à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Les populations de corvidés sont, en principe et sauf exception, protégées chez nous.
La famille des corvidés comprend 12 espèces nicheuses en Europe, dont sept en Belgique. Parmi les plus connus chez nous, citons notamment la pie, la corneille ou le choucas.
Les corvidés ont une influence non négligeable sur les populations d’autres animaux : vol d’œufs, destructions des couvées, des jeunes oiseaux, ainsi que des jeunes mammifères.
La corneille noire plus précisément s’attaque souvent aux nids, aux levrauts, perdreaux, canetons, faisandeaux.
Quant à la pie, elle exerce une prédation continue sur les œufs (en moyenne un nid sur quatre est pillé), les poussins, le petit gibier et les petits oiseaux.
Ces populations d’oiseaux sont protégées par la loi. Cette protection a eu pour conséquence dans certaines zones de la Wallonie une augmentation conséquente du nombre de ces individus.
Dans le Hainaut par exemple, des populations de choucas toujours plus importantes depuis quelques années (plusieurs dizaines) sont repérées sur certains territoires.
Le nombre de pies et de corneilles semble lui aussi en constante augmentation, engendrant des pertes pour les autres espèces.
Je précise qu’il ne s’agit évidemment pas de diaboliser les corvidés et d’appeler à leur anéantissement, mais de réfléchir sur leur nombre et sur les conséquences que leur augmentation entraine.
Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur la législation relative aux corvidés ?
Pense-t-il qu’il soit opportun de la revoir eu égard aux évolutions des populations d’oiseaux ?
Des demandes de dérogation à introduire existent certes déjà, mais est-ce suffisant ?
Réponse du 07/06/2018
de COLLIN René
La comparaison des résultats obtenus lors de la réalisation des deux atlas des oiseaux nicheurs indique effectivement une tendance à l’augmentation des populations de toutes les espèces de corvidés (pie, corneille noire, corbeaux freux, grand corbeau, geai des chênes, casse-noix moucheté et choucas des tours) entre les périodes 1973-1977 et 2001-2007, et ce, après avoir présenté des populations de densité faible vers la moitié du 20e siècle.
Ces augmentations d’effectifs s’expliquent vraisemblablement en partie par le statut de protection dont bénéficient ces espèces, mais aussi pour ce qui est de la pie, de la corneille, du corbeau freux et du choucas (soit les espèces dont les effectifs ont le plus augmenté), par leur remarquable capacité à s’adapter aux diverses activités humaines et à se contenter de milieux banalisés. Les fortes densités s’accompagnent en effet de nuisances tant en agriculture que sur la faune sauvage.
Lorsque ces oiseaux posent localement des problèmes entre autres aux cultures, des dérogations à la Loi sur la Conservation de la nature sont accordées notamment aux conseils cynégétiques ou directement aux agriculteurs pour effaroucher ou réguler les populations. Ainsi, en 2016 (données non encore disponibles pour 2017), des autorisations ont été accordées par le Département de la nature et des forêts pour la régulation de 49 401 corneilles (155 autorisations) et 21 396 pies (143 autorisations). Ces chiffres sont relativement stables depuis plusieurs années.
Concernant les corbeaux freux et le choucas des tours, le nombre de dérogations demandées et octroyées reste relativement faible (12 autorisations au total sur 2016 et 2017, principalement pour des nuisances dues aux corbeaux freux soit en agriculture, soit en milieu urbanisé et dans ce cas, concernant des colonies de nidification).
À l’exception de la pie bavarde et de la corneille noire, la modification du statut de protection des espèces de corvidés n’est pas possible en vertu de la directive européenne relative à la conservation des oiseaux sauvages.
La directive européenne permettrait d’intégrer la pie et la corneille comme espèce gibier dans la loi sur la chasse. Cependant, une telle réforme n’est pas à l’ordre du jour.