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Le biocontrôle

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 488 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 23/05/2018
    • de DESQUESNES François
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    La réduction progressive de l’usage des pesticides et la mise en place d’itinéraires techniques alternatifs permettant de se passer de ces produits passent par la combinaison de plusieurs techniques.

    Le biocontrôle constitue l’une de ces alternatives, il consiste à défendre des cultures en recourant à des insectes auxiliaires qui détruisent les insectes néfastes aux cultures.

    Cette technique est utilisée notamment pour protéger les maïs contre la pyrale, en utilisant des trichogrammes. Si cette technique est déployée sur 20 % des surfaces de maïs traitées contre la pyrale en Allemagne, en France elle est en développement, mais l’objectif est d’atteindre les 15 % d’ici 2025.

    Paradoxalement, un des freins à l’utilisation du biocontrôle est la cohabitation avec l’agriculture biologique qui recourt au souffre.

    Le biocontrôle est-il utilisé en Wallonie ?
    Dans l’affirmative, pour quels types de cultures ?

    Quelles sont les superficies couvertes ?

    Dans le cadre du Plan triennal de recherches agronomiques, des projets de biocontrôle sont-ils étudiés ?

    Pour quels types de cultures ?
  • Réponse du 14/06/2018
    • de COLLIN René
    La gestion des ravageurs par voie biologique est une chose difficile. En effet, à la complexité du choix du bon moyen de lutte s’ajoute la complexité de la maîtrise, en efficacité, en temps et en quantité, du moyen de lutte en lui-même !

    Favoriser les ennemis naturels déjà naturellement présents est toujours indiqué. En revanche, introduire un auxiliaire exogène n’est pas sans risque : l’exemple de la coccinelle asiatique, Harmonia viridaxis, est là pour nous le rappeler. En effet, après avoir été introduite délibérément dans un but de biocontrôle en serres, cette coccinelle s’est échappée, et s’est mise à proliférer dans l’environnement. Pire encore : elle s’est rendue coupable de cannibalisme interspécifique à grande échelle au détriment de coccinelles indigènes…

    Quant aux lâchers d’organismes auxiliaires, tels que les lâchers de trichogrammes parasitant la pyrale du maïs, cette technique existe depuis trente ans et connait un succès mitigé dans les pays voisins concernés par la pyrale (la Wallonie ne l’est pas) en raison, principalement, de son coût.

    De plus, le biocontrôle exige de considérer chaque organisme nuisible spécifiquement, ce qui peut rapidement devenir compliqué lorsque plusieurs ravageurs infestent un champ.

    De manière générale, le biocontrôle est surtout efficace en cultures sous abris, où les lâchers d’ennemis naturels peuvent être ciblés sur des ravageurs spécifiques avec un rapport coût/efficacité qui reste intéressant.

    Au-delà de la simple introduction d’auxiliaires, ce qui mérite d’être développé est la lutte biologique dite par conservation qui s’attache à favoriser la présence et l’efficacité des ennemis naturels contre les ravageurs, grâce à la mise en œuvre de pratiques agronomiques et écologiques favorables.

    Le projet de recherche EcoOrchard, rassemblant 9 partenaires européens et dont fait partie le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), vient de démontrer que l’introduction de bandes fleuries en verger permet d’augmenter de l’ordre de 40 % les ennemis naturels dans les foyers de pucerons cendrés du pommier et du coup diminuer d’environ 25 % les dégâts sur les fruits dus au puceron cendré dans ces mêmes vergers.

    Le Plan triennal de Recherches développe plusieurs projets qui intègrent le biocontrôle compris comme un ensemble de pratiques visant à la sauvegarde et au développement de l’entomofaune auxiliaire indigène.