réapproprier une certaine culture du vin et je m’en réjouis.
  
  Ce mouvement est soutenu par la Wallonie. Ainsi, depuis 2016, une subvention de 50 000 euros/an est accordée à l’Association des vignerons de Wallonie pour leurs actions de promotion de la viticulture professionnelle en Wallonie. Un soutien a également été accordé afin de garantir une place pour nos vins au salon Megavino, le plus grand salon du vin du Benelux, qui aura lieu en octobre 2018 à Bruxelles. Enfin, l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (APAQ-W) est active et organisera, outre les productions de brochures, cartes, routes des vins, la deuxième Édition du week-end Brasseries et vignobles ouverts qui avait connu un beau succès l’an dernier.