/

L'usage de la chicha par les jeunes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 370 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 14/05/2018
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Plusieurs études réalisées sur la santé des jeunes en Belgique, mais aussi dans d’autres pays et en particulier aux Etats-Unis mettent en lumière leur attrait grandissant pour l’usage de la chicha qu’ils croient à tort moins nocive que la cigarette ou le cannabis.

    D’après la Fondation contre le cancer, une séance de chicha qui dure entre 20 et 60 minutes équivaut à fumer deux paquets de cigarettes. Des chercheurs ont établi que la quantité de nicotine absorbée était 1,7 fois plus élevée lors d’une séance de chicha que lorsque l’on fumait une cigarette, la quantité de monoxyde de carbone était 6,5 fois supérieure et celle de goudron 46,4 fois supérieure. D’autres substances toxiques sont également émises.

    Il existe également des versions électroniques de la chicha, les e-chicha ou chicha-stylos. Comme elles ne relèvent pas des produits issus du tabac et sont classées dans la même catégorie que les e-cigarettes, elles sont donc en vente libre.

    Madame la Ministre avait-elle déjà pris connaissance de ces informations ?

    Des actions d’information et de prévention sont-elles en cours ?

    Dans l’affirmative, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 04/06/2018
    • de GREOLI Alda
    Je ne peux me prononcer sur les recherches que l’honorable membre mentionne, car elle ne donne pas de références qui me permettent de les retrouver. Voici les informations actuellement en ma possession à ce sujet :

    D'après les enquêtes menées par l’Institut de santé publique en 2013 et par la Fondation contre le cancer en 2015, l’usage de la chicha concernerait moins de 1 % des fumeurs en Belgique.

    Dans un article paru dans la revue Stop Tabac en 2010, K. Chaouachi constate que les risques potentiels liés à l’utilisation de la chicha ne sont pas encore évalués. Ils semblent en tout cas liés au CO et à l’inhalation de volutes de fumée, fumées qui sont chimiquement différentes de celles de la cigarette. Les goudrons produits à des températures relativement basses sont probablement moins dangereux que ceux de la cigarette. Ce chercheur affirme également que le taux de CO produit par la chicha évolue de manière inverse de la taille de l’appareil. Il dépend également de la variété de tabac et du type de charbon utilisé. Le taux de CO pourrait être équivalent à celui d’une cigarette. Une étude menée par H. ben Saad publié dans la revue Nature en 2016 signale que la plupart des connaissances sur les effets de la fumée du narguilé sur la santé restent partielles et parfois contradictoires. Il déplore ce manque d’informations sur la réelle toxicité de la fumée du narguilé.

    En matière de prévention dans notre pays, une campagne de sensibilisation a été menée à partir de 2009, afin d’aborder l’usage de la chicha et du tabac à rouler. Cette action initiée par la Coalition nationale contre le tabac couvrait les trois Communautés linguistiques de notre pays. Le but n’était pas de stigmatiser les consommateurs, mais bien de fournir une information « neutre » à propos des nouveaux usages et des informations trompeuses.

    Depuis 2010, le FARES, Fonds des affections respiratoires, développe des modules de formation et a édité un cahier intitulé « La Chicha… Comment en parler avec les jeunes ? » à destination des professionnels de la santé, de l’éducation et du secteur social, afin de leur permettre de mieux connaître les usages et les représentations associés à la chicha, ainsi que de faciliter l’abord de ce thème avec les jeunes consommateurs. Cet outil est encore actuellement largement diffusé, notamment auprès des mutualités, des maisons de jeunes, des services d'aide en milieu ouvert, des centres psychomédicosociaux des écoles et des internats. Il est également proposé en ligne sur le site du FARES. De même, un dépliant destiné au grand public (jeunes, parents ou adultes) intitulé « La chicha, mieux s’informer… » a été élaboré. Il reprend plusieurs aspects importants du cahier.

    Le cahier produit en 2010 et réactualisé en 2013, de même que le dépliant, font toujours l’objet de réimpressions régulières afin d’assurer la pérennité de la mobilisation et de la sensibilisation des professionnels et des jeunes à l’égard de la problématique de la chicha.

    Je signale enfin que depuis juillet 2014, le programme de « prévention du Tabagisme dans le cadre de la Promotion de la santé », issu d’un transfert de compétences à la Wallonie et coordonné par le FARES, contribue à outiller les professionnels relais qui travaillent avec les jeunes pour qu’ils puissent intégrer des projets de prévention dont un soutien à la mise en place d’espaces de dialogues avec les jeunes mettant l’accent sur les facteurs personnels et contextuels d’une consommation.

    Les acteurs en matière de prévention et de prise en charge du tabagisme sont très actifs et veillent à adapter leurs actions aux évolutions du terrain. Elle le sait certainement, ces acteurs coordonnent leurs actions dans le cadre d'un Plan wallon sans tabac, qui est suivi par l'AViQ, sous la supervision de mon cabinet. Il s'agit d'un bel exemple de collaboration pour soutenir des actions coordonnées de lutte contre le tabagisme.