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Les effets du réchauffement climatique sur la biodiversité

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 549 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 06/06/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Une étude britannique et australienne parue dans la revue Science indique que la hausse des températures aura un impact conséquent sur l’aire de vie des différents organismes.

    Ainsi, dans le cas où les États respectent leurs engagements la température n’augmenterait que de 3,2 °C d’ici 2100, les chercheurs de cette étude ont conclu que les insectes et les plantes perdraient respectivement 49 % et 44 % de leur habitat naturel. Cet impact serait plus limité pour les mammifères et les oiseaux qui ne concèderaient que 23 % et 22 % de leur aire de vie.

    Ces chercheurs britanniques et australiens ont également démontré qu’en cas d’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris, que ces conséquences seraient de deux à trois fois moins importantes si la température n’augmentait que de 2 °C et de cinq à onze fois moins importantes si la température n’augmentait que de 1,5 °C.

    En sachant que les aires naturelles wallonnes sont anthropisées et affectent tout type d’organisme.

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer s’il faut s’attendre à des résultats identiques en Région wallonne ?

    Quels seraient les organismes les plus concernés par cela ?

    Des mesures sont-elles envisageables afin de préserver à très long terme les différents habitats naturels ?
  • Réponse du 25/06/2018
    • de COLLIN René
    L’étude britannique et australienne mentionnée se base sur des modélisations de l’impact des changements climatiques sur l’aire de distribution mondiale de 115.000 espèces terrestres, comprenant 34.000 insectes et autres invertébrés qui n’avaient jamais été inclus dans les évaluations antérieures effectuées à l’échelle globale. Les chiffres obtenus et cités se réfèrent au changement, à l’échelle mondiale, de l’aire de répartition (le « range ») climatique et non de l’habitat naturel, qui est un autre paramètre non étudié ici. Il n’y pas de raisons de penser que les résultats puissent être identiques chez nous, les échelles étant très différentes entre la Wallonie et la planète. Le problème ne se pose pas en ces termes.

    Il est certain que l’aire régionale wallonne de beaucoup d’espèces animales et végétales est susceptible d’être modifiée en fonction du changement climatique, comme on l’observe depuis 30 ans. Ces changements, à l’échelle d’une petite région comme la nôtre, ont et auront lieu encore à l’avenir dans les deux sens, extension ou réduction, en fonction des espèces, en particulier de la largeur et de l’optimum de leur « niche climatique ». Les capacités de dispersion des espèces joueront aussi un rôle dans leurs déplacements et potentielles expansions, les espèces les moins mobiles ayant des possibilités beaucoup plus réduites de suivre le rythme des changements.

    Les espèces qui auront le plus de risque de régresser et disparaître chez nous sont les espèces à distribution boréo-montagnarde, liées aux régions froides. C’est le cas, par exemple, du Cuivré de la bistorte, un papillon ardennais en régression dans les zones de basse altitude de la périphérie du massif. Celui-ci devrait être progressivement relégué aux plus hauts sommets, avant de disparaître lorsque les conditions seront trop chaudes, ce que prédisent certains modèles lorsque le climat aura gagné 2 à 3 °C en moyenne annuelle.

    À l’inverse, des espèces aimant les régions plus chaudes ont tendance à étendre leur aire de répartition chez nous et le feront encore à l’avenir. On peut citer un oiseau comme le Tarier pâtre, en nette progression en Wallonie et qui est maintenant répandu jusque dans les tourbières des hauts plateaux ardennais ou un papillon comme le Nacré de la ronce, inconnu chez nous avant 2006 et qui a colonisé progressivement la Wallonie depuis le nord de la France et atteint maintenant la Meuse et la Sambre entre Charleroi et Liège.

    La préservation d’une bonne diversité de milieux naturels, ouverts (pelouses, landes, prairies, tourbières) comme fermés (forêts) et suffisamment « connectés » grâce à un « maillage écologique » optimal sont des points cruciaux afin de laisser une chance aux espèces, populations et communautés animales et végétales de pouvoir se déplacer en fonction des variations du climat. C’est ce que vise notamment le réseau Natura 2000. Toutefois, la composition biologique des milieux se modifiera inévitablement et dans des sens pas toujours prévisibles. Le mieux est donc de limiter autant que possible la hausse des températures moyennes.