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Le taux de suicide chez les personnes âgées

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 401 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 06/06/2018
    • de GERADON Déborah
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Les chiffres sur le taux de suicide des personnes âgées sont particulièrement alarmants. En Belgique, on compte près de 2 000 suicides par années. Il existe de nombreux facteurs permettant d’expliquer ces chiffres élevés : la perte du conjoint ou d’amis, les problèmes de santé, la perte d’autonomie, la solitude, le manque de moyens, et cetera.

    Face à cela, Madame la Ministre connaît-elle les chiffres pour chaque commune de la Région wallonne ?

    Quelles sont les tranches d’âges les plus touchées ?

    Quelles sont les mesures prises par son Gouvernement ?
  • Réponse du 28/06/2018
    • de GREOLI Alda
    Les données de mortalité par suicide ne peuvent être publiées par communes en vertu de la réglementation sur la protection de la vie privée qui n’autorise pas à publier des effectifs trop petits (moins de 5 cas). En outre, le nombre de suicide par habitant sera trop bas dans de nombreuses communes et ne pourra donc pas donner d'information significative. Le taux ne sera significatif que pour les communes très peuplées.

    En Wallonie, le suicide était en 2014 la 7e cause de mortalité et représentait 1,96 % des décès annuels. En 2015, il y a eu 741 suicides en Wallonie soit un peu moins qu’en 2014 (746 suicides). Parmi ces décès, 108 (15%) des personnes avaient plus de 75 ans.


    Cependant, d'après les dernières données de 2014, reprises dans le Wallonie santé de 2016 édité par l'AViQ, c'est la classe d’âge des 25-44 ans qui est relativement la plus touchée par le suicide, car, dans cette tranche d'âge, le suicide est la première cause de mortalité chez les hommes et la seconde chez les femmes (après le cancer). Il représente respectivement 24 % et 16 % des causes de décès. La deuxième tranche d'âge la plus touchée est celle des 15-24 ans où le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les hommes (20 % des décès) et la troisième chez les femmes (11 % des décès). Chez les personnes de 65 ans et plus, le suicide représente 0,3% de la mortalité chez les femmes et 0,9% chez les hommes.

    Contrairement à ce que laissent supposer le nombre de suicides chez les aînés, ceux-ci rapportent en moyenne un niveau de bien-être plus élevé que les jeunes. Ainsi, en 2007, une étude de la VUB, portant sur 4.500 Belges, a montré que la catégorie des 66-75 ans était celle qui se sentait la plus heureuse.

    J'ajouterai que, depuis 1997, le taux de suicide diminue en Wallonie, comme dans l'ensemble de la Belgique et, en général, en Europe. La diminution est plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Elle est particulièrement importante chez les 20-34 ans et les plus de 75 ans, où le taux de mortalité par suicide diminue de 40%.

    Je relativise un peu les chiffres cités mais je ne veux surtout pas les minimiser. Le taux de suicide reste en effet particulièrement important en Wallonie. En outre, chez les personnes âgées, le passage à l'acte conduit souvent à la mort. Il est donc important de porter une attention particulière à ce problème.

    La Région wallonne a depuis longtemps développé une politique de santé mentale, globale et intégrée, qui vise à couvrir tout le territoire pour atteindre les personnes qui en ont besoin. Plus précisément, quatre services de santé mentale ont développé une initiative spécifique à destination des aînés : Samravi à Louvain-la-Neuve, Paroles d’Aînés à Herstal et à Malmédy ou encore Avec nos Ainés de Namur.

    La population peut également compter sur les 5 centres de télé accueil offrant une permanence téléphonique gratuite 24h/24 et 7 jours sur 7 à toute personne quel que soit son âge, ses difficultés ou ses convictions.

    Pour prévenir le risque de suicide chez les aînés, notamment de ceux qui se trouvent dans une situation de dépendance, il est aussi essentiel de lutter contre l'isolement. Appartenir à un réseau social est en effet un des facteurs de prévention du suicide. Au-delà des familles, le réseau associatif local peut jouer un rôle et des initiatives comme Ville Amie des Aînés que la Wallonie soutient sont de nature à favoriser l’inclusion et le maintien d'une personne dans sa communauté de vie.

    Les structures d’hébergement dédiées aux aînés peuvent également jouer un rôle. Ainsi, la réglementation en Wallonie prévoit que les professionnels des structures d‘hébergement pour personnes âgées suivent des formations continues. Certaines sont directement liées à la prévention du suicide. La plupart des formations offrent des moyens de prévention comme par exemple par la mise en place d’un projet de vie individualisé qui permettra aux paramédicaux de proposer des activités qui répondent aux besoins de chaque résident.

    En ce qui concerne les réseaux en santé mentale, l'intercabinet Taskforce en santé mentale qui suit l'évolution de la réforme des soins en santé mentale pour adultes, définie par la Conférence interministérielle de la santé, réfléchit actuellement à la manière d'élargir la réforme aux aînés. L'élargissement des réseaux actuels avec des formations spécifiques éviterait de devoir créer de nouveaux types de réseaux.

    La prévention du suicide en Wallonie a été dernièrement renforcée de deux manières. D'une part, je prépare une convention pluriannuelle pour l'ASBL Un Pass dans l'Impasse qui est spécialisée dans l'accompagnement des personnes suicidaires ou de leurs proches. L’ASBL propose d’ailleurs un module de sensibilisation d’une demi-journée intitulé « Introduction au suicide de la personne âgée » ainsi qu’une formation « Suicide et dépression des personnes âgées » à destination des intervenants susceptibles d’être confrontés à une personne âgée suicidaire.

    D'autre part, le Centre de référence info-suicide, le CRIS, a reçu une nouvelle reconnaissance de 2018 à 2022, qui implique des missions élargies en matière de prévention du suicide. A ce titre, le centre diffusera vers la fin de 2018 des recommandations de bonnes pratiques pour les professionnels confrontés à une personne concernée par le suicide. J'ai pu consulter une première version de ce document dans laquelle des recommandations spécifiques concernent les personnes de plus de 65 ans. Ces bonnes pratiques destinées aux professionnels seront complétées par des recommandations destinées aux personnes qui font face soit à des idées suicidaires, soit à un proche qui présente un risque de passage à l'acte.

    Par ailleurs, le CRIS maintient sur son site un cadastre des structures capables de prendre en charge une personne concernée par le suicide. Ce cadastre permet à tous les professionnels de trouver rapidement une structure vers laquelle orienter soit la personne suicidaire, soit ses proches.

    On le voit, la Wallonie dispose de nombreux dispositifs en matière de santé mentale qui permettent de prévenir le suicide.