à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Dès cette année, la période des battues aux sangliers sera prolongée de deux mois.
Chasser le sanglier à l’approche et à l’affût est autorisé toute l’année, mais la chasse en battue était à l’heure actuelle uniquement autorisée du 1er octobre au 31 décembre.
La population des sangliers a quadruplé en 30 ans et cette explosion démographique est responsable de nombreux problèmes sanitaires, environnementaux et cause aussi énormément de problèmes au niveau de l’agriculture.
Augmenter la période de chasse en continuant à autoriser le nourrissage est hypocrite et totalement incompréhensible !
Quand interdira-t-on de nourrir, voire d’engraisser les sangliers (ce qui contribue à leur prolifération) ?
Quel est l’impact de l’explosion des populations sur les écosystèmes forestiers et agricoles ?
Réponse du 21/06/2018
de COLLIN René
Depuis plusieurs années, les conditions alimentaires propices aux sangliers, indépendamment du nourrissage artificiel, sont très bonnes. Les fructifications forestières sont abondantes et régulières. Par ailleurs, la succession d’hivers doux et l’absence durable de couche neigeuse ou de gel permettent un accès à la nourriture naturelle, y compris pour les individus les plus jeunes et les plus fragiles.
Dans de telles conditions, l’effet proprement dit du nourrissage sur le niveau de la population n’est pas significatif. Le nourrissage peut malgré tout contribuer à sédentariser dans une certaine mesure les compagnies de sangliers sur certains territoires de chasse. D’une façon générale, c’est d’ailleurs le principe du nourrissage dissuasif qui cherche à retenir les sangliers au bois pour éviter autant que possible qu’ils aillent faire des dégâts en plaine. Le problème se pose lorsque certains territoires ne prélèvent pas suffisamment, volontairement ou involontairement, les sangliers qu’ils sont parvenus à fixer plus ou moins. C’est la raison pour laquelle j’ai estimé opportun en 2015 de revoir les conditions de nourrissage en les assouplissant en période de chasse plus spécialement. Les conditions de nourrissage restent malgré tout assez strictes. L’obligation de disperser la nourriture et de la distribuer manuellement doit ainsi éviter que l’on tombe dans un engraissement des populations de sangliers.
Je livre ci-après les dernières statistiques concernant l’évolution des dégâts de sangliers à l’agriculture, données rassemblées par l’ASBL Fourrages Mieux financée par la Région wallonne et issues des experts chargés d’évaluer l’importance de ces dégâts.
En 2017, les dégâts ont augmenté significativement par rapport à l’année précédente, sans pour autant atteindre - loin s’en faut - les niveaux enregistrés en 2012 ou en 2013. Ce sont surtout les prairies qui ont été touchées, un phénomène souvent observé quand de bonnes fructifications forestières ont lieu. Les sangliers consomment en effet préférentiellement celles-ci. Cette nourriture riche en carbohydrates induit cependant un déficit en protéines qui amène le sanglier à rechercher une nourriture carnée qu’il trouve notamment en prairies en vermillant.