/

La présence de perturbateurs endocriniens dans l'eau

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1140 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/05/2018
    • de MORREALE Christie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Dans le cadre de son rapport relatif à la prévention et à l’élimination des perturbateurs endocriniens, le Sénat formule une série de recommandations relative à l’élimination des perturbateurs endocriniens dans l’eau.

    On retrouve des substances chimiques ayant une influence sur le système endocrinien humain partout, y compris dans les eaux usées et les eaux de surface. Dès lors, le Sénat recommande : « d’entreprendre des actions en vue d’inventorier les perturbateurs endocriniens présents dans l’eau potable ainsi que dans les eaux souterraines et de surface et de prendre, sur cette base, des mesures ciblées afin de limiter drastiquement l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le rejet de ceux-ci dans l’environnement. Pour cela, l’on peut penser à :
    - la collecte et le traitement séparés de certains flux de déchets dans les hôpitaux ;
    des mesures visant à réduire au maximum toute présence de perturbateurs endocriniens dans l’eau potable, quelle qu’en soit l’origine. Peu importe que les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans l’eau à cause de l’utilisation de résine époxy à base de bisphénol A dans les conduites d’eau potable et châteaux d’eau ou à cause de résidus de médicaments. Différentes mesures préventives et de remédiation sont nécessaires. À des endroits spécifiques, celles-ci pourraient consister à prévoir des étapes de purification plus efficace permettant de filtrer davantage de substances chimiques présentes dans l’eau potable ;
    - pour l’eau potable, l’élaboration d’une méthode basée sur les risques de façon à permettre une approche ciblée pour les « nouvelles substances » (médicaments, pesticides et herbicides) ;
    - des mesures visant à ramener à un minimum l’activité oestrogénique de l’eau purifiée provenant des stations d’épuration des eaux usées (effluents STEP) ;
    - des mesures afin de réduire au maximum les résidus de médicaments provenant des hôpitaux et des exploitations d’élevage industriel. »

    Actuellement quelles sont les mesures prises concernant ce problème de contamination aux perturbateurs endocriniens ?

    On sait que plusieurs de ces substances ne sont actuellement pas recherchées lors des contrôles routiniers. Dès lors, Monsieur le Ministre envisage-t-il d’étendre liste des produits à contrôler aux perturbateurs endocriniens les plus connus ?

    Plus spécifiquement, existe-t-il un traitement différent des flux en provenance des hôpitaux ?

    Ces eaux sont-elles considérées comme plus contaminées et éventuellement plus dangereuses ?

    Les conduites d’eau potable sont-elles composées d’époxy ?

    Ce matériau est-il présent dans les nouvelles conduites alors qu’il est interdit, notamment en Suède ?

    Une approche, basée sur les risques, afin de mieux cibler les médicaments, les pesticides et les herbicides existe-t-elle ?

    Qu’en est-il des taux d’œstrogène dans nos eaux ?

    Quel danger sanitaire cela représente-t-il ?

    Ces taux font-ils l’objet d’une attention particulière ?
  • Réponse du 01/06/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    Les résultats des études de reconnaissance IMHOTEP et BIODIEN montrent que les ressources en eau potabilisable sont remarquablement préservées des substances suspectées en tant que perturbateurs endocriniens. Certaines de ces substances se retrouvent cependant dans les eaux usées, en sortie de stations d’épuration et dans de nombreux cours d’eau. Tel est le cas notamment pour la plupart des anti-douleurs. Il est à noter que certaines de ces substances sont néanmoins bien abattues grâce au processus épuratoire biologique des stations d’épuration. C’est le cas notamment des œstrogènes et, plus globalement, par la majorité des perturbateurs hormonaux et endocriniens issus des hôpitaux.

    Les eaux usées issues des hôpitaux sont considérées comme eaux usées industrielles et font l’objet d’un permis d’environnement. Les investigations réalisées lors des projets IMHOTEP et BIODIEN autour de trois centres hospitaliers montrent qu’elles sont effectivement très chargées en perturbateurs hormonaux et endocriniens. Toutefois, les stations d’épuration publiques reliées à ces hôpitaux assurent un abattement très important de ces substances.

    Par conséquent, les effets des perturbateurs endocriniens (perturbation de la reproduction et du développement) apparaissent comme plus à craindre pour les organismes aquatiques que pour la santé humaine via l’eau potable, ce qui explique la prise en compte à ce stade dans le droit européen de certains d’entre eux comme substances prioritaires pour la qualité des eaux de surface.

    La Commission européenne est en train d’établir une stratégie à adopter dans les prochaines années pour les substances pharmaceutiques dans l’environnement. Nous sommes donc dans une phase de réflexion préalable à la définition d’éventuelles mesures à prendre.

    En ce qui concerne les infrastructures d’alimentation en eau potable, il est vrai qu’anciennement, certaines conduites de gros diamètre ont été posées avec un revêtement intérieur en résine époxy et quelques dizaines de raccordements en plomb, particulièrement compliqués à remplacer, ont été gainés intérieurement de la sorte. Ces techniques ne sont plus d’application au niveau d’Aquawal depuis une dizaine d’années. Certains réservoirs furent également revêtus en résine époxy à deux composantes à base de peintures agréées pour lesquelles la migration du bisphénol a été vérifiée (procédure Hydrocheck appliquée par le secteur belge de l’eau).

    Au niveau réglementaire, une nouvelle approche basée sur les risques, permettant de mieux cibler les polluants émergents, est en effet en vigueur depuis peu (arrêté du Gouvernement wallon du 30 novembre 2017 relatif au contrôle de la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine et Arrêté ministériel précisant diverses modalités relatives au Plan de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau). Cette nouvelle approche permet en effet au cas par cas d’étendre certaines analyses à toute substance pertinente dont la présence est possible.