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Le projet WALLEP

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 445 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 08/05/2018
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Depuis quelque temps, la volonté de remettre l’épeautre au goût du jour est de plus en plus présente. Une série de partenaires privés, Wagralim et la Région wallonne unissent d’ailleurs leurs forces et leurs compétences dans un nouveau projet, baptisé WALLEP.

    Comme chef d’orchestre, on retrouve la Pasta della Mama, entreprise spécialisée dans les pâtes fraîches au zoning des Hauts-Sarts. L’entreprise a deux objectifs, tout d’abord, développer la production de produits actuels à base d’épeautre, mais aussi mettre au point de nouveaux produits avec de la recherche et du développement.

    C’est dans ce contexte que la distillerie Radermacher de Raeren, envisage de créer un whisky, une vodka et un gin à base d’épeautre.

    D’ici quatre ans, la culture de l’épeautre devrait donc s’étendre aux quatre coins de la Wallonie.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur la culture de l’épeautre en Wallonie ?

    Avec ce nouveau projet, quels seront les objectifs en termes de culture de l’épeautre dans les années à venir ?

    Les conséquences et impacts sur d’autres cultures ont-ils été analysés ?

    Peut-il nous en dire davantage ?

    Comment réagissent les agriculteurs et en particulier les céréaliers face à ce projet ?
  • Réponse du 24/05/2018
    • de COLLIN René
    Pour correction, Pasta della Mamma n’a actuellement aucun produit à base d’épeautre, mais travaille à la mise au point d’une recette destinée à la production de pâtes fraiches à base d’épeautre. Outre Radermacher et Pasta della Mamma, d’autres entreprises sont impliquées dans le projet WALLEP : Wal.Agri, Moulins de Statte, Meurens Natural, Puratos et trois centres de recherche, le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W), Meurice R&D, le Celabor.

    La culture de l’épeautre en Wallonie constitue une production faible par rapport à celle du froment (10 000 hectares contre 130 000 hectares environ). L’emblavement moyen annuel de 2007 à 2011 était de 9 386 hectares avec un rendement moyen de 71 quintaux par hectare. En 2012 et 2013, cette tendance s’est reproduite. Les emblavements ont commencé à augmenter en 2014 avec 12 848 hectares. Une demande exceptionnelle à l’export et une production normale ont engendré une augmentation des prix atteignant des plafonds inédits (800 euros/tonne). S’en est suivi un emblavement exceptionnel de 18 457 hectares en 2015, une absence de demande aussi forte qu’en 2014, une offre abondante, une rupture de marché et des stocks. Les emblavements ont donc diminué à 8 488 hectares en 2016. L’année 2017 avec 13 634 hectares pour la Belgique présente des superficies un peu plus élevées que celles de 2007 à 2013 (500 à 1 500 hectares pour la Flandre), mais des variations notables de prix sur le marché sont de nouveau constatées.

    Concernant les objectifs en termes de culture de l’épeautre dans les années à venir, les entreprises prévoient d’utiliser en 2022 5 466 tonnes d’épeautre au terme du projet précité ce qui correspond à une surface d’environ 780 hectares.

    L’impact en termes d’utilisation de la superficie agricole par rapport aux autres cultures est donc neutre. En effet, les variations dues aux effets du marché sont bien plus importantes que la variation qui pourrait être engendrée par le projet WALLEP. Il faut distinguer les marchés mondiaux régis par des prix mondiaux plutôt à la baisse ces dernières années et les marchés locaux de niche comme l’épeautre qui font l’objet d’une création de valeur locale. Si influence il y a, elle sera au bénéfice des agriculteurs par la création de valeur.

    Le projet WALLEP ne vise pas spécifiquement à augmenter la superficie emblavée en épeautre ; il vise à stabiliser le marché, assurer des débouchés aux agriculteurs en circuit court ; à créer de la valeur ajoutée sur le territoire en transformant une production primaire au lieu d’exporter des grains ou épillets bruts ; à développer une économie locale, à fournir aux consommateurs des produits de qualité. Les corollaires du projet sont le soutien à une culture respectueuse de l’environnement et à une alimentation diversifiée pour les consommateurs.

    Le projet WALLEP a débuté il y a quelques mois et les avis des agriculteurs et des céréaliers n’ont pas pu encore être recueillis. Néanmoins, le projet constitue une opportunité supplémentaire de valorisation pour les agriculteurs.

    Je ne peux qu’être favorable à ce projet destiné à garantir des revenus plus rémunérateurs et plus stables à nos producteurs et à diversifier le panier de produits wallons.