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L'avenir des abattoirs publics en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 635 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 16/07/2018
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Ayant été récemment conviés à la visite de l’abattoir d’Ath, nous avons pu recueillir l’inquiétude du secteur quant à son avenir. L’abattoir d’Ath, de taille moyenne et financé par la Ville, se retrouve en effet devant plusieurs défis importants s’il veut maintenir ses opérations. D’une part, il constate avec regret la concentration toujours plus intense du secteur, visant à préférer les « abattoirs-usines », poussé par la grande distribution. Cela oblige souvent les éleveurs à parcourir de longues distances pour abattre leurs bêtes, augmentant ainsi le coût financier pour eux et environnemental pour tous. D’autre part, ils s’inquiètent aussi de la capitalisation derrière le secteur de l’abattage.

    Constatant que la plupart des exploitations sont acquises ou relocalisées en Flandre, ils craignent la disparition de leur savoir-faire en Wallonie et de leur emploi, à terme. Cela se marque déjà aujourd’hui par la difficulté à trouver du personnel qualifié en Wallonie. Dans ce contexte relativement pessimiste, l’abattoir d’Ath réfléchit sérieusement à réorienter ses services vers une économie plus locale, à plus petite échelle.

    Nous en parlions déjà lors d’une de mes précédentes interrogations sur les céréales, le maillon de transformation à échelle intermédiaire est véritablement ce dont la Wallonie manque pour mettre en place une vraie agriculture locale dont les citoyens sont demandeurs.

    Que compte mettre en place Monsieur le Ministre pour assurer la survie des abattoirs publics qui peuvent s’avérer un acteur majeur dans la consolidation d’une agriculture durable ?

    Que prévoit-il pour promouvoir l’attractivité de ce secteur et lui rendre la main-d’oeuvre qualifiée locale dont il a besoin ?

    Par ailleurs, certains acteurs du secteur nettoient aujourd’hui les erreurs de l’affaire VeViBa. Bien qu’ils considèrent ce modèle économique et ses pratiques comme bien éloignés des leurs, ils doivent cependant en subir les conséquences, notamment via une augmentation des contrôles sanitaires.

    Quelles protections prévoit-il pour soutenir financièrement ces entreprises face aux contrôles accrus que l’AFSCA fait peser sur leur viabilité économique?
  • Réponse du 08/08/2018
    • de COLLIN René
    Suite à une question orale de la collègue de l’honorable membre, Madame Baltus-Möres, j’ai récemment décrit les mesures d’accompagnement relevant de mes compétences en tant que Ministre de l’Agriculture. Il existe deux bases réglementaires autorisant l’octroi de subventions aux abattoirs publics.

    Pour qu’un abattoir soit reconnu public, il doit être la propriété d’une province, d’une commune, d’une association de communes ou d’une société mixte, dans laquelle les pouvoirs publics sont majoritaires et doit conserver le même statut juridique après l’octroi de la subvention.

    L’arrêté de l’Exécutif régional wallon du 6 mars 1986, relatif à l’octroi des subventions aux pouvoirs subordonnés pour la construction, l’agrandissement ou la transformation d’abattoirs publics, modifié par l’arrêté de l’Exécutif régional wallon du 15 mars 1990, permettant l’octroi de subvention aux aires et équipements de rassemblement et de commercialisation des animaux (marchés couverts), a été adopté en vue de permettre aux abattoirs publics d’être agréés aux normes européennes. Dans ce cadre, de nombreux travaux de construction ou de rénovation ont été entrepris essentiellement durant les années 90 et début des années 2000, mais il est toujours en vigueur et permet de subventionner à hauteur de 40 % les investissements.

    Par ailleurs, à mon initiative, le Gouvernement wallon a adopté, le 10 novembre 2016, un arrêté relatif à l’octroi d’une subvention aux abattoirs publics, en vue du renouvellement de leurs infrastructures, qui permet de subsidier des travaux d’entretien et non de construction ou d’agrandissement. Les abattoirs visés par cette nouvelle mesure sont agréés, car ils doivent répondre à des besoins d’intérêt général et doivent disposer de la flexibilité nécessaire pour travailler avec des particuliers et des opérateurs de petite taille, en tant que SIEG (service d’intérêt économique général).

    En 2017, la Ville d’Ath a introduit une demande pour des travaux de rénovation admissibles à ce dernier subside et doit procéder à diverses formalités pour compléter le dossier. La Province de Liège a également pris les premiers contacts pour un projet d’abattoir de volailles.

    Par ailleurs, une récente question orale de sa collègue, Madame Brogniez, a porté sur la rentabilité des abattoirs communaux. Celle-ci représente un challenge pour les gestionnaires des abattoirs publics, sachant que 35 à 59 % des frais de fonctionnement seraient liés au coût de la main-d’œuvre.

    Des mesures permettant le développement d’installations de valorisation de la viande (salles de découpe, ateliers de transformation), dans l’entourage direct des abattoirs, peuvent améliorer cette rentabilité. Nous espérons que le prochain appel à projets pour de nouveaux halls relais agricoles constituera une opportunité pour de tels développements.

    Un autre soutien qui est également à la disposition des abattoirs publics est constitué par l’accompagnement hygiénique, assuré par l’équipe de DiversiFerm et pour lequel nous venons de renforcer les moyens.

    Toutes les formes d’aide se doivent de respecter les législations relatives aux aides d’État qui sont cadenassées pour les entreprises du secteur agroalimentaire.

    En ce qui concerne la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée, qui représente un autre défi récemment mis en avant par la FEVIA (Fédération de l'industrie alimentaire belge) pour tout le secteur alimentaire, je lui suggère d’interroger mon Collègue qui a la Formation professionnelle dans ses attributions.