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La présence de l'anguille européenne en Région wallonne

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 625 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 11/07/2018
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Dans le but de renforcer la présence de l’anguille européenne en Wallonie, quelque 240 kg de civelles ont été déversés sur la l’ensemble du territoire wallon.

    En effet, depuis de nombreuses années la population d’anguilles poursuit son déclin entamé dans les années 80. À tel point que le niveau actuel de l’espèce menacerait sa survie. Raison pour laquelle le Conseil des ministres de l’Union européenne a voté, en septembre 2007, un règlement européen instituant des mesures de reconstitution du nombre d’anguilles.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ?

    Pourrait-il faire le point sur l’état de la présence de l’anguille européenne dans nos cours d’eau ?

    Doit-on craindre une extinction de cette espèce en Wallonie ?

    Pourrait-il faire le point sur les démarches entreprises en Wallonie dans le cadre du règlement européen instituant des mesures de reconstitution du nombre d’anguilles ?
  • Réponse du 08/08/2018
    • de COLLIN René
    L’anguille européenne est une espèce catadrome, qui grandit dans nos fleuves et autres cours d’eau européens, mais qui se reproduit dans les profondeurs de la mer des Sargasses dans le Golfe du Mexique, à près de 6 000 kilomètres des estuaires de la Meuse et de l’Escaut. Autrefois, cette espèce était très abondante dans nos cours d’eau wallons et remontait chaque année la Meuse et ses affluents (Ourthe, et cetera) par dizaines de milliers pour coloniser nos eaux. Aujourd’hui, cette espèce est considérée comme en danger critique d’extinction et inscrite à l’Annexe II de la CITES (Convention de Washington de 1973).

    Les causes de la disparition de l’anguille européenne sont multiples (surpêche, effet des turbines hydroélectriques, polluants, changement climatique, …). La surpêche des civelles en mer à leur arrivée sur les côtes européennes, aggravée par le braconnage, est vraisemblablement le facteur principal de la régression de l’espèce. En Wallonie, la pêche de l’anguille est interdite depuis le 1er janvier 2017, mais son prélèvement était de toute façon déjà interdit depuis juin 2006.

    Le Règlement européen (UE) n° 1100/2007 impose aux États membres de prendre des mesures de connaissance, de protection et de restauration de l’anguille européenne à travers un plan de gestion agissant sur toutes les causes de disparition de l’espèce. Le Plan de gestion de l’anguille de la Belgique a été approuvé en janvier 2010 par la Commission européenne et un rapport d’état d’avancement est envoyé tous les trois ans à la Commission (2012, 2015 et 2018). Pour la Wallonie, ce programme prévoit essentiellement la restauration de la libre circulation de ce grand migrateur à la remontée, par la construction ou l’optimisation des échelles à poissons et la réduction des mortalités, lors de la dévalaison des adultes vers la mer, liées à l’exploitation des centrales hydroélectriques. Toutefois, depuis quelques années, le repeuplement avec de jeunes anguilles (civelles) est devenu une mesure indispensable pour sauver l’espèce à l’échelle régionale.

    Le service de la pêche du Département de la nature et des forêts (DNF) a repeuplé environ 1 250 000 civelles entre 2011 et 2018, pour une biomasse de 400 kilos, principalement dans la Meuse, l’Ourthe, l’Amblève, la Sambre, la Lesse, la Semois et certains de leurs affluents. Ces repeuplements sont principalement pris en charge financièrement par le budget régional. Néanmoins, depuis cette année, certains hydroélectriciens contribuent financièrement à ces achats d’anguilles, à travers les compensations environnementales prévues dans leur permis d’environnement. Cela permet d’accroître significativement les moyens financiers consacrés à la sauvegarde de cette espèce en Wallonie.

    Les espoirs fondés sur ces repeuplements en jeunes anguilles sont importants. En effet, les résultats obtenus par l’Université de Liège dans quelques petits cours d’eau wallons sont très positifs, avec une bonne dispersion des anguilles, une bonne adaptation à de nombreux cours d’eau wallons et une bonne survie globale, parfois même supérieure à 20 % après trois ans. Ces résultats sont très favorables au maintien de l’espèce en Wallonie.