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L'abattage du mur d'enceinte de l'Abbaye de Cambron-Casteau

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 437 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 04/05/2018
    • de WAROUX Véronique
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Les travaux d’extension « Wilderness » du parc animalier Pairi Daiza à Brugelette ont commencé, avec la démolition d’une partie du mur d’enceinte, face à la rue de la Crampe, de l’ancienne Abbaye de Cambron-Casteau.

    La demande de permis avait pourtant essuyé dans un premier temps de nombreux avis défavorables émis notamment par plusieurs départements de la Région wallonne. L’avis du SPW Monuments et Sites, du 18 août 2017, faisait par ailleurs aveu d’impuissance par ces termes : « Au point de vue patrimonial, il n’y a pas de moyen juridique de s’opposer au projet, même s’il n’est pas compatible avec l’histoire du lieu ni avec l’esthétique que celle­ci a engendrée ; qu’il faut veiller à ce que cette brèche dans le mur d’enceinte, lequel participe largement à l’identité de l’ancien site abbatial, ne constitue pas un précédent dans le cadre du futur développement du parc animalier. »

    En effet, un arrêté du 31 mars 1982 de l’Exécutif de la Communauté française classe comme site l’ensemble des édifices et ces abords de l’ancienne abbaye de Cambron-Casteau, et un arrêté ministériel du 9 mars 2009 déclasse comme monument différents bâtiments de l’ancienne abbaye de Cambron-Casteau, et comme site, l’ensemble formé par divers édifices du domaine de l’ancienne abbaye de Cambron-Casteau et leurs abords.

    Par l’introduction de plans modificatifs, le parc répond à plusieurs incriminations, notamment en matière de station d’épuration, mais ne modifie rien en ce qui concerne ses intentions d’attenter au patrimoine des lieux.
    Le Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath et de la région s’oppose à l’abattage du mur d’enceinte, qu’il qualifie de vandalisme !

    Le permis est néanmoins délivré par la commune, mais comprend toutefois certaines conditions. Notamment la prise en considération de l’avis du SPW Monuments et Sites, en ce que cette brèche dans le mur d’enceinte « ne constitue pas un précédent dans le cadre d’un futur développement du parc animalier ».

    Notre nouveau Code wallon du patrimoine renforce-t-il les les outils législatifs de défense de notre patrimoine, pour éviter au SPW Monuments et Sites de se trouver démuni devant ce type de cas ?

    Est-ce acceptable de détruire partiellement un des rares murs d’enceinte complets d’une abbaye cistercienne en Europe pour un projet privé de rentabilité économique ? Quelle est la valeur patrimoniale réelle de cet édifice ?

    Comment être sûr que cette brèche ne constitue pas un précédent amené à se répéter dans le cadre d’extensions futures du parc ?

    Aurons-nous les outils législatifs pour nous en prémunir ?

    Ne conviendrait-il pas de reclasser comme Monuments et Sites certains bâtiments et édifices du domaine, afin de les préserver de velléités de modifications futures du parc zoologique qui a privatisé les lieux ?
  • Réponse du 31/05/2018
    • de COLLIN René
    Suite à l’arrêté de déclassement de 2009, quelques bâtiments ou éléments de l’ancienne abbaye de Cambron-Casteau sont encore sous la protection légale du classement. Ce n’est pas le cas du mur d’enceinte. Les voies de droit qui permettraient de s’opposer aux travaux prévus sont donc inexistantes.

    Le nouveau Code du patrimoine prévoit un ensemble d’actions visant la protection et la conservation d’une part, des biens classés et d’autre part, des biens présentant une valeur patrimoniale sans pour autant être classés.

    Ainsi, le Code prévoit que les autorités communales pourront instaurer un inventaire communal des biens ou ensembles de biens d’intérêt patrimonial, non classés, représentatifs de leur territoire communal et méritant une attention particulière. Ce nouvel inventaire est de nature à inciter la population à la participation.

    Ensuite, parmi les autres actions, l’administration du patrimoine sera dorénavant consultée dans le cadre de la procédure de permis d’urbanisme, pour les biens repris à la carte archéologique, pour les biens pastillés repris à l’Inventaire du Patrimoine régional, ou encore pour les biens inscrits dans l’inventaire communal.

    Le nouveau Code permet aussi que soient davantage pris en considération les avis émanant de la société civile. Il prévoit en effet son implication via les Commissions consultatives d’aménagement du territoire et de mobilité (CCATM) et des groupements d’intérêt patrimonial. Ces associations sont maintenant autorisées, sous certaines conditions, à porter une demande de classement.

    Ce sont des avancées très significatives au bénéfice des biens non classés et du patrimoine d’accompagnement sans la prise en considération desquels les significations de notre patrimoine disparaîtraient de manière définitive. En élargissant les possibilités réelles d’actions des citoyens engagés dans la défense du patrimoine, le nouveau Code les légitimise à identifier les biens constituant leur patrimoine.