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L'exposition aux pesticides présents dans l'air

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1229 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/05/2018
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Selon l'étude Expopesten réalisée par l'Institut scientifique de service public (ISSeP), les Wallons sont assez exposés aux pesticides présents dans l'air, que ce soit dans les milieux urbains ou ruraux.

    Douze stations de mesures avaient été installées dans des zones de fréquentation et d'habitats censés être représentatives de la Wallonie (Waimes, Habay, Charleroi, Liège, Gembloux, Louvain-la-Neuve, Dour, Tinlot, Oupeye, Marche-en-Famenne, Mons et Profondeville).

    De ces mesures, il ressort notamment que c'est à Oupeye que l'exposition moyenne aux pesticides présents dans l'air est la plus importante sur une année. C'est là que le nombre de pesticides est aussi le plus élevé, à savoir 28. Le traitement par pesticides des nombreuses cultures fruitières non biologiques présentes dans cette zone semble être le principal facteur explicatif de cette observation.

    La station de mesures placée à Gembloux a, quant à elle, enregistré les plus importants pics de pollution, principalement au printemps et en été aux moments des pulvérisations. Après Gembloux vient Louvain-la-Neuve, qui serait touchée aussi par les cultures intensives de la Hesbaye.

    Les plus grandes villes ne sont pas épargnées. Les taux d'exposition enregistrés à Charleroi sont presqu'aussi importants qu'en Hesbaye.

    Cette étude confirme une fois de plus l'exposition généralisée de la population aux pesticides.

    Toutefois, que sait-on de l'impact sanitaire de cette exposition aux pesticides présents dans l'air, qui vient s'ajouter aux autres formes d'exposition, dont celles des pesticides présents dans l'alimentation ?

    Quelles sont les données dont dispose l'administration sur cet impact sanitaire ?

    Monsieur le Ministre prévoit-il de nouvelles mesures pour réduire significativement cette exposition ?

    Il a indiqué que l'usage de systèmes anti-dérive, qui plaquent les pesticides au sol au moment de la pulvérisation, sera rendu obligatoire, ou encore que les pulvérisations seront interdites, dès lors que la vitesse du vent dépasse 20km/h.

    Ces mesures feront-elles partie des modifications de l'arrêté du Gouvernement wallon du 11 juillet 2013 relatif à une application des pesticides compatible avec le développement durable ?

    Quelles sont les pistes envisagées pour limiter l'impact des pulvérisations dans les cultures fruitières ?

    Quels seront les moyens et les modalités de contrôle du respect de ces mesures ?

    En 2016, il indiquait que des zones tampons non traitées par pesticides, comprises entre 10 et 50 mètres autour de lieux et bâtiments fréquentés par des groupes vulnérables (écoles, crèches, aires de jeux, hôpitaux, maisons de repos, et cetera) seraient instaurées à partir du 1er juin 2018 via l'arrêté susmentionné.

    Cette modification, ainsi que la date d'entrée en vigueur, restent-elles d'actualité ?

    En effet, il a récemment indiqué que les modifications de cet arrêté envisagées jusqu'à présent n'étaient pas suffisantes pour garantir une protection optimale des populations exposées, en particulier par rapport aux pulvérisations agricoles.

    Peut-il donc faire le point sur la teneur précise des modifications qui doivent entrer en vigueur le 1er juin prochain ?
  • Réponse du 14/06/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    Le rapport final du projet Expopesten a été transmis dans son intégralité au Parlement wallon début mai, comme prévu. Il est donc consultable pour y trouver toutes les informations techniques et scientifiques souhaitées.

    C’est la première fois que ce type d’étude est réalisé en Wallonie. L’affirmation d’une étude «  confirmant une fois de plus l'exposition généralisée de la population aux pesticides » est donc fausse, du moins concernant la Wallonie. Il s’agit donc de données « au temps zéro » au départ desquelles va pouvoir notamment être suivi l’impact des décisions en matière de réduction des pesticides.

    De manière très synthétique, les pesticides ont été retrouvés partout en Wallonie, même à la station du Mont Rigi située au cœur du parc naturel des Hautes-Fagnes, éloignée de toute activité agricole. Les concentrations moyennes sur l’année sont les plus élevées dans les localités agricoles et varient au fil des saisons.

    Une évaluation des risques simplifiée a été réalisée au moyen des valeurs toxicologiques de référence disponibles, indiquant une absence de risque aux diverses concentrations mesurées. Les résultats sont a priori rassurants, mais ils doivent toutefois être considérés avec précaution. Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que même si les doses inhalées de pesticides sont faibles, elles s’ajoutent aux doses inhalées à l’intérieur des maisons, aux doses ingérées via l’eau et l’alimentation, absorbées par contact cutané et que les risques devraient être calculés pour la dose totale d’expositions.

    Un budget conséquent vient d’être dégagé lors du dernier conclave budgétaire pour organiser un biomonitoring à l’échelle wallonne.

    Les modifications de l’arrêté du Gouvernement wallon du 11 juillet 2013 relatif à une application des pesticides compatible avec le développement durable concernent l’usage obligatoire de buses antidérives, l’imposition d’une vitesse de vent maximale de 20 km/h lors des pulvérisations et le respect de bandes tampons de 50m, pendant les heures de fréquentation, autour des établissements abritant des publics dits sensibles. Le texte devrait être définitivement adopté avant la fin du mois de juin.

    L’étude PROPULPPP en cours durant cette année 2018 devrait permettre à son terme d’objectiver les mesures de réduction de l’exposition des citoyens aux dérives de pulvérisations. Ses résultats permettront le cas échéant une révision des mesures en vigueur.