à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
Selon une enquête de la CSC, une aide-ménagère sur trois aurait déjà été victime de violence sexuelle au travail. Si cette violence se limite le plus souvent à des violences verbales (qui ne doivent toutefois pas être négligée), 37 % des cas font état de violences allant jusqu’à l’attouchement.
Sachant qu’il y a plus de 200 000 aides-ménagères déclarées en Belgique et qu’on peut aisément imaginer que tous les cas vécus ne sont pas répertoriés (beaucoup ne se plaignant certainement pas par peur de perdre leur emploi et/ou peur des représailles), ces chiffres me semblent particulièrement alarmants.
Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres spécifiques à la Wallonie ? Dans l’affirmative, peut-elle me les communiquer ?
Est-elle au fait de cette situation préoccupante ?
Des actions de sensibilisation sont-elles menées quant à ce public cible et particulièrement vulnérables que représentent les femmes qui travaillent seules au domicile privé de leurs clients ?
Des structures d’accompagnement et de suivi existent-elles en Région wallonne ? Dans l’affirmative quelles sont-elles ?
Des moyens concrets de lutte contre ce phénomène sont-ils en place ?
Une concertation avec son homologue, Madame la Ministre Simonis, est-elle prévue sur ce sujet ?
Réponse du 29/06/2018
de GREOLI Alda
Ces chiffres sont effectivement alarmants. Malheureusement la violence sexuelle et le harcèlement au travail restent une problématique présente dans tous les secteurs, bien que le fait de travailler seule au domicile de clients expose probablement encore davantage les travailleuses à domicile - telles que les aides-ménagères, mais également les aides familiales, aides-soignantes et infirmières à domicile - à ces violences.
D’après l’enquête sur le sexisme réalisée par l’association JUMP en 2016, plus de neuf Wallonnes sur 10 disent avoir été confrontées à des comportements sexistes (dont un tiers relève de la violence physique et sexuelle) en rue ou dans les transports en commun (96 %), dans l’espace public de façon plus générale (95 %), mais aussi au travail (92 %).
Pour rappel, la lutte contre la violence et le harcèlement moral et sexuel est prévue dans le cadre de la législation belge sur le bien-être au travail et fait partie des risques psychosociaux. L'employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir ces risques et désigner notamment une ou plusieurs personnes de confiance.
La Wallonie soutient plusieurs associations qui mènent des actions de sensibilisation sur cette thématique auprès du grand public : - l’ASBL Jump qui a récemment développé une plateforme web www.stopausexisme.be qui rassemble des analyses et outils pour faire reculer le sexisme, comme des vidéos pour répondre aux remarques humiliantes ; - l’ASBL Touche pas à ma pote qui, en plus d’animations dans les écoles et auprès de professionnels, a développé une application avec laquelle les utilisateurs peuvent alerter et témoigner lorsqu’ils sont victimes ou témoins d’une agression physique ou verbale sexiste. Une fois géolocalisée et décrite l’alerte est envoyée aux « potes » à proximité, soit des personnes volontaires qui ont proposé leur soutien ; - l’ASBL Garance qui propose notamment de l’auto-défense à destination de différents publics.
Le 1er mars dernier, le Gouvernement wallon a adopté le décret relatif à l'agrément des services et dispositifs d'accompagnement des violences entre partenaires et des violences fondées sur le genre (M.B. 12 mars 2018). Pour la première fois, les violences fondées sur le genre ont été définies : elles comprennent notamment le harcèlement, les violences physiques, sexuelles… commises en dehors d’une relation de couple. Dans l’esprit de la Convention dite d’Istanbul, soit de la Convention du conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, la volonté de la Wallonie est donc d’encourager le monde associatif spécialisé en la matière, qui s’est d’abord et essentiellement concentré sur la lutte contre les violences conjugales, à accompagner progressivement davantage de victimes d’autres formes de violences.