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La prévention du diabète

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 354 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 09/05/2018
    • de LECOMTE Carine
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Quand on parle de diabète, on en distingue généralement deux : le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Mais des chercheurs de l'Université de Lund, en Suède, remettent en cause cette dichotomie. Dans une étude publiée dans « The Lancet Diabetes and Endocrinology », ils expliquent avoir étudié les dossiers de plus de 10 000 patients diabétiques de Suède et de Finlande et être parvenus à la conclusion qu'il existe non pas 2 types de diabète, mais 5.

    Jusqu'à présent, on divise le diabète en deux groupes. Le diabète dit « de type 1 » est dû à une absence de sécrétion d'insuline par le pancréas. Il touche environ 10 % des diabétiques et atteint surtout les personnes jeunes. Le diabète dit « de type 2 » est dû à une mauvaise utilisation de l'insuline par les cellules de l'organisme. Il est beaucoup plus fréquent et représente 90 % des diabètes. Le type 2 survient généralement chez les adultes avançant en âge, et touche davantage les personnes obèses ou ayant un surplus de poids. Mais pour les chercheurs suédois, le diabète de type 2 englobe en fait quatre catégories : deux formes sévères de la maladie et deux formes plus bénignes.

    Ces derniers expliquent que cette nouvelle classification en cinq types permet de mettre en évidence une progression différente de la pathologie et un risque de complications diabétiques différencié.

    C'est un premier pas vers des traitements personnalisés du diabète. « La classification actuelle ne suffisant pas à prédire les complications qui peuvent survenir », explique l'un des auteurs de l'étude, le Professeur Leif Groop. Pour la Fédération française des diabétiques, ce classement plus fin de la pathologie pourrait permettre aux médecins d’assurer une meilleure prise en charge.

    En Région wallonne, lors de l'enquête de santé de 2013, 6,7 % des Wallons et 4,8 % des Wallonnes ont déclaré souffrir de diabète (au cours des 12 mois précédant l’enquête). Que ce soit en Belgique et presque partout dans le monde, le diabète est un problème majeur de santé publique qualifié « d’épidémie » par l’OMS.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette étude suédoise ?

    Cette nouvelle classification - et les progrès dans le traitement de cette pathologie qu’elle induit- va-t-elle être prise en compte dans la politique de prévention du diabète menée par la Région wallonne ?

    Des actions spécifiques de sensibilisation auprès des médecins généralistes pourraient-elles être envisagées ?

    En réponse à une interpellation sur le diabète, elle indiquait, en octobre 2017, qu'un dépistage du tout-venant lors de manifestations publiques axées sur la santé est un des moyens de sensibilisation à cette maladie dans le grand public.

    À l'heure d'aujourd'hui, ce dépistage du tout-venant lors de manifestations publiques est-il une réalité dans notre région ?
    Si oui, à quelle fréquence et à quelles occasions ces dépistages sont-ils organisés ?
  • Réponse du 04/06/2018
    • de GREOLI Alda
    J’ai pris connaissance de cette étude suédoise très intéressante. Celle-ci a identifié cinq groupes reproductibles de patients diabétiques, qui présenteraient des caractéristiques de patients et de risques de complications diabétiques particulières. Les individus du groupe 3 (principalement résistants à l'insuline) avaient par exemple un risque significativement plus élevé de maladie rénale diabétique par rapport aux individus des groupes 4 et 5 ; tandis que le groupe 2 (déficient en insuline) présentait le plus haut risque de rétinopathie parmi les cinq groupes.

    Cette nouvelle classification permettra sans doute des traitements plus personnalisés du diabète selon les différentes caractéristiques, mais n’aura pas ou peu d’impacts sur la prévention. Une prévention efficace sous-entend généralement la nécessité d’agir sur les modes de vie, particulièrement en matière d’alimentation et d’activité physique. Ces mêmes modes de vie sont pointés à propos de la prévention des cancers ou des maladies cardio-vasculaires. C’est pourquoi faire un plan spécifique « diabète » a peu de sens. Sur le long terme, il est préférable d’agir sur les attitudes saines en général, la pratique du sport et l’alimentation saine en particulier et ainsi s’attaquer de manière durable à des déterminants qui auront un impact sur l’état de santé global et préviendront de nombreuses maladies : diabète, hypertension, obésité, maladies cardiovasculaires, cancer.

    Le dépistage du diabète doit se faire de manière ciblée et opportuniste chez les personnes qui présentent des symptômes d’appel et chez les personnes appartenant aux catégories à risques (personnes de 65 ans et plus, antécédents familiaux de diabète, personnes en surpoids, personnes souffrant d’hypertension artérielle, personnes qui ont déjà eu des troubles de la glycémie, femmes qui ont eu du diabète durant la grossesse). Le médecin généraliste est idéalement placé pour repérer les « cas à risque » lors de sa consultation.

    Il peut ainsi aborder la prévention en général avec ses patients (pas uniquement du diabète) et donc les attitudes saines à maintenir ou à développer.

    Le traitement d’un patient diabétique est initié dans la majorité des cas par les endocrinologues (médecins spécialistes) et leur suivi est réalisé par les médecins généralistes.

    Il existe en Wallonie 12 réseaux locaux multidisciplinaires (RLM) qui couvrent presque l’entièreté du territoire. Les cercles de médecine générale forment le point d’ancrage du financement des projets pilotes. Dans la zone d'action du projet pilote, doit figurer au moins un hôpital disposant d’une offre suffisante en matière de soins spécifiques aux trajets de soins. Le RLM doit aussi travailler en collaboration avec le SISD correspondant à sa région. Le trajet de soins apporte plusieurs avantages : les consultations chez le généraliste et le spécialiste liées à la maladie (diabète et insuffisance rénale) sont entièrement remboursées par la mutualité pendant la durée du trajet de soins et, selon la maladie, accès à du matériel spécifique, des consultations de diététicien, de podologue, d’éducateur au diabète, ...

    Le médecin généraliste est au cœur de la promotion des attitudes saines, de la prévention, du traitement et du suivi du diabète. Il participe activement à un travail multidisciplinaire. Je ne perçois pas clairement la nécessité d’une sensibilisation spécifique auprès de ce public à la suite de cette étude.

    Des dépistages du tout-venant, lors de manifestations publiques axées sur la santé, sont déjà organisés à l’initiative de certaines communes telles que Châtelet et Trivières. On peut considérer cela comme un des moyens de sensibilisation à cette maladie dans le grand public.