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Les réserves naturelles wallonnes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 439 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 04/05/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    La conservation de la nature constitue aujourd’hui un défi majeur, défi auquel la Wallonie tente de répondre à travers le développement de réserves naturelles et d’habitats communautaires. L’Union européenne a adopté deux directives en matière de conservation de la nature : la directive oiseaux (1979) et la directive habitats (1992). Ces deux directives sont concrétisées, en Wallonie, par le réseau Natura 2000 qui couvre une superficie totale de plus de 5 000 kilomètres carrés, répartis en plus de 300 zones. Les réserves naturelles wallonnes sont majoritairement incluses dans ce réseau.

    Le jeudi 26 avril, un rapport européen a été publié dans le cadre du Plan d’action de la Commission européenne, instauré l’année dernière afin d’améliorer la protection de la biodiversité, de la vie sauvage et de la nature au sein de l’Union. Ce rapport stipule que les réserves naturelles de notre pays seraient trop fragmentées pour assurer aux espèces une migration régulière et sûre ou encore pour amortir, de manière adéquate, l’impact négatif de certaines activités, comme le trafic routier ou l’utilisation des engrais chimiques dans l’agriculture intensive.

    Alors que le Gouvernement wallon s’est engagé à encourager le développement des réserves naturelles, il est désolant de constater qu’aujourd’hui seul 1 % du territoire wallon est reconnu comme réserve naturelle. Selon plusieurs études, 10 % du territoire devrait bénéficier de ce statut. Rappelons que le statut de réserve naturelle permet de protéger les milieux et espèces les plus fragiles et que l’association Natagora plaide pour la mise en place de liaisons entre les réserves naturelles depuis plusieurs années.

    Monsieur le Ministre compte-t-il accorder le statut de réserves naturelles à de nouveaux sites wallons dans les mois à venir ?

    Quelles sont ses réactions par rapport aux constatations du rapport européen ?

    La mise en réseau des différentes réserves naturelles fait-elle partie de ses priorités actuelles ?
  • Réponse du 29/05/2018
    • de COLLIN René
    Dans un communiqué de presse, le WWF Belgique a présenté le bilan dressé par 18 organisations de conservation de la nature, relatif à l'évaluation à l'échelle européenne d'un plan d'action élaboré par la Commission européenne visant à améliorer l'application de la législation communautaire en la matière. Pour la Belgique, le WWF Belgique, Natuurpunt et Natagora ont évalué divers critères représentatifs des politiques de protection de la nature.

    À l'image du baromètre mis en place par la Commission européenne pour mesurer la mise en place du réseau Natura 2000 dans les États membres, les deux principales organisations non gouvernementales (ONG) privées agissant en Région wallonne ont évalué les politiques régionales ou nationales et dressé un rapport des avancées, mais aussi des améliorations à apporter. Deux points négatifs sont relevés dans la partie du rapport consacré à la Belgique, certains progrès sont également constatés pour la plupart des autres critères, notamment en Wallonie.

    La superficie totale de réserves naturelles au sens de la Loi sur la Conservation de la Nature (LCN), est passée de 2014 à aujourd'hui de 10.966 hectares à 12.785 hectares, soit un accroissement de 1.819 hectares en quatre ans. À cela, il convient d’ajouter les autres sites classés en vertu de la LCN, comme les zones humides d’Intérêt biologique ou les réserves forestières, ainsi que les Réserves Intégrales du Code forestier où toute forme d’exploitation est proscrite, au profit du vieillissement de la forêt et des dynamiques naturelles. Ensemble, ces sites protégés et reconnus couvrent actuellement une surface de 20.516 hectares, soit 1,22 % du territoire wallon.

    De plus, il convient de rajouter les 13 % du territoire repris dans le réseau Natura 2000, qui vise aussi le même objectif de protection et de gestion des zones centrales du réseau écologique, en les intégrant dans un système plus vaste. À terme, le réseau doit assurer une meilleure protection du patrimoine naturel. Le pourcentage de territoire en réserve naturelle évoqué par les scientifiques est une recommandation d’ordre général non contextualisée. L'Union internationale pour la conservation de la nature, qui fait autorité en la matière, estime que dans les régions comme les nôtres, les superficies dédiées à la protection de la nature dite « extraordinaire » devraient couvrir 3 % du territoire.

    Afin d’arriver à ce résultat, quatre grands axes pour améliorer la biodiversité ont été définis :
    - gérer et étoffer les réseaux de réserves naturelles en tant que zones centrales, réservoirs d’espèces rares ;
    - préserver et améliorer l’état de conservation du réseau Natura 2000 en tant que structure principale du réseau écologique ;
    - améliorer sur l’ensemble du territoire le potentiel d’accueil de la vie sauvage, c’est l’objectif des initiatives regroupées sous la dénomination « Réseau Wallonie Nature » ;

    Améliorer les milieux agricoles en reconstituant des sols vivants (par une amélioration de la teneur en carbone et un usage davantage raisonné des pesticides et engrais), en restaurant des éléments du paysage (c’est l’objectif des subventions à la plantation de haies, alignement d’arbres, vergers hautes tiges et taillis linéaires), en promouvant des mesures agri-environnementales orientées vers la conservation et la restauration de la biodiversité.