à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
L’étude Expopesten, la première étude à évaluer la présence de plusieurs pesticides dans l’air ambiant en Wallonie, a livré ses premiers résultats. Résultats : ce sont essentiellement des herbicides et des fongicides qui ont été retrouvés.
Monsieur Carlo Di Antonio déclarait : « Malgré les mesures mises en place pour réduire leur utilisation, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques reste une réalité dans nos campagnes. Impactant négativement notre santé et notre environnement, ces produits sont au centre des préoccupations des citoyens, conclut Monsieur Di Antonio. Il est indispensable à court terme d’agir pour déterminer l’exposition réelle et prendre les mesures les plus pertinentes pour limiter celle-ci. À long terme, ma volonté reste toujours de faire évoluer la Wallonie vers une réduction drastique de l’usage des pesticides ».
La Fédération wallonne de l’agriculture (FWA) a souhaité également réagir par rapport aux résultats de cette étude, en indiquant : - que les concentrations en pesticides mesurés dans l’air sont faibles, de l’ordre du nanogramme par m³; - que plus de la moitié des concentrations en pesticides mesurées dans les 12 localités étaient même inférieures à 0.2 ng/m³; - qu’au niveau des risques pour la santé, l’étude précise aussi que les résultats sont « rassurants » et qu’ils sont en accord avec les résultats de la littérature.
Pour la FWA il convient au contraire de mettre en avant le fait que ces résultats confirment que les pratiques agricoles wallonnes sont raisonnées.
Monsieur le Ministre partage-t-il l’analyse qui en est faite par le Ministre en charge de l’Environnement ? Dans l’affirmative ou la négative pourrait-il justifier sa réponse ?
Est-il encore avec les déclarations de la Fédération wallonne de l’agriculture sur cette problématique ?
Comment envisage-t-il de soutenir nos agriculteurs par rapport à la problématique des pesticides et herbicides ?
Réponse du 21/06/2018
de COLLIN René
Le projet EXPOPESTEN a pour mission d’évaluer l’exposition qualitative et quantitative moyenne des populations urbaines et rurales aux pesticides. Il a ses limites (période d’un an de mai 2015 à mai 2016) et il est important de recadrer les résultats obtenus pour en tirer les justes conclusions. Il comprenait 3 volets.
Le 1er volet vise à évaluer l’exposition aux pesticides par les voies respiratoires sur base des mesures de pesticides dans l’air extérieur à partir de 12 stations d’échantillonnage. Le 2e volet vise à comparer l’exposition par inhalation, voie cutanée et alimentaire, aux pesticides de deux populations d’enfants. Et le 3e volet vise une évaluation du risque sanitaire réalisée sur base des mesures d’exposition et des données toxicologiques des pesticides.
Comme mon collègue de l’Environnement, je suis convaincu qu’il faut continuer l’investigation et la recherche pour mieux comprendre le lien entre l'exposition aux pesticides et les effets potentiels sur la santé humaine, afin de prévenir ces effets et mieux cibler les efforts de réduction des pesticides.
La FWA a comparé les résultats obtenus avec d’autres études semblables en Europe et s’en trouve rassurée. Néanmoins cela ne signifie pas que cette organisation considère qu’il n’y pas de problème. En effet, elle se préoccupe de l’amélioration des pratiques d’utilisation des pesticides et est notamment à l’origine de la création d’une nouvelle ASBL, « duraphyto » qui a pour mission de faire évoluer les pratiques.
Au niveau de la contamination à partir des denrées alimentaires, l’AFSCA doit continuer son travail d’analyse, aussi bien sur nos productions que sur les produits importés.
Mon ambition est claire, je souhaite faire évoluer les pratiques agricoles. D’une part en continuant à inciter le maximum d’agriculteurs à recourir le moins possible aux produits phyto de synthèse. D’autre part en permettant à un maximum d’agriculteurs d’emprunter des voies alternatives pour se passer de ces produits. J’ai par ailleurs initié un projet pilote dans 3 parcs naturels et réformé l’encadrement et les services d’avertissements pour augmenter leur efficacité.
J’ai aussi revalorisé certaines MAEC dont les parcelles et bandes aménagées, qui sont une occasion pour les agriculteurs de mettre en place des zones tampons, dans l’intérêt de notre eau, des citoyens et de la biodiversité, entre les champs pulvérisés et les cours d’eau, les zones de loisirs ou les zones habitées.