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L'objectif zéro carbone pour les aéroports wallons

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 291 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 06/06/2018
    • de DAELE Matthieu
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Récemment, Monsieur le Ministre a effectué un voyage en Suède afin de rencontrer les entreprises publiques.

    Il y a notamment rencontré l'entreprise Swedivia qui gère 10 aéroports en Suède, dont le plus grand du pays à Stockholm-Arlanda a ainsi versé l’an dernier un dividende de 122 millions de couronnes (12 millions d’euros), sur un profit opérationnel de 651 millions de couronnes.

    En Suède, ce n’est pas sur injonction politique que Swedavia a fixé, en 2013, un objectif très ambitieux : l’aéroport « zéro carbone » en 2020. Le recours à l’électricité verte et l’achat de quelque 450 tonnes de biocarburants pour compenser les vols professionnels de l’entreprise ont déjà permis de réduire très sensiblement les émissions et, a priori, l’objectif de « zéro carbone » devrait être atteint à la fin de l’année prochaine. Une autre ambition du groupe aéroportuaire : parvenir à généraliser les biocarburants pour les vols intérieurs d’ici 2030.

    Dans quelle mesure serait-il prêt à lancer le défi du « zéro carbone » à Liège et Charleroi sachant que le gouvernement peut fixer des priorités, par exemple en termes de durabilité et de profitabilité ?

    Comment pense-t-il pouvoir adapter le modèle suédois à la Wallonie ?
  • Réponse du 12/06/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Concernant l’objectif zéro carbone à 2020 en Suède, il y a lieu de préciser qu’il s’agit exclusivement du périmètre opérationnel de l’aéroport. L’usage de biocarburant couvre à ce titre les trajets professionnels du personnel, même s’il est vrai que l’aéroport veille à influencer par le bon exemple les compagnies aériennes.

    Au-delà des solutions techniques permettant d’atteindre l’objectif, il y a lieu de considérer quelques éléments, qui peuvent être analysés en guise de prérequis à la fixation de tels objectifs :
    - l’engagement ferme du management a été déterminant pour avancer sur un plan d’action et en assurer la mise en œuvre et le suivi ;
    - il s’agit d’une entreprise publique, mais dont le modèle de gestion, à l’instar des autres entreprises publiques suédoises, est identique à celui d’une entreprise privée. L’actionnaire détermine les grandes lignes stratégiques, et ensuite laisse l’entière responsabilité à l’équipe dirigeante. Il n’y a aucune interaction entre la sphère politique et la gestion de l’entreprise ;
    - l’aéroport, comme toute entreprise, doit générer des bénéfices et a donc envisagé l’option zéro carbone comme une opportunité économique à moyen terme. Il ne s’agissait pas de grever leurs résultats par des investissements ou des mesures déraisonnables, mais bien de veiller à la rentabilité de chacun des choix ;
    - l’approche est participative et intégrée. L’ensemble du personnel, à partir du management, est engagé à agir dans son activité quotidienne. Le plan d’action entraîne une adaptation du comportement qui est suivie par tous. Cette intégration dans les gestes quotidiens devient ainsi progressivement un automatisme ;
    - l’approche est enfin engagée avec les parties prenantes : fournisseurs de services et de produits et clients. C’est l’ensemble de la chaîne de valeur qui est ainsi visé. D’une manière plus générale, la culture suédoise est celle du dialogue et de la consultation. L’objectif zéro carbone en est un bel exemple.

    Cette expérience mérite en effet d’être évaluée par nos aéroports, tout en veillant à considérer ce qui peut être répliqué d’une part, et ce qui nous distingue, d’autre part, du contexte suédois. Parmi les solutions techniques mises en œuvre, certaines sont évidemment applicables (ex. en efficacité énergétique, …) d’autres le sont nettement moins (rappelons que la production d’électricité en Suède est déjà quasiment à émissions de GES nulles).

    Nonobstant le modèle suédois, je peux confirmer à l’honorable membre que nos aéroports wallons ne sont pas en reste et ont déjà réalisé quelques belles avancées en matière de réduction de l’empreinte carbone.

    Liege Airport s’est inscrit dans le programme « Airport Carbon Accreditation » mis en place par la Commission européenne et l’ACI Europe (Airport Council International) au sein duquel il est certifié depuis 2010 au niveau 1 « mapping ». Ce niveau vise à identifier les sources d’émission de carbone dans l’activité de l’aéroport et à en connaître l’ampleur. Ces relevés visent uniquement l’activité de l’aéroport et non celle des compagnies aériennes. L’ambition de Liege Airport est de monter progressivement de niveau dont l’ultime étape (le niveau 4) est celle de la neutralité carbone.

    D’ici fin 2018, Liege Airport postulera au niveau 2 « reduction ». Pour atteindre celui-ci, l’aéroport doit démontrer qu’il a réduit significativement son empreinte carbone sur une période d’au moins deux ans.

    Pour cela, plusieurs mesures concrètes ont été mises en place :
    - son contrat de fourniture d’électricité porte, depuis 2012, sur la fourniture d’électricité 100 % verte ;
    - depuis 2010, l’ensemble des balises de l’aéroport a été, progressivement, remplacé par des balises LED ce qui a permis une économie d’énergie de l’ordre de 20 %. L’éclairage des bâtiments a également été revu en ce sens ;
    - une unité de cogénération au gaz naturel fonctionne depuis fin 2015 pour les besoins en chauffage des bâtiments administratifs et du terminal passager tout en fournissant de l’électricité. Fin 2016, l’unité de cogénération a été améliorée via l’adjonction d’un module permettant de réfrigérer le terminal passager durant l’été (trigénération), ce qui permettra d’encore améliorer l’efficience énergétique de l’aéroport. En 2016, 16,9 % de l’électricité consommée par l’aéroport a été produite par l’unité de cogénération ;
    - récemment (fin mars 2018), Liege Airport a décidé d’équiper ses bâtiments de panneaux photovoltaïques. Ceux-ci devraient être installés d’ici fin 2018.

    Liege Airport participe également au programme LEAN and GREEN mis sur pied par Logistics in Wallonia avec ses homologues flamand (VIL), néerlandais (Connekt) et luxembourgeois (Cluster for Logistics Luxembourg). Ce programme encourage et soutient les entreprises dans une diminution drastique des émissions de CO2 de leurs activités de transport et de logistique. 

    Il s'agit d'un programme d’accompagnement dont l'aboutissement est une certification environnementale reconnue récompensant les efforts stratégiques et opérationnels d'une entreprise associés à la recherche d’une efficacité/optimisation logistique.

    Liege Airport fait partie des 475 entreprises labellisées dans ce programme et a obtenu en 2017, tout comme six autres entreprises le « Lean & Green Star ». Ce label récompense les entreprises qui ont réduit les émissions de CO2 de leurs activités logistiques d'au moins 20 % en cinq ans.

    L’obtention de ce label est importante pour un aéroport cargo comme Liège notamment dans ses relations avec les transporteurs et l’ensemble des acteurs logistiques.

    Enfin, Liege Airport est engagée depuis 2005, dans une démarche environnementale en obtenant la certification ISO14001 auditée régulièrement par un bureau agréé.

    Au niveau de ses émissions de CO2, Liege Airport est passé de 5 571 tonnes de CO2 produites en 2010 contre 4 433 tonnes en 2015.

    En ce qui concerne l’aéroport de Charleroi, BSCA n’a pas, à ce jour, de plan spécifique à la mise en œuvre d’un objectif « zéro carbone », mais est néanmoins attentif à l’aspect écologique et durable dans l’ensemble de ses projets et réalisations.

    Lors de la construction des Terminaux passagers 1 et 2, une attention particulière a été apportée à la conception et réalisation des bâtiments en phase avec les préoccupations environnementales actuelles. Quelques exemples concrets :
    - l’utilisation rationnelle de l’énergie par la mise en place de balisage led ;
    - la mise en place d’équipements de climatisation et de chauffage performants au gaz naturel pour limiter les rejets polluants ;
    - la mise en place d’équipements électriques performants notamment pour l’alimentation des avions au sol en permettant la mise à l’arrêt des moteurs auxiliaires des aéronefs.

    La mise en place de panneaux solaires en toiture du terminal 2 est en cours d’étude et devrait se concrétiser endéans les 12 mois.

    Au sein de l’exploitation même, BSCA met également en place des moyens permettant de réduire l’impact environnemental de son activité en :
    - modifiant la procédure de travail pour le dégivrage des avions par l’utilisation d’un produit exempt de « Trialoze »  (c’est un fongicide) ;
    - remplaçant systématiquement en fin de vie les véhicules de piste diesel par des véhicules électriques. Depuis deux ans, BSCA investit dans plusieurs véhicules en version 100 % électriques comme les escaliers tractables et des bandes à bagages ;
    - mettant en place un contrat de gestion d’énergie avec ses partenaires pour établir le profil énergétique des bâtiments.