à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Fin du mois dernier, plusieurs communes wallonnes ont été touchées par des orages particulièrement violents qui ont vu tomber en quelques heures des trombes d’eau. Ces importantes précipitations ont provoqué des sérieux dégâts dans de nombreuses habitations.
Dans certains cas, les pratiques culturales des agriculteurs ont pu, une nouvelle fois, être remises en cause par des responsables locaux notamment le sens des sillons.
Pourtant comme un responsable de la cellule Giser du SPW a pu l’expliquer, le sens des sillons n’est généralement pas le facteur déterminant, mais bien la taille du champ. Celui-ci va être déterminant pour que l’eau acquière sa force érosive. Afin de lutter contre ces phénomènes, la cellule Giser propose des solutions en fédérant les acteurs locaux (agriculteurs, pouvoirs locaux et riverains).
Monsieur le Ministre envisage-t-il un renforcement des moyens liés à la prévention de ces phénomènes ?
Combien de communes ont participé au programme proposé par la cellule Giser sur ces cinq dernières années ? Quel est le retour des participants par rapport aux conseils délivrés ?
Conviendrait-il de renforcer l’information aux communes sur les services proposés par la SPW afin de prévenir ces problèmes ?
Un élément important afin de lutter contre les coulées de boue est le maintien du couvert végétal. Celui-ci favorise également la conservation de terres arables de qualités. Certaines pratiques, notamment la permaculture ou encore la culture sans labour, favorisent le maintien de ce couvert.
Peut-il m’indiquer quelles sont les actions menées afin de favoriser ces pratiques ? Quels sont les moyens disponibles ? Quels sont les acteurs aidés ?
Les intempéries ont-elles causé d’importantes pertes sur les cultures ? Peut-on déjà estimer le montant des dégâts ?
Réponse du 07/06/2018
de COLLIN René
Les évènements pluvieux et orageux de ce mois de mai ont en effet cette année encore fait les unes des journaux en raison des coulées boueuses qui en résultent.
Ces dernières se produisent préférentiellement en présence des facteurs suivants : une pluie intense, un sol pauvre en matière organique, une pente forte ou longue, une faible couverture du sol, une taille de parcelles importante. Les orages sont particulièrement problématiques dans le cas des cultures de printemps à large écartement tels que les pommes de terre, le maïs, … En effet, vu leur implantation récente, ces cultures sont encore peu couvrantes : l’effet érosif de la pluie sur le sol est donc maximal.
Localement, certaines pratiques peuvent également conduire à une augmentation du risque d’érosion, comme la suppression des petits éléments du paysage (haies, talus herbeux, fossés, et cetera) ou le non-respect des bords de champs ainsi que la conversion de prairies en terre de culture suite à la crise de l’élevage. Il existe certaines pratiques spécifiques qui permettent de retenir les eaux et de réduire leur force érosive de l’eau : la création de diguettes dans le creux des buttes en culture de pommes de terre et la création de rugosité dans les interrangs en maïs.
Les importantes quantités de terre transportées par les coulées boueuses proviennent de phénomènes localisés et sont dues à une érosion par ravinement. La perméabilité des sols peut également être réduite par leur compaction due à la lourdeur des engins de travail du sol ou de récolte, à du travail en conditions trop humides ou à l’apparition d’une croûte de battance à la surface du sol suite à un manque de couverture végétale ou à une mauvaise structure du sol.
Le Gouvernement wallon soutient depuis plus de 10 ans la recherche et l’encadrement dans le domaine de l’érosion des sols et des risques d’inondation par coulées boueuses. Une réflexion est en cours afin développer des outils d’aide à la décision, indispensables pour assurer l’opérationnalité de l’encadrement fourni par la Direction générale opérationnelle de l'agriculture, des ressources naturelles et de l'environnement (DGO3) et la cellule GISER (gestion intégrée sol-érosion-ruissellement) aux communes et aux agriculteurs.
En cinq ans, la cellule GISER a accompagné 120 communes et a étudié plus de 700 sites problématiques sur 26 000 hectares. D’après l’enquête de satisfaction réalisée en 2015, les conseils et l’encadrement fournis semblent satisfaire les « bénéficiaires ».
De plus, un vade-mecum rédigé par mon administration sera bientôt disponible afin d’orienter les communes au travers des différents services du Service public de Wallonie en charge de la gestion des inondations et des coulées boueuses. Par ailleurs, des séances de formation et d’information sont régulièrement organisées pour les communes, les conseillers en environnement ou les Comités techniques par sous-bassin hydrographique.
En termes de prévention, depuis l’entrée en vigueur du Code du développement territorial (CoDT) en juin 2017, mon administration (Département de la ruralité et des cours d’eau) remet un avis sur toute demande de permis d’urbanisme soumis à un risque d’inondation et peut recommander l’adaptation du projet pour réduire ce risque d’inondation.
La cellule GISER conseille également les agriculteurs sur les diverses pratiques culturales permettant de diminuer le risque érosif en favorisant un maintien permanent d’un couvert végétal comme l’installation de cultures intercalaires, le maintien des prairies sur les parcelles à risque et sur les axes de concentration des écoulements, l’installation de bandes enherbées en bordure de parcelles, les techniques de travail du sol sans labour, l’apport de matière organique, …
L’ASBL Greenotec, active depuis plusieurs années, encadre les agriculteurs soucieux de s’investir dans des techniques de travail du sol dites « simplifiées », limitant de fait le risque d’érosion.
L’aménagement foncier rural intègre désormais, dans tout périmètre de réorganisation du parcellaire agricole, la gestion du risque d’inondation, notamment par la conservation de zones enherbées aux endroits stratégiques et intervient également sur l’emprise publique (digues de rétention, zones d’immersion temporaire).
Il n’est pas encore possible d’estimer les pertes sur les cultures qui peuvent être liées aux grêlons, aux coulées de boue ou à des stagnations d’eau (destructrices pour les pommes de terre par exemple). Ces pertes dépendent du type de cultures et de leurs stades de développement et ne sont pas visibles immédiatement. Jusqu’à présent, huit communes ont sollicité leur commission agricole de constat de dégâts pour une évaluation.