à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
Selon le FARES (fonds des affections respiratoires), 54 % des jeunes âgés de 17 à 18 ans ont déjà fumé la chicha. Ce produit de tabac est donc le plus consommé, devant la cigarette, le cannabis, le tabac à rouler et le cigare. Pour rappel, la chicha se constitue d’une pipe à eau permettant de fumer du tabac chauffé au charbon de bois. Cette pipe est chargée avec du tabamel, substance contenant 30 % de tabac et 70 % de mélasse, et est associée à des goûts fruités et sucrés, ce qui est apprécié par les consommateurs.
Il est cependant primordial de signaler que l’OMS considère que la chicha « constitue un risque sanitaire sérieux ». En effet, tous les composants de la chicha seraient toxiques. Par ailleurs, la fumée de la chicha contiendrait du goudron qui est produit par la combustion du tabac, de la nicotine, du monoxyde de carbone, et d’autres substances toxiques comme l’arsenic et le plomb.
En outre, selon le FARES, la fumée de la chica serait également à l’origine de cancers, de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Ainsi, fumer une chicha équivaudrait à fumer deux paquets de cigarettes.
Madame la Ministre compte-t-elle introduire la problématique de la chicha dans son Plan wallon anti-tabac ?
Des mesures spécifiques à ce produit sont-elles prévues ?
Réponse du 28/06/2018
de GREOLI Alda
D'après les enquêtes menées par l’Institut de Santé Publique en 2013 et par la Fondation contre le cancer en 2015, l’usage de la chicha concernerait moins de 1 % des fumeurs en Belgique.
Dans un article paru dans la revue “STOP TABAC” en 2010, K. CHAOUACHI constate que les risques potentiels liés à l’utilisation de la chicha ne sont pas encore évalués. Ils semblent en tout cas liés au CO et à l’inhalation de volutes de fumées, fumées qui sont chimiquement différentes de celles de la cigarette. Les goudrons produits à des températures relativement basses sont probablement moins dangereux que ceux de la cigarette. Ce chercheur affirme également que le taux de CO produit par la chicha évolue de manière inverse de la taille de l’appareil. Il dépend également de la variété de tabac et du type de charbon utilisés. Le taux de CO pourrait être équivalent à celui d’une cigarette. Une étude menée par H. BEN SAAD publié dans la revue NATURE en 2016 signale que la plupart des connaissances sur les effets de la fumée du narguilé sur la santé restent partielles et parfois contradictoires. Il déplore ce manque d’informations sur la réelle toxicité de la fumée du narguilé.
Le Plan wallon sans tabac concerne le tabagisme dans son ensemble, l'usage de la chicha fait donc partie également des cibles des actions du Plan et des actions spécifiques sont déjà prévues.
En matière de prévention dans notre pays, une campagne de sensibilisation a été menée à partir de 2009, afin d’aborder l’usage de la chicha et du tabac à rouler. Cette action initiée par la Coalition Nationale contre le Tabac couvrait les trois Communautés linguistiques de notre pays. Le but n’était pas de stigmatiser les consommateurs mais bien de fournir une information "neutre" à propos des nouveaux usages et des informations trompeuses.
Depuis 2010, le FARES, Fonds des affections respiratoires, développe des modules de formation et a édité un cahier intitulé "La Chicha… Comment en parler avec les jeunes ?" à destination des professionnels de la santé, de l’éducation et du secteur social afin de leur permettre de mieux connaître les usages et les représentations associés à la chicha, ainsi que de faciliter l’abord de ce thème avec les jeunes consommateurs. Cet outil est encore actuellement largement diffusé, notamment auprès des mutualités, des maisons de jeunes, des services d'aide en milieu ouvert, des centres psychomédicosociaux des écoles et des internats. Il est également proposé en ligne sur le site du FARES. De même, un dépliant destiné au grand public (jeunes, parents ou adultes) intitulé "La chicha, mieux s’informer…" a été élaboré. Il reprend plusieurs aspects importants du cahier.
Le cahier produit en 2010 et réactualisé en 2013 de même que le dépliant font toujours l’objet de réimpressions régulières afin d’assurer la pérennité de la mobilisation et de la sensibilisation des professionnels et des jeunes à l’égard de la problématique de la chicha.
Je signale enfin que depuis juillet 2014, le programme de "prévention du Tabagisme dans le cadre de la Promotion de la santé", issu d’un transfert de compétences à la Wallonie et coordonné par le FARES, contribue à outiller les professionnels relais qui travaillent avec les jeunes pour qu’ils puissent intégrer des projets de prévention dont un soutien à la mise en place d’espaces de dialogues avec les jeunes mettant l’accent sur les facteurs personnels et contextuels d’une consommation.
On le voit, ces acteurs en matière de prévention et de prise en charge du tabagisme sont très actifs, attentifs aux usages en cours et veillent à adapter leurs actions aux évolutions du terrain, dans le cadre d'un Plan wallon sans tabac. Par ailleurs, mon cabinet supervise ce plan et, si l'usage de la chicha se répandait de manière inquiétante ou nécessitait de manière prioritaire de nouvelles actions ciblées, je serai rapidement avertie. Mais je n'ai pas encore reçu d'information dans ce sens.