à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
Une étude publiée par la mutualité Solidaris démontre clairement que les inégalités sociales ont un réel un impact sur la santé. En effet, tous les Belges, tous les Wallons ne sont pas égaux face à la santé.
Le constat posé par l’étude de Solidaris est assez étonnant, voire même inquiétant : les personnes ayant des revenus moins élevés seraient de moins en moins en bonne santé ou seront, en tout cas, moins bien soignées.
Pour dresser ce constat, la mutualité a réalisé une enquête auprès de ses affiliés. Et les résultats montrent qu’il y a une réelle corrélation entre le niveau social et l’état de santé général des citoyens, qu’il s’agisse de la santé physique comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou de la santé psychique comme la dépression.
De plus, les inégalités sont graduelles tout le long de l’échelle sociale, c’est-à-dire que plus son niveau de vie est élevé plus une personne a de chances d’être en bonne santé. Malheureusement, si des progrès considérables dans le domaine de la santé ont été faits ces dernières années, les inégalités ne se sont pas réduites, c’est même tout le contraire, elles augmentent !
Mais pour la mutualité Solidaris, ces inégalités ne sont pas naturelles ni normales, elles sont plutôt le fruit d’une construction sociale et elles sont donc évitables. Il est donc nécessaire de mettre en place des politiques publiques pour combattre ces inégalités. En effet, dans un pays développé comme le nôtre il est totalement inconcevable qu’une personne avec un niveau de revenu plus faible ait plus de risques de tomber malade. Il s’agit ici d’un réel enjeu de santé publique pour notre région.
Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de l’étude réalisée par Solidaris ?
Quel regard porte-t-elle sur les résultats ?
Comment expliquer que les personnes avec un revenu plus faible soient en moins bonne santé ?
Quelles politiques pourrait-elle mettre en place pour réduire ces inégalités et permettre à tout le monde d’être correctement soigné ?
Réponse du 18/07/2018
de GREOLI Alda
Les inégalités sociales de santé sont un phénomène bien connu. La corrélation entre le niveau social et l’état de santé général des citoyens est hélas un phénomène qui est documenté depuis de nombreuses années et qui continue de progresser dans la plupart des sociétés. En Belgique, les enquêtes de santé par interview l’ont mis en évidence à de nombreuses reprises grâce aux informations autodéclarées (état de santé subjectif, style de vie, recours aux soins) obtenues auprès d’un échantillon de la population belge.
Plus le niveau socio-économique est faible plus la santé tend à se détériorer et l’espérance de vie à diminuer. Certaines études avancent même que les écarts d’espérance de vie se creusent de plus en plus entre les groupes de niveaux socio-économiques différents.
Bien plus que le simple reflet des difficultés financières, les inégalités sociales de santé sont la conséquence d’un cumul de facteurs délétères pour la santé. La santé résulte en effet d’un équilibre constamment renouvelé entre les facteurs protecteurs et les facteurs délétères. On les appelle les déterminants de la santé. C’est le cumul, dans le temps et dans l’espace, des déterminants de la santé qui conditionne l’état de santé et donc la nécessité de soins. La maladie n’est que rarement le fait du pur hasard. Elle résulte d’expositions aux agents pathogènes, à la pollution, à la fumée de cigarette, au stress, aux conditions de travail ou d’habitation nocives, etc. À l’inverse, la bonne santé est le résultat d’une accumulation de facteurs bénéfiques : immunité, alimentation saine, activité physique, connaissances en santé, capacités de résilience, etc.
Les déterminants de la santé jouent aussi sur le déroulement de la maladie, sur l’issue de celle-ci. Ainsi, une même maladie sera non seulement plus fréquente dans les groupes d’individus moins favorisés, mais elle aura aussi des conséquences plus graves sur les personnes issues de ces groupes que pour des personnes d’un groupe au niveau socio-économique élevé.
Ces inégalités sont graduelles tout le long de l’échelle sociale, c’est ce que l’on appelle le gradient social. Les individus au sommet de la pyramide sociale sont en meilleure santé que ceux directement en dessous d’eux, qui eux-mêmes sont en meilleure santé que ceux qui sont juste en dessous et ainsi de suite.
En Belgique, la grande majorité de la population est couverte par une assurance maladie, les services de santé sont donc a priori relativement accessibles financièrement à tous les Wallons. Pour améliorer la santé des Wallons, c’est au niveau des déterminants de la santé qu’il faut agir : l’emploi, les conditions de travail, l’éducation, la mobilité, l’environnement, l’accès à une alimentation saine et à des structures sportives, etc. La santé doit être prise en compte dans toutes les politiques, c’est ce que l’on appelle le Health in all policies ou « Santé dans toutes les politiques ». Des actions ciblées vers les publics précarisés sont nécessaires, mais les efforts resteront vains s'ils ne s'inscrivent pas dans des changements structurels qui dépassent la compétence uniquement santé en agissant sur l'ensemble des déterminants de la santé.
C'est pour ces raisons que le Plan de prévention et de promotion de la santé envisage la santé dans toutes les politiques et la réduction des inégalités sociales de santé parmi les onze objectifs stratégiques transversaux. Les opérateurs en promotion de la santé seront chargés de la mise en œuvre de ce plan et de ses objectifs transversaux. Par ailleurs, il appartient à chaque responsable politique quel que soit son domaine de compétence et son niveau, de pouvoir de s’interroger sur l’impact de ses mesures sur la santé. Une évaluation d’impact en santé est un des outils utiles à la réduction des inégalités sociales de santé.