Le sexisme dans les campagnes de promotion des titres-services
Session : 2017-2018
Année : 2018
N° : 503 (2017-2018) 1
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Question écrite du 21/06/2018
de VANDORPE Mathilde
à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
Nous gardons en mémoire une campagne controversée du FOREm à l’hiver 2016-2017, censée promouvoir une formation d’auxiliaires de ménage. Le message et l’imagerie avaient suscité de vives réactions. L’ensemble avait un goût prononcé de sexisme, de manque de respect de la dignité de la femme et du public peu qualifié ciblé. La patronne du FOREm avait reconnu la faute, ainsi que la Ministre de l’Emploi.
A-t-on retenu la leçon ? On se le demande en voyant la publicité d’un groupe important de nettoyage, bien ancré dans le secteur titres-services (Home clean services).
Cette campagne s’étale notamment sur les bus TEC. Des jeunes femmes en tenue sexy arborent des instruments de nettoyage comme des accessoires de mode dans un défilé « people ». Une salopette fragilement retenue par une bretelle découvre un haut de bikini plus destiné aux plaisirs de la plage qu’au labeur de la technicienne de surface. Le mannequin esquisse un salut militaire avec sa main gantée de plastique rose. L’esthétique s’inspire des cartes postales vintage de pin-up censées soutenir le moral des troupes.
Les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse, comme on dit dans les Tontons flingueurs. Il convient de les promouvoir de manière positive, de mettre en évidence les possibilités de stabilité professionnelle offertes à des personnes peu qualifiées. Il convient aussi d’informer le public des avantages du système titres-services.
Faut-il pour autant jouer sur des clichés sexistes et des fantasmes aussi éculés et navrants ?
Monsieur le Ministre partage-t-il notre perplexité à l’égard de cette campagne ?
Soutenues par les pouvoirs publics, les entreprises de titres-services ne sont-elles pas tenues de respecter certaines normes éthiques, y compris dans leurs démarches de communication ?
La Wallonie dispose-t-elle de leviers pour y veiller, notamment au travers du décret antidiscrimination ?
Réponse du 09/07/2018
de JEHOLET Pierre-Yves
La réglementation relative aux titres-services prévoit diverses obligations en matière d’égalité et de lutte contre les discriminations. Pour obtenir un agrément, l’entreprise s’engage à ne pas pratiquer, à l’encontre des travailleurs et des clients de discrimination directe ou indirecte (respect de la loi fédérale du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination). L’entreprise s’engage également à ne pas faire prester des travaux dans un environnement où les travailleurs risqueraient d’être victimes d’abus ou de traitements discriminatoires.
Ce mois-ci, j’ai d’ailleurs retiré l’agrément à une entreprise dont il a été reconnu qu’elle pratiquait une discrimination directe fondée sur le sexe à l’égard de ses travailleurs.
Cependant, la réglementation relative aux Titres-services n’a pas vocation à régir les moyens de communication des entreprises privées même si elles sont subsidiées par les Pouvoirs publics.
En effet, notre Constitution et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme garantissent et protègent la liberté d’expression contre les ingérences intempestives de l’État. Des restrictions peuvent néanmoins être apportées à ce droit fondamental pour autant qu’elles soient prévues par la loi et qu’elles constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, et ce, notamment afin de protéger les personnes ou prémunir le discours haineux, la discrimination et le négationnisme. C’est en vertu de cette exception que la loi du 22 mai 2014 érige en infraction pénale le sexisme.
En tant que Ministre l’Économie, de l’Emploi et de la Formation, je n’ai pas à me prononcer sur le caractère sexiste ou non de la campagne que décrit l'honorable membre. À cet égard, toute personne peut introduire une plainte auprès de l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes ainsi qu’auprès du jury d’éthique publicitaire, organe d’autodiscipline indépendant de la publicité en Belgique.