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L'opération d'abattage massif des arbres le long des autoroutes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1200 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 18/05/2018
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Les autorités wallonnes ont fait procéder, depuis l'année dernière, à un abattage massif d'arbres présents le long des autoroutes. Cet abattage, d'une ampleur jamais connue en Wallonie, a déjà fait l'objet de plusieurs discussions au sein du Parlement, mais il continue de susciter de nombreuses questions et critiques, y compris de la part d'experts en environnement ou en horticulture.

    Combien d'hectares de bois et autres végétations ont été coupés ?

    Le SPW indique que cet abattage massif était important pour des raisons de sécurité routière, parce que les arbres qui sont trop près des voies représentent un danger. Dans ce cas, pourquoi avoir également abattu tous les arbres et toute autre végétation plus en hauteur ou éloignés de plusieurs mètres des voies ?

    Par ailleurs, la présence d'arbres en bordure d'innombrables nationales ne semble pas poser de souci à l'administration, alors que certains constituent un danger en termes de sécurité routière. Qu'en est-il de la cohérence dans cette politique ?

    Monsieur le Ministre peut-il me faire part de l'étude relative aux accidents dus à la présence d'arbres le long des autoroutes et sur laquelle repose cet abattage massif ?

    Pourquoi un abattage massif a-t-il été préféré à un abattage sélectif des arbres représentant un danger, des arbres mourants ou victimes de champignons ?

    Quel est le coût total pour la Région wallonne de cette opération d'abattage ? Quel était le coût estimé d'un abattage sélectif ?

    Quel est le bilan CO2 total de cette opération, considérant notamment les émissions des machines utilisées et la disparition de la végétation qui constituait un véritable poumon vert capteur de dioxyde de carbone ?

    Peut-il m'indiquer précisément comment le bois coupé a-t-il été revalorisé ? Pour quels secteurs ?

    Peut-il me faire part de la liste des entreprises chargées de la revalorisation de ce bois ?

    Enfin, ces bandes boisées aujourd'hui disparues représentaient des voies de communication pour des animaux, notamment des oiseaux, leur permettant de circuler d'une région à l'autre. La disparition de ces voies de communication a généré un déséquilibre brutal dans la dynamique des espèces et favoriserait la consanguinité.

    Cet impact a-t-il été étudié avant de procéder à l'abattage ?
  • Réponse du 13/06/2018 | Annexe [PDF]
    • de DI ANTONIO Carlo
    Le sujet du traitement de la végétation le long des routes et autoroutes a déjà été abordé à de multiples reprises. Mon prédécesseur et moi-même avons déjà donné beaucoup d’explications à ce sujet. Je tiens également à signaler que c'est une opération de rattrapage qui a débuté il y a au moins trois ans.

    Les interventions se font par zones et quand une zone est dégagée, cela change très fortement l'aspect visuel et la perception qu'ont les usagers de la route de l'environnement routier.

    Un retard important était malheureusement à déplorer, c’est pourquoi tout est mis en œuvre aujourd’hui, pour y remédier. Il y a davantage de moyens à disposition, des budgets ont été alloués pour mener ces opérations qui sont bien indispensables.
    Je rappelle que deux groupes de travail interdirections opérationnelles ont été mis en place afin de traiter :
    - d’une part, de la politique globale du cycle de vie des arbres d'alignement ;
    - d’autre part, de la politique globale du cycle de vie de plantations ligneuses en bermes et terre-pleins.

    Ils regroupent des représentants de la Direction générale des routes et des bâtiments (DGO1), la Direction générale des ressources naturelles et de l’environnement (DGO3) et la Direction générale de l’aménagement du territoire (DGO4). Une vision globale pour le Service public de Wallonie a ainsi été définie en la matière.

    Un protocole d’accord sur le mode de gestion et sur les opérations d’entretien de ces boisements a été signé par les trois directeurs généraux le 25 janvier dernier.

    Ce protocole d’accord est donc bien d’application aujourd’hui et met en place les meilleures pratiques possible avec comme ligne directrice la sécurité des usagers, et ce dans le cadre du respect du développement durable. Il tient en effet compte des enjeux sécuritaires, environnementaux et économiques. Il permet en outre de définir les limites d'actions, les méthodes de travail et les entretiens futurs.

    Au niveau environnemental, étant donné qu’il s’agit de recepage avec reprise de la végétation, il n’y a aucune perte au niveau de la biodiversité, bien au contraire. Les coupes doivent par ailleurs bien se passer hors des périodes de nidifications.

    Concernant l’ampleur des coupes, je précise - au préalable - que la surface du massif boisé situé le long des routes régionales wallonnes est estimée à près de 2 600 hectares.

    Si l’on observe la dernière période de coupe autorisée, à savoir d’octobre 2017 à mars 2018, ce sont près de 100 hectares qui ont été coupés.

    Actuellement, il reste environ 1 300 hectares de massif boisé à traiter, mais sans pour autant dire que des coupes d’arbres devront être réalisées sur l’ensemble de ces 1 300 hectares.

    Suite à la concertation avec des experts en plus de ceux des administrations, dans les zones écologiques, des traitements appropriés sont définis en étroite collaboration avec le « Département de l’étude du milieu naturel et agricole » de la DGO3. Ce Département est régulièrement en contact avec différents chercheurs ainsi que le Centre de recherche agronomique de Gembloux.

    Quant à l’étude relative aux accidents avec collision contre un arbre en voici quelques chiffres : tableaux en annexe.

    Sur le plan budgétaire, l'abattage sélectif coûte beaucoup plus cher vu qu'il nécessite de multiples interventions qui engendrent autant de fois une sécurisation de la route et rend difficile la valorisation par production de plaquettes forestière. La mise à blanc par recépage qui permet une régénération naturelle des talus est l'option la plus durable qui soit vu qu'elle tient compte à la fois des critères environnementaux, économiques et sociaux.

    Concernant la coupe du bois, celui-ci est valorisé soit directement dans la filière énergétique (cogénération bois/électricité) soit pour la production de pellets. Ce sont les entreprises qui obtiennent les marchés publics qui déterminent le type de valorisation. Celle-ci entraîne généralement un poste à valeur négative au niveau de la remise de prix.

    Pour finir, les bandes boisées existent toujours, si l’on parcourt les parties d'autoroutes traitées en 2015-2016, on s’aperçoit que la végétation a déjà fortement repris ces endroits et donc les voies vertes ou trames vertes sont maintenues.