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La disparition des bourdons et l’échardonnage

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 413 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/04/2018
    • de PUGET André-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Une thèse de doctorat fort intéressante émanant d’une chercheuse en zoologie a trouvé écho dans la presse fin mars.
    Celle-ci nous alertait sur la disparition progressive des populations de bourdons.

    Comme souvent, ce sont les espèces les plus spécialisées qui souffrent le plus. Il en va, par exemple, des bourdons à longue langue, des bourdons qui préfèrent les habitats ouverts comme les prairies, ou encore des bourdons nichant au sol.

    À l’inverse, les bourdons généralistes tels que le bombus terrestris, s’en tirent mieux puisqu’on les rencontre encore dans nos villes actuellement.

    Cette évolution entraine un appauvrissement de la diversité dans la famille des pollinisateurs.

    Parmi les causes de cette disparition, rien de neuf à l’horizon : l’urbanisation, les pratiques agricoles qui privent les insectes de leur habitat et de leur nourriture et le changement climatique.

    Les bourdons nichent dans les talus et dans les haies. L’agriculture industrielle et l’arrachage des bouquets d’arbres les privent de logement.

    Pour se nourrir, le bourdon a besoin de fleurs où trouver pollen et nectar et la réduction des espèces de fleurs sauvages a de ce point de vue là eu un impact très lourd.

    On constate que les localités où les pratiques agricoles sont les moins intensives, là où il reste des bocages et des prairies généreuses en fleurs sont précisément les lieux où les communautés de bourdons sont les plus riches et abondantes.

    La disparition de cette espèce n’est pas une affaire banale. Parmi les pollinisateurs qui contribuent au développement des fruits et légumes, le bourdon est un allié particulièrement efficace, plus efficace d’ailleurs que les abeilles domestiques.

    Par ailleurs, la même thèse met en évidence la dépendance des bourdons vis-à-vis des chardons pour se nourrir. Or, il existe chez nous une loi sur l’échardonnage qui fait obligation de supprimer ces plantes dans les champs, sur les bas-côtés, dans les jardins, ainsi que dans les réserves naturelles.

    D’aucuns plaident pour l’abrogation de cette disposition.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre quant à la disparition des bourdons et quant à la pertinence de l’échardonnage aujourd’hui ?

    Un autre zoologue précise que les dispositions relatives à la suppression des chardons datent d’une époque où on labourait à la traction chevaline.

    Ne pense-t-il pas qu’il soit opportun de revoir cette législation au vu des éléments de notre époque ?
  • Réponse du 03/05/2018
    • de COLLIN René
    La disparition des bourdons et des pollinisateurs en général est une réalité inquiétante dont je suis particulièrement conscient. En Europe, ce problème est largement documenté et il fait l’objet de nombreuses publications et actions. En Wallonie, le plan MAYA, dont l’objectif consiste à protéger les populations d'abeilles et d'insectes butineurs, est mis en œuvre depuis 2011 afin d’attirer l’attention sur la disparition générale des ressources florales et l’importance de les redéployer.

    Les études et les avis des scientifiques montrent bien le rôle important des chardons pour l'entomofaune sauvage. Les bourdons en font partie, mais il existe une multiplicité d’autres espèces d’insectes floricoles qui dépendent de ces fleurs (papillons, syrphes, coléoptères …) et dont les populations sont fragilisées par le manque de ressources florales dans l'environnement. Les chardons sont donc une partie des plantes floricoles qui contribue à la bonne conservation de ces espèces, mais pas uniquement.

    La législation sur l’échardonnage, initialement liée à la protection des travailleurs lors de la récolte manuelle notamment du foin et du lin, a déjà évolué vers une législation plus générale de « lutte contre les organismes nuisibles en agriculture » qui fait toujours partie, des compétences agricoles fédérales. Cette législation peut être revue, pour par exemple, exclure trois espèces de chardons bisannuelles. Néanmoins, cette législation reste essentielle pour d’autres espèces, comme le cirse des champs, qui pose des problèmes majeurs dans l’espace agricole.

    Je m’engage donc à rappeler cette problématique à mon Collègue, le Ministre fédéral de l’agriculture, Denis DUCARME.

    Au niveau des compétences régionales, nous avons d’ores et déjà limité à la seule lutte contre le cirse des champs les dérogations à l’interdiction d’usage de pesticides prévues en Natura 2000, en mesures agro-environnementales (MAE) ou encore dans le plan wallon de réduction des pesticides.

    Par ailleurs et à mon initiative, la première semaine belge des abeilles et des pollinisateurs se tiendra du 27 mai au 3 juin prochain. Celle-ci est organisée en collaboration avec les 2 autres régions du pays.

    Cette semaine aura pour objectif de sensibiliser, de faire découvrir le monde de ces insectes et d’en expliquer leurs rôles et leur importance tant pour l’espèce humaine que pour l’environnement et la biodiversité.