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Le stockage de l'électricité

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 257 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/04/2018
    • de FOURNY Dimitri
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    La question du stockage de l’électricité et du développement des batteries constitue un enjeu majeur aujourd’hui, tant techniquement que dans le contexte global de la transition énergétique dans lequel nous nous trouvons. Le Pacte énergétique requiert, à l’horizon 2030, 2 000 MW de stockage industriel.

    C’est pourquoi, à côté du stockage déjà présent à Coo, nous ne pouvons que nous réjouir de la mise en place de tout projet allant en ce sens.

    Nous avons récemment appris par voie de presse qu’un consortium réunissant trois acteurs publics (SRIW, Socofe et Idelux), ainsi que la société belge Rent A Port, lançait un projet de création d’un lac artificiel à La Roche-en-Ardenne dans le but de stocker de l’électricité.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il la mise en œuvre de ce projet et quelle en est son analyse ?

    A-t-il été consulté dans ce cadre ?

    Peut-il nous faire le point sur ce projet ?

    Quel est son objectif en termes de stockage ?

    De quelle manière va-t-il fonctionner ?

    Quels ont été les critères pour retenir l’emplacement ?

    Qu'en est-il en termes de coûts et d’investissements ?

    Quand pourra-t-il être opérationnel ?

    Enfin, il semble que des difficultés se posent globalement pour développer ce type de projet comme le manque de vision à long terme. Dans d’autres pays, comme au Royaume-Uni ou en Allemagne, on utilise un mécanisme de rémunération des capacités. Par ailleurs, il serait souhaité que les batteries soient exemptées de certificats verts, comme c’est le cas pour le pompage-turbinage.

    Qu’en pense-t-il ?

    Cela est-il envisagé et envisageable chez nous ?

    Comment aider et soutenir le développement de ce type de projet de stockage en Région wallonne ?
  • Réponse du 07/05/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Nous sommes bien au courant du projet initié par Rent-a-Port, sans avoir été approchés pour autant par les acteurs du consortium. Des informations dont nous disposons, le projet devrait disposer d'une capacité supposée de 120 MW et de 40 MW par batteries. Les chiffres avancés restent en effet très en dessous des capacités disponibles à Coo et probablement mieux adaptées à la régulation au niveau du réseau de distribution que de celui de transport.

    Les différents partenaires semblent être assez certains de leur projet. Nous ne pouvons que nous réjouir de l'émergence de projets de stockage d'ampleur, mais nous restons particulièrement prudents quant à la mise en œuvre d'un tel projet. En effet, même si nous nous situons très en dessous d'un nouveau Coo, le projet nécessitera immanquablement des démarches administratives qui iront bien au-delà de l'expropriation de propriétaires. Dans le cas de Coo, une estimation fixait la mise en œuvre opérationnelle des installations d'un hypothétique Coo3 à 2025-2027. Sans être aussi longues, les procédures pour le projet de La Roche risquent de prendre probablement quelques années.

    Au niveau du coût, le projet est estimé à 330 à 400 millions d'euros. Une estimation liée à la capacité de batterie proposerait un investissement en pompage-turbinage de l'ordre de 290 à 350 millions d’euros, ce qui serait relativement peu compétitif par rapport à certaines technologies de stockage de masse, même si la durabilité dans le temps d'une telle installation serait assez conséquente. Il serait assez intéressant de pouvoir comparer un tel investissement, dès que nous disposerons des informations nécessaires, avec les résultats de la recherche Smartwater qui vient de se clôturer et qui visait à travailler sur le même type de stockage en utilisant d'anciennes installations carrières ou minières comme réservoirs. Des contacts seront donc pris avec les porteurs de projets.

    En ce qui concerne la vision stratégique en matière de stockage, elle est intimement liée à plusieurs facteurs. Premièrement, la croissance du renouvelable intermittent influencera fortement les besoins en flexibilité, dont le stockage. Deuxièmement, l’évolution du marché et la mise en place d’un mécanisme de rémunération de la capacité offriront l’opportunité de sécuriser des investissements intensifs en capital. Troisièmement, le développement de nombreuses solutions technologiques « flexibles » mettra en concurrence de nombreux assets.

    Le Pacte énergétique a avancé des objectifs en matière de stockage, tant industriel qu’individuel. Ces objectifs sont étroitement liés à ceux du renouvelable variable. Les besoins augmenteront inévitablement tant pour l’équilibre du système dans sa globalité que pour la gestion locale des congestions.

    Un mécanisme de rémunération des capacités est en cours d’élaboration au Gouvernement fédéral (il s’agit d’une compétence liée au fonctionnement du marché). Ce mécanisme devra assurer que de tels outils sont bien éligibles afin qu’ils puissent être mis en compétition avec les centrales au gaz et tout autre outil flexible.

    Enfin, il existe actuellement des obstacles à la réalisation de tels projets liés notamment aux tarifs (au prélèvement et à l’injection) ou à la charge des certificats verts. La CREG a réalisé une étude faisant le point sur ceux-ci.

    En ce qui concerne le quota de certificats verts appliqué à l’énergie électrique absorbée par l’opération de pompage dans les centrales de pompage/turbinage (usage propre), une exemption est effectivement prévue à l’article 25 de l’arrêté du Gouvernement wallon du 30 novembre 2006 relatif à la promotion de l'électricité produite au moyen de sources d'énergie renouvelable ou de cogénération. L'extension de cette exemption à l’énergie électrique absorbée à des fins de stockage par un point d’accès exclusivement destiné à cette opération, quelle que soit la technologie mise en œuvre, a fait l'objet d'une proposition de la CWaPE en date du 5/12/2017, mais la question doit encore être approfondie.

    Certaines compétences étant du ressort du fédéral, nous devons collaborer afin de mettre en place un cadre pour l’activité de stockage.

    La question d’un soutien spécifique au stockage n’a pas encore été abordée mais ne fait a priori pas partie de nos intentions. Nous veillons à respecter la volonté de l’Europe de tendre vers un marché plus performant et le moins perturbé possible. Les obstacles par contre devront être levés.