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L'isolement des personnes âgées

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 495 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 05/09/2018
    • de DUFRANE Anthony
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Selon une étude récente de la Fondation Roi Baudouin, une personne âgée sur cinq souffrirait d’isolement social.

    Cet isolement résulterait à la fois du manque de mobilité, des problèmes de santé et de la précarité financière de certains aînés bénéficiant de plus en plus d’une petite pension, mais serait également le fait du manque d’activité sociale de ces seniors.

    Quelles sont les actions menées par le Gouvernement ?

    Des solutions existent elles pour accroître leur participation à la vie sociale ?

    En Région Bruxelles-Capitale, depuis plusieurs années, le logement intergénérationnel connaît un regain d’intérêt. En effet, des personnes âgées et d’autres publics peuvent se rencontrer sur des intérêts communs et font le choix d’une forme d’habitat favorisant l’échange, le vivre ensemble et les relations de proximité.

    Ce type d’habitat, qui constituerait une solution crédible, à long terme est-il envisagé en Région wallonne ?
  • Réponse du 28/09/2018
    • de GREOLI Alda
    Si encore trop d’aînés souffrent de solitude à domicile ou en maisons de repos, je tiens à éclairer ce constat du résultat de plusieurs études portant sur le sentiment de bonheur de nos concitoyens. Ces études démontrent que nos aînés dans la tranche d’âge des 66-75 ans expriment se sentir plus heureux, et ce, si l’on compare aux autres tranches d’âge. On constate qu’après 75 ans, le sentiment de bonheur diminue légèrement, tout en restant sensiblement plus élevé que pour la tranche d’âge des 46-55 ans. Nous sommes donc loin du mythe des personnes âgées malheureuses et isolées. Cette idée s’explique par plusieurs facteurs et notamment celle de la perception que nous avons des personnes âgées et d’autant plus quand celles-ci sont en perte d’autonomie. Néanmoins, comme l’honorable membre le souligne, des facteurs environnementaux défavorables (perte financière, isolement géographique, …) peuvent entraîner le repli social indépendamment de l’état de santé de la personne, même si ce dernier facteur peut être précipitant.

    Nous savons aussi combien le bien-être des aînés peut être sensiblement amélioré en garantissant les conditions optimales de leur participation : ancrage local, mobilité, engagement, intégration familiale,… Leur participation sociale est donc un facteur de prévention majeur. Dans ce cadre, je pense qu’il faut encourager et développer le volontariat, favoriser les projets intergénérationnels qui génèrent une meilleure compréhension mutuelle entre les générations. Raison pour laquelle, comme il le sait, je soutiens la dynamique Wallonie amie des aînés (WADA) qui consiste à développer la participation des aînés dans leur commune. Il est en effet essentiel de redonner du pouvoir d’agir à celles et ceux dont les besoins ne sont pas suffisamment écoutés.

    Cette dynamique WADA vise notamment à intégrer les besoins spécifiques des aînés dans l’ensemble des politiques publiques de la ville : aménagement et travaux publics, gestion de l’espace public, sécurité, logement, environnement, soutien à la vie associative et sportive locale, santé et prévention. L’ancrage social prend ici toute son importance. Le projet WADA s’appuie sur les dispositifs locaux existants comme le plan de cohésion sociale, les subsides aux infrastructures, les commissions consultatives communales des aînés et s’inscrit dans le cadre de coopération de la Wallonie avec l’Organisation mondiale de la santé.

    Concernant l’existence d’expériences pilotes de logements intergénérationnels, des dispositifs existent déjà. Il s’agit souvent d’expériences relevant d’initiatives personnelles. Il est important de noter que ces expériences relèvent de la compétence du logement et non des matières santé.

    Comme exemple, je pourrais toutefois citer l’ASBL « 1 toit 2 âges », active dans les villes étudiantes du territoire wallon (Gembloux, Charleroi, Louvain-la-Neuve, Mons, Namur, Liège-Ans et Tournai). Cette ASBL propose à des étudiants de partager l’habitat d’un senior et de créer dès lors un logement intergénérationnel où l’étudiant offrira au senior de son temps et de ses compétences dans la mesure de ses disponibilités (maximum 5 heures/semaine). L’étudiant doit également verser une indemnité d'occupation de 180 euros par mois.

    Les avantages pour les seniors sont divers :
    - vivre ensemble et rompre la solitude par une présence rassurante ;
    - partager du temps, des conversations, des souvenirs et des projets ;
    - se sentir en sécurité ;
    - rester chez soi sans être seul ;
    - bénéficier d'un complément de revenu.

    Un autre exemple, l’ASBL Abbeyfield qui est à la fois un concept d'habitat groupé et un mouvement de volontaires qui aident des aînés le plus souvent isolés, mais autonomes à partager un cadre de vie épanouissant ainsi qu’à l’ASBL Qualidom qui a édité très récemment un guide d’aide à la conception et à la création d’un Habitat ami des aînés.

    Des initiatives de logements partagés, qu’ils soient dédiés uniquement aux seniors ou non, existent donc bien. Il est néanmoins important de renforcer les politiques dans la prévention, ainsi que dans la promotion des solutions existantes et répondant à des besoins spécifiques. Par ailleurs, je peux également l’inviter à prendre connaissance du travail réalisé par l’ASBL Habitat et Participation, subventionnée par ma collègue, la Ministre Valérie De Bue, œuvrant dans les domaines de l’habitat, de la gestion des territoires et du développement urbain et rural.

    J’aimerais terminer en rappelant à la fois la richesse et la complexité de cette thématique qu’est le logement pour les aînés. En effet, cette dernière demande une nécessaire transversalité constructive entre différentes politiques : le logement, la santé, l’urbanisme, l’aménagement territorial. Cette collaboration devant se renforcer afin de répondre notamment à l’objectif d’actions prises lors de la stratégie régionale d’exécution du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement (politiques liées au vieillissement menées en Wallonie et à Bruxelles) et qui s’énonce comme suit : « Favoriser l’aménagement des bâtiments ainsi que la création de nouveaux types de logements qu’il est possible d’adapter régulièrement à l’évolution des besoins et des capacités fonctionnelles des personnes vieillissantes ».