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La baisse de fertilité des sols wallons

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1163 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 14/05/2018
    • de MORREALE Christie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    En Commission de l’environnement du 23 avril 2018, Monsieur le Ministre a tenu des propos surprenants. Il assurait : « Il n’y pas de lien entre la présence de pesticides, il y a plein de problèmes d’avoir des pesticides dans le sol, mais en rien cela n'affecte la fertilité d’un sol, sa capacité à produire des aliments ». Enfin, il nuançait légèrement, assurant que : « Le lien entre la fertilité des sols et l'usage de produits phytos est vraiment marginal ».

    Peut-il préciser ses propos ?

    Selon lui, quels sont les éléments qui permettent d’expliquer une perte de fertilité du sol ?

    Dans le dernier rapport sur l’état de l’environnement, il est précisé que les sols sous cultures échantillonnés sur la période 2004-2014, présentaient une teneur moyenne de carbone organique des sols (COS) de 1,3 %, sachant que le seuil critique est de 1,15 %, valeur sous laquelle les agrégats deviennent instables.

    Comment analyse-t-il ce seuil en comparaison aux sols des territoires voisins ?

    De plus, par rapport à la période 1949-1972, les sols ont subi une diminution de 20 % de leur teneur en COS.

    Comment explique-t-il cette diminution fulgurante de la teneur de carbone organique des sols ?

    De plus, le rapport sur l’état de l’environnement estime que 22 % de la superficie wallonne cultivée est en carence, ce qui pourrait entrainer des dégradations de la structure des sols. Cette superficie aurait triplé depuis la période 1949-1972.

    Comment explique-t-il une telle carence de nos sols ?

    Il semble important d’avoir une réaction rapide face à ce phénomène de carences de nos sols sans quoi le phénomène d’érosion va s’accentuer, avec les conséquences que nous connaissons. Dès lors, quelles sont les solutions à encourager, à créer ?
  • Réponse du 06/06/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    La fertilité des sols peut être définie comme l'aptitude des sols à apporter les éléments essentiels à la croissance des végétaux par l’action des organismes vivants (animaux, insectes, champignons, parasites) ayant des interrelations complexes et qui se nourrissent de débris végétaux ou animaux. L’ensemble de ces organismes contribuent à la dégradation de la matière organique qui entraîne la libération des éléments nutritifs nécessaires à la plante.

    Cette fertilité découle d’une combinaison de nombreux facteurs naturels comme la texture et la structure, la teneur en éléments nutritifs et en matière organique et le pH, ou anthropiques comme les pratiques culturales et les intrants dont les pesticides.

    Le lien entre la présence de pesticides dans le sol et la fertilité du sol fait l’objet de recherches scientifiques dont certaines ont démontré des effets significatifs de l'utilisation de pesticides sur les microorganismes du sol. Cependant, la démonstration que ces effets mènent à une diminution significative et sur le long terme des fonctions du sol est toujours absente. Ce manque de cause à effet des pesticides sur les fonctions du sol assurées par les organismes est une limitation importante de la connaissance actuelle, tel que relevé dans l'analyse du Panel Technique Intergouvernemental sur les Sols en 2017 dans la publication de la FAO « Évaluation globale de l'impact des produits phytopharmaceutiques sur les fonctions des sols et les écosystèmes sols » (http://www.fao.org/3/i8168en/I8168EN.pdf).

    La réduction drastique de l’usage des pesticides est néanmoins une priorité wallonne. La thématique a d’ailleurs été retenue comme prioritaire par le Ministre de l’Agriculture pour les appels à projets de recherches agronomiques.

    Concernant la teneur en carbone organique des sols (COS) en Wallonie, la comparaison avec celles des territoires voisins n'est pas chose aisée, car les systèmes de surveillance de ce paramètre ne sont pas harmonisés. Le centre de recherche de la Commission européenne a essayé d'établir une cartographie pour l'ensemble de l'Europe en mettant en évidence cette problématique de perte en matière organique des sols dans la plupart des pays européens, mais des différences sont observées entre ces teneurs prédites à l'échelle européenne et celles cartographiées à une échelle plus fine notamment par le projet CARBIOSOL en Wallonie.

    La diminution des teneurs en carbone des sols est liée aux pratiques culturales déséquilibrant le bilan carbone des sols, et ce spécialement en région de grandes cultures. Il faut cependant noter que les mesures agronomiques telles que le couvert des sols entre les cultures (CIPAN, intercultures, …), le labour réduit ou un apport accru de résidus organiques ou de matières organiques exogènes (composts, digestats…) permettent de maintenir et d'améliorer les teneurs en carbone des sols agricoles.

    Pour l’évaluation de l’état des sols en Wallonie et donc pour pouvoir conseiller et agir là où cela est nécessaire des indicateurs de la qualité biologique et du carbone organique du sol sont en cours de développement via le projet CARBIOSOL.

    Par ailleurs, diverses actions de terrain sont soutenues par la Wallonie dont celles de l’ASBL Greenotec qui œuvre pour le développement et la vulgarisation d’itinéraires techniques favorisant la Conservation des Sols.

    Pour ce qui concerne d’éventuelles mesures de lutte contre l'érosion des sols soumis à l'activité agricole tel que prévu au Code wallon de l’agriculture, le Ministre de l’Agriculture est plus à même de répondre.