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L'utilisation de surfaces agricoles pour les cultures énergétiques

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 560 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 11/06/2018
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Un débat idéologique oppose aujourd’hui l’utilisation de surfaces agricoles à des fins énergétiques à une utilisation alimentaire. Devant la difficulté d’accessibilité aux terrains agricoles, il semble compliqué pour certains agriculteurs d’y semer des cultures destinées à la biométhanisation.

    Néanmoins, il semble important d’encourager la plantation de ce type de cultures, dites « énergétiques ». Elles peuvent d’ailleurs apporter un bénéfice à l’agriculture, notamment dans le cadre d’un cycle de rotation classique entre deux cultures alimentaires, c’est-à-dire en culture intermédiaire, afin d’éviter le lessivage des sols. Elle peut également représenter un avantage sur des sols pauvres ou inaptes à la culture alimentaire. De plus, la culture énergétique sera transformée d’une part en énergie, et d’autre part en fertilisant produit à partir de produits sains, sans émissions de CO2, et à faibles coûts.

    Monsieur le Ministre, dispose-t-il de statistiques relatives à l’occupation du sol de ces cultures énergétiques ?

    Cette occupation augmente-t-elle ?

    Comment encourage-t-il les agriculteurs à se tourner vers ce type de culture ? Des incitants économiques existent-ils ?
  • Réponse du 02/07/2018
    • de COLLIN René
    En 2016, selon, le SPF Economie, 2.398 hectares de cultures énergétiques dédiées ont été déclarés par 266 agriculteurs pour la Wallonie dont 128 hectares de miscanthus.
    On observe entre 2013 et 2016, en Wallonie, une diminution de 20 % des superficies déclarées par les agriculteurs comme étant à vocation énergétique. En revanche, le nombre d’agriculteurs exploitant des cultures à des fins énergétiques augmente de 62 %. Cela étant, si une culture n’est pas « spécifiquement » dédiée à des fins énergétiques par les agriculteurs, cela ne veut pas dire qu’une partie de sa production ne sera pas utilisée d’une manière ou d’une autre pour la production d’énergie. À l’inverse, des cultures comme le miscanthus peuvent avoir d’autres destinations non alimentaires que l’énergie, comme l’isolation ou le paillage horticole.

    Les cultures énergétiques recouvrent de nombreuses réalités. Il peut s’agir de cultures à destination de la production de biocarburant : froment, betteraves pour le bioéthanol et colza pour le biodiesel, de matières premières pour des unités de biométhanisation, ou encore des agrocombustibles (biomasses limnocellulosiques utilisées dans des chaudières).

    Les cultures énergétiques destinées à la biométhanisation sont le maïs, ainsi que l’herbe. Pour le maïs, environ 20 000 tonnes auraient été utilisées en 2016 selon les chiffres obtenus par ValBiom, soit environ 450 hectares sur les 718 000 hectares de superficie agricole utile en Wallonie (2015), ce qui représente donc 0,06 % de la Superficie agricole utile. Par unité de biométhanisation, cela peut représenter 15 à 30 % de la ration du digesteur. Ces cultures permettent d’avoir de la matière avec un bon potentiel méthanogène à disposition lorsqu’il manque d’autres ressources.

    On s’interroge aujourd’hui sur le rôle que pourraient jouer les cultures intercalaires comme ressources valorisables en biométhanisation. Ces cultures pourraient rendre un service environnemental (couverture des terres, captation de l’azote…), et un service à l’agriculteur en leur conférant une vocation énergétique (revenu complémentaire). Certains projets de biométhanisation tendent vers cette alternative, malgré la variabilité de ce genre de production. Des recherches pourraient être menées pour étudier cette possibilité. Développer une source d’approvisionnement qui s’intègre à la production alimentaire est d’autant plus pertinente quand on sait que le secteur de la biométhanisation connait un beau potentiel d’évolution.

    Les agrocombustibles peuvent provenir de la taille de haies ou de coproduits agricoles (paille, anas de lin, chènevotte de chanvre) ou de cultures dédiées telles que le miscanthus, les taillis à très courte rotation (TtCR), etc. Le miscanthus et le TtCR sont reconnus au niveau de la politique agricole commune (PAC) comme Surface d’Intérêt Ecologie (SIE). Le miscanthus connaît actuellement le plus fort développement. Outre les aspects énergétiques, cette culture implantée en bande tampon semble pouvoir également rendre des services écosystémiques (protection contre les coulées boueuses ou la préservation des eaux de surface et souterraines).

    L’ensemble de ces cultures agricoles est éligible au premier pilier de la PAC. Elles n’ont pas de soutien spécifique à leur implantation. Par ailleurs, il existe différentes aides pour favoriser le développement des projets produisant de l’énergie à partir de sources renouvelables, dont les unités de biométhanisation ou les chaudières agrocombustibles. Il existe des aides à la production telles que les certificats verts pour l’électricité verte produite, les aides pour l’étude de faisabilité AMURE et les aides à l’investissement UDE ou ADISA pour la mise en place de nouvelles infrastructures.