/

Les dangers du fongicide inhibiteur de la succinate déshydrogénase (SDHI) dans les cultures de blé et d'orge en Région wallonne

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 451 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/05/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Plusieurs médecins et scientifiques français ont signé une tribune dans le quotidien « Libération » sur les dangers du fongicide SDHI utilisé pour les produits d’alimentation humaine.

    Le fongicide dont on parle ici est largement utilisé dans le traitement des semences, de fruits et sur les cultures de céréales. Le but de son utilisation est de détruire les champignons qui se développent dans les cultures et les récoltes, en bloquant leur respiration. Ce fongicide serait utilisé couramment en Wallonie, et ce, sur la plupart des cultures de blé et d’orge.

    Ces fongicides seraient dangereux, car ils bloqueraient la SDH humaine, enzyme clé dans le mécanisme de respiration des cellules. En agissant comme tel, ces fongicides peuvent entraîner la mort des cellules en causant de graves encéphalopathies ou amener une prolifération incontrôlée des cellules, ce qui est à l’origine des cancers. Ce collectif de scientifique réclame la suspension de l’utilisation du SDHI tant qu’une estimation des dangers ou des risques n’aura pas été réalisée par des organismes indépendants des industries.

    Monsieur le Ministre peut-il décrire l’état des lieux de l’utilisation de ce fongicide en Région wallonne ?

    Existe-t-il des chiffres quant à son utilisation ?

    A-t-il eu connaissance des dangers que pouvait représenter le fongicide SDHI ?

    Comment compte-t-il traiter cette information en lien avec l’agriculture ?

    Que pense-t-il de la position des scientifiques signataires de la tribune ?

    Des organismes indépendants travaillent-ils en Belgique sur le sujet ?

    Un groupe de travail pourrait-il potentiellement travailler sur la question prochainement ?

    Serait-il envisageable, comme le demande ce collectif de scientifique, de suspendre l’utilisation du SDHI dans les cultures wallonnes en attendant d’avoir l’estimation des dangers ?
  • Réponse du 22/05/2018
    • de COLLIN René
    La famille des fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI) existe depuis les années 60-70, et s’est enrichie récemment de nouveaux représentants. Ces fongicides à large spectre permettent de lutter contre un grand nombre de champignons. Le boscalide (pyridine) est le premier représentant de cette nouvelle génération de SDHI. Il est actif contre de nombreux ascomycètes responsables des maladies des céréales. Le second groupe est essentiellement représenté par la nouvelle génération de molécules SDHI en cours de développement (bixafen, isopyrazam, fluxapyroxad, penflufen, penthiopyrad, sedaxane ...).

    Tous les produits phytopharmaceutiques (PPP) agréés en Belgique sous la compétence du Gouvernement fédéral ont fait l’objet d’une évaluation scientifique par le Comité belge d’agréation des PPP, indépendant de l’industrie. Cette évaluation porte sur l’efficacité des produits, leur sélectivité, leur modalité d’application, leurs propriétés toxicologiques et écotoxicologiques, leurs caractéristiques physico-chimiques, les résidus dans les denrées alimentaires, leur comportement dans l’environnement, les risques pour la santé publique et l’environnement.

    Les autorisations belges des produits formulés en vue de leur mise sur le marché sont basées sur l’autorisation européenne des substances actives, elle-même basée sur les évaluations de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA).

    L’article mentionné par l'honorable membre ne produit pas les études qui le justifient. Il est donc difficile pour d’autres scientifiques d’en apprécier la valeur. Par ailleurs, les risques potentiels annoncés relèvent de la santé humaine, une matière qui ne relève pas de mes compétences. Ce que je puis néanmoins dire, c’est que plusieurs fongicides agissant par inhibition de la succinate déshydrogénase (SDHI) sont agréés en Belgique et largement utilisés en Wallonie. Ils occupent actuellement une place très importante dans les schémas de lutte contre les maladies des plantes, notamment en céréales.

    Les chiffres de vente/utilisation en Belgique de ces produits peuvent être obtenus au Service public fédéral (SPF) Santé publique.

    Les scientifiques du Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) n’ont pas connaissance de problèmes toxicologiques. Néanmoins, ils restent très attentifs à toute information en cette matière, car ils sont, ainsi que leur personnel, parmi les plus exposés à ces produits.