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L’impact du chlorprophame sur la biodiversité

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 493 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 23/05/2018
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Encore une funeste nouvelle pour nos abeilles. Ce mercredi 9 mai dernier, des apiculteurs de Merbes-le-Château faisaient état de pertes catastrophiques tant par leur ampleur que par le leur rapidité parmi leurs colonies. Ces apiculteurs sont déjà résignés, mais habitués aux pertes régulières dues à l’exposition aux pesticides et autres.

    Mais cette fois, ils se trouvent devant le triste constat de la disparition de 80 à 90 % de la population de leurs colonies. Après analyse des abeilles décédées, il s’avère qu’elles transportaient un produit connu sous le nom de chlorprophame, utilisé contre la germination des pommes de terre, dans un hangar tout près.

    Près de deux semaines après ces faits, quelles conclusions sont parvenues à Monsieur le Ministre des enquêtes de l’AFSCA et de la Police de l’environnement ?

    Ont-ils pu mettre en relation ce produit avec la mort de ces colonies ?

    Peut-il nous donner des chiffres quant aux volumes d’utilisation de cette molécule dans l’agriculture wallonne ?

    Des mesures de précaution sont elles envisageables, comme une distance minimum entre les hangars à pomme de terre et les zones apicoles?

    Compte-t-il promouvoir des recherches scientifiques afin de pouvoir mesurer l’impact de cette molécule sur la biodiversité ?
  • Réponse du 29/05/2018
    • de COLLIN René
    L’apiculteur responsable du rucher, observant une mortalité massive et aigüe des abeilles, a envoyé un échantillon d’abeilles mortes à un laboratoire. Une exposition au chlorprophame a été rapportée. Il a contacté l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), qui mène son enquête. Quant à la Police de l’Environnement, elle a pris contact avec la société voisine suspectée d’être la source de la contamination, cette entreprise a fait effectuer en sous-traitance, au début du printemps, un traitement antigerminatif par fumigation au chlorprophame sur ses pommes de terre (4 hectares de hangar, soit 21.000 To). Une visite de contrôle de l’établissement est programmée.

    Enfin, la Direction de la Qualité de la DGO3, contactée par la commune de Merbes-le-Château, a demandé l’intervention d’une experte vétérinaire. L’experte signale que la toxicité aigüe du chlorprophame pour l’abeille est « modérée ». La mortalité des abeilles de Merbes-le-Château dépend de la dose à laquelle les insectes ont été exposés.

    Ensuite, il se peut très bien que, outre l’exposition à cet antigerminatif, les abeilles aient pu être exposées à un autre produit de traitement agricole, comme un insecticide, très fugace, qui n’aurait pas été détecté à l’analyse.

    Selon les statistiques fédérales, 63.000 kg de chlorprophame ont été vendus comme antigerminatif et 6.500 kg comme herbicide en 2015 en Belgique.

    En matière de précaution, rien n’est prévu légalement vis-à-vis des abeilles, la molécule étant classée parmi les « herbicides » (contrairement aux insecticides pour lesquels des précautions d’utilisations sont indiquées).

    Le produit étant très volatile et pouvant être utilisé en fumigation, on ne peut que recommander d’assurer l’étanchéité des bâtiments et préférer les traitements par des conditions météorologiques défavorables à la sortie des abeilles sur une période de quelques jours. J’ai lancé le 4 mai dernier un appel à projets recherche et développement et l’un des thèmes prioritaires est toujours : « Réduire la dépendance aux intrants de synthèse pour protéger l’environnement et la santé animale » ; les chercheurs sont de plus en plus sensibilisés à la question.