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Les dangers des fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase pour la santé humaine et l’environnement

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1077 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/04/2018
    • de WAROUX Véronique
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Récemment, la presse s’est fait l’écho d’une nouvelle étude sur les molécules fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase). Ces fongicides visent à éliminer les champignons et moisissures en agriculture ou sur les pelouses. Ils sont utilisés à grande échelle sur les cultures céréalières, de pommes de terre et de fruits. Ils se retrouvent dans l’environnement et les chaînes alimentaires animales et humaines.

    Or, leur mode d’action inquiète. Ils bloquent la respiration des cellules des champignons (en inhibant l’activité de l’enzyme SDH), mais bloqueraient aussi la SDH des humains. Il agit donc comme un perturbateur endocrinien. Le blocage de cette enzyme aurait plusieurs conséquences graves sur la santé : graves encéphalopathies, cancers, Parkinson, perturbation de la mobilité des spermatozoïdes …

    Un collectif de scientifiques appelle à « suspendre » l’utilisation des SDHI « tant qu’une véritable estimation des dangers et des risques n’aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences ayant précédemment donné les autorisations de la mise sur le marché ».

    En France, l’Anses, qui délivre les autorisations de mise sur le marché français des produits contenant cette substance, répond que « l’évaluation scientifique des risques liés à l’usage de ces produits, qui prend en compte le mécanisme d’action, conclut à une absence de risque inacceptable » et affirme ne pas disposer à ce stade d’éléments pour les interdire ou les suspendre.

    Nous connaissons le combat que Monsieur le Ministre mène, non sans mal, envers le glyphosate. A-t-il pris connaissance de cette nouvelle étude concernant cette fois les fongicides ?

    En tant que Ministre en charge de l’Environnement-Santé, quelle analyse en fait-il ?

    A-t-il ouvert un dialogue avec son collègue du Fédéral en charge de l’AFSCA ?
  • Réponse du 22/05/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    Les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDH) sont des produits phytopharmaceutiques largement utilisés en agriculture et pour l’entretien des espaces verts depuis la fin des années 1960.
    Ils ne sont pas considérés comme perturbateurs endocriniens et le principe de base de la toxicologie, « la dose fait le poison » est ici parfaitement applicable. Ces inhibiteurs agissent sur un enzyme du cycle de Krebs, qui est le cycle respiratoire de nos cellules. En bloquant l’action de la SDH, ils réduisent l’action des centrales énergétiques des cellules des êtres vivants.

    Dans leur tribune publiée dans le journal « Libération », le collectif de médecins et de chercheurs français n’affirme pas que les inhibiteurs de la SDH provoquent telle ou telle maladie, mais que des mutations naturelles du gène codant pour la SDH ou le dysfonctionnement de l’enzyme peuvent être associées à certaines maladies. Ces auteurs n’attribuent pas aux inhibiteurs de la SDH la responsabilité de ces maladies.
    Cette tribune fait l’objet d’une polémique parce que ces auteurs publient en presse une information inquiétante sans apporter de nouvelles données et sans communiquer d’information aux autorités en charge du dossier.
    Plusieurs experts ont fait part d’un étonnement quant aux positions prises par les auteurs français qui ne s’appuient pas sur des données d’impact sanitaire chez l’homme.

    En l’absence de nouvelles données, l’évaluation de risque réalisée par l’Agence européenne pour la Sécurité alimentaire semble pour l’instant toujours pertinente.
    Il faut néanmoins faire preuve de la plus extrême prudence en ce qui concerne l’utilisation de ces produits. Comme trop souvent il y a une forme de banalisation de l’usage régulier de produits chimiques qui ont vocation à perturber des mécanismes naturels chez des êtres vivants. L’usage doit rester limité à l’indispensable et les alternatives plus naturelles doivent toujours être privilégiées.

    Enfin, concernant la communication avec le Fédéral, les administrations régionales et fédérales se réunissent régulièrement au sein d’une taskforce pour aborder les questions relatives aux pesticides.
    Au niveau politique, le Ministre fédéral en charge de l’agriculture n’a pour l’instant pas répondu aux demandes d’une meilleure concertation, notamment pour prendre en compte l’avis des régions lors des débats européens sur la question des pesticides.