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Les émissions d'ammoniac provenant des élevages wallons

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1131 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 08/05/2018
    • de MORREALE Christie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Il ressort du registre E-PRTR (European Pollutant Release and Transfer Register) tenu par l'Agence européenne pour l'environnement qu’en 2015, 64 élevages porcins et de volailles belges ont émis chacun plus de 10 tonnes d'ammoniac découlant de l'utilisation d'engrais chimique et les déjections animales, soit 1 311,8 tonnes d'ammoniac au total. Parmi ces 64 exploitations agricoles, 20 sont situées en Flandre et 44 en Wallonie. Les élevages wallons sont responsables de 79 % des émissions rapportées. L'élevage wallon le plus polluant a émis 105 tonnes d'ammoniac, soit plus de 10 fois le seuil de reporting du registre.

    Comment Monsieur le Ministre explique-t-il ces taux particulièrement élevés ?

    Consultables en ligne, ces données sont toutefois anonymisées. Un manque de transparence semble entrer en contradiction avec les exigences que l'Europe s'est fixées en matière d'accès à l'information et de protection de l'environnement et de la santé.

    Pourquoi ces informations ne sont-elles pas accessibles ?

    Lorsque l’on sait que l'ammoniac est un polluant de l'air, dont la principale source est l'agriculture (en 2014, celle-ci représentait près de 90 % des émissions d'ammoniac en Wallonie, selon l'Agence wallonne de l'air et du climat) et son impact sanitaire, il semble nécessaire de s’interroger sur les causes de cette surproduction dans nos élevages wallons.

    Quelles sont les mesures prises pour la Wallonie pour limiter cette production d’ammoniac ?

    Comment protéger les travailleurs et riverains qui sont soumis à cette pollution permanente ?
  • Réponse du 31/05/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    D’emblée, il faut rappeler que l’ammoniac (NH3) est un gaz relativement abondant dans la nature. Sa présence est néanmoins éphémère, car il se combine facilement avec d’autres substances dans l’atmosphère. Il est en cela précurseur de particules secondaires.

    Les chiffres publiés sur le site du registre européen E-PRTR peuvent effectivement surprendre. Un complément d’information a été demandé auprès de la Région flamande pour vérifier ces chiffres. Des différences de méthodologie de comptabilisation des émissions expliquent une partie de ces écarts.

    Cependant, il faut attirer l’attention sur le fait que les émissions rapportées dans le cadre d’E-PRTR ne concernent que les grosses exploitations. Si ces rapports sont très utiles dans le cadre de la surveillance de pics d’émissions localisés, il faut toutefois les relativiser par rapport à la situation globale des émissions diffuses des polluants.

    Si l’on s’intéresse à l’ensemble des émissions d’ammoniac du secteur agricole wallon, nous nous retrouvons avec un tout autre ordre de grandeur : en 2015, le secteur agricole a émis près de 29 000 tonnes de NH3 en Wallonie, ce qui représente environ 40 % des émissions belges, les 60 % restant étant émis en Flandre. Ceci reprend les émissions liées aux différents postes agricoles, à savoir, les émissions dans les bâtiments d’élevage, les émissions au stockage des effluents, à l’épandage, au pâturage et enfin à l’application de fertilisants minéraux.

    Si l’on regarde la cartographie de ces émissions totales, la contribution plus marquée de l’agriculture flamande par rapport à la Wallonie apparaît très clairement.

    Ceci étant, il est essentiel de réduire les émissions d’ammoniac. En Wallonie, le Plan de gestion durable de l’azote (PGDA) veille à limiter les quantités d’azote apportées et à privilégier des techniques adéquates d’épandage et d’incorporation, ce qui a déjà réduit les émissions par rapport à 1990. À cet égard, les agriculteurs sont tenus de respecter une série de dispositions contraignantes. Ainsi, si les doses préconisées et l’époque d’utilisation recommandée pour l’épandage des effluents d’élevage et des engrais ne sont pas respectées, les agriculteurs peuvent être financièrement pénalisés par une réduction des aides octroyées dans le cadre de la Politique agricole commune.

    Par ailleurs, les avis rendus dans le cadre des permis d’environnement peuvent recommander le placement de systèmes de laveurs d’air dans les plus gros bâtiments d’élevage.

    Pour les épandages de lisier en prairie, le Centre wallon de recherche agronomique et l’ASBL AGRAOST ont de nombreuses données montrant que la volatilisation ammoniacale peut être très importante si les conditions climatiques sont sèches et venteuses. Ils conseillent donc l’utilisation de systèmes d’épandage susceptibles de limiter les pertes, mais aussi une bonne pratique qui consiste à diluer l'effluent et à l'appliquer avant une pluie. Beaucoup de producteurs herbagers utilisent l'injection directe dans le sol de culture ou le gazon des prairies, ce qui limite très fortement les pertes. Pour soutenir ces pratiques, la Wallonie octroie des aides à l’investissement.

    En outre, dans les compétences du ministre de l’Agriculture, la Wallonie a soutenu plusieurs projets de recherche relatifs à l’émission de gaz à effet de serre et, concomitamment, l’émission d’ammoniac.

    L’amélioration de la qualité de l’air ne peut donc être atteinte que par une politique coordonnée et l’agriculture en est un acteur important. Des mesures ont été mises en œuvre dans le cadre du Plan Air-Climat-Energie. Une réflexion est actuellement en cours par rapport à de nouvelles mesures de réduction des émissions d’ammoniac.