/

Les inégalités sociales et la santé

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 496 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 05/09/2018
    • de DUFRANE Anthony
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Une nouvelle étude réalisée par la Mutualité Solidaris en Belgique révèle que la pauvreté et les inégalités sociales nuisent gravement à la santé de la population.

    L’organisme met en lumière de manière chiffrée ce dont beaucoup se doute déjà, à savoir que les personnes les plus précaires sont plus exposées aux maladies et aux problèmes de santé.

    Ces écarts semblent très importants. Trop importants pour pouvoir être acceptés. De nombreux pays de l’Union européenne ont déjà développé une stratégie visant à réduire ces inégalités de santé. Qu’en est-il pour notre pays, notre Région ?

    Il doit y avoir une volonté politique de réduire ces inégalités. Les différents niveaux d’autorité ne devraient-ils pas collaborer plus, et pour y parvenir, ne faut-il pas d’abord se focaliser sur le développement d’une capacité de gouvernance à plusieurs niveaux?

    Ne faudrait-il pas impliquer la politique de santé curative (Fédéral), mais aussi la prévention et l’éducation en matière de santé (Communautés et Régions) afin de trouver des solutions, bien que de nombreuses communes et CPAS consentent déjà des efforts afin de promouvoir la santé des plus fragiles ?
  • Réponse du 28/09/2018
    • de GREOLI Alda
    Ainsi que le démontre l’étude de juin 2018 de Solidaris, l’indice global de bien-être et de confiance a diminué pour les 10 % des Belges (francophones) les plus précarisés (passant de 17,2 % à 15,7 %) entre 2015 et 2017, alors que ce même indice a augmenté parmi les 10 % les plus aisés (et est passé de 85,4 % à 86,7 %). Les inégalités continuent de s’accroître au fil du temps. L’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé des populations défavorisées sont inférieures aux espérances de vie des populations plus favorisées. Le constat n’est pas neuf.

    Il est du devoir de chaque niveau de pouvoir agir de manière telle que l’action publique en la matière soit plus efficiente. Pour améliorer la santé des Wallons, il convient d’agir au niveau des déterminants de la santé : l’emploi, les conditions de travail, l’éducation, la mobilité, l’environnement, l’accès à une alimentation saine et à des structures sportives, et cetera. La santé doit être prise en compte dans toutes les politiques, c’est ce que l’on appelle le Health in all policies ou « Santé dans toutes les politiques ». Des actions ciblées vers les publics précarisés sont nécessaires, mais les efforts resteront vains s'ils ne s'inscrivent pas dans des changements structurels qui dépassent la compétence uniquement santé en agissant sur l'ensemble des déterminants de la santé.

    De nombreuses actions ont déjà été réalisées afin de parer à la problématique.

    En 1998, un « Accord de coopération entre l'État fédéral, les Communautés et les Régions relatif à la continuité de la politique en matière de pauvreté » est signé. Il est approuvé par tous les Parlements du pays et a donc valeur légale.

    Également, un Plan fédéral de lutte contre la pauvreté est mis en œuvre et un Plan national de lutte contre la pauvreté infantile a été mis sur pied.

    Dans le cadre de la loi spéciale de réformes institutionnelles du 9 août 1980, un chapitre a été consacré à la concertation et la coopération entre l’État fédéral, les Communautés et les Régions. En vue de promouvoir la concertation et la coopération, des comités spécialisés dénommés « Conférences interministérielles », CIM, ont été constitués, composés de membres du Gouvernement et des exécutifs des Communautés et des Régions. Une des 18 matières est la santé. Lors de la CIM-Santé du 21 mars 2016, il a été décidé de fusionner le groupe de travail intercabinets « Inégalités en matière de santé » et le groupe de travail intercabinets « Health system-Objectifs en matière de santé » étant donné que ces deux groupes s'occupent de la négociation d'objectifs en matière de santé. L’objectif de réduction des inégalités de santé a été validé lors de la réunion du 6 septembre de ce groupe et sera proposé à la prochaine conférence interministérielle.

    Par conséquent, j’informe l’honorable membre que les outils permettant de réaliser la collaboration à laquelle il appelle sur la thématique des inégalités de santé existent.

    Au niveau régional, le Plan wallon de lutte contre la pauvreté 2017-2019, faisant suite au premier Plan adopté en 2015, développe une série de pistes concrètes d’action, afin notamment de répondre aux constats posés dans le rapport du Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale, créé suite à l’accord de coopération précité, et dont une des neuf thématiques est la santé. À ce niveau, le plan s’articule autour d’actions orientées vers cinq objectifs :
    - augmenter l’accessibilité des services de santé de proximité ;
    - augmenter l’accessibilité des publics précaires aux dispositifs de médecine préventive ;
    - améliorer la prise en charge efficiente des maladies chroniques pour les personnes précaires ;
    - améliorer l’accessibilité des services du secteur de la santé mentale pour les publics précarisés ;
    - favoriser la transparence et le contrôle des tarifs dans les structures de soins, d’accueil et d’hébergement ;
    - soutenir une meilleure articulation des différents acteurs et lignes de soins.

    En ce qui concerne la prévention et la promotion de la santé, un nouveau dispositif législatif et un plan sont en cours de préparation. Ce dernier accordera une place significative à la lutte contre les inégalités sociales de santé, qui constitue un des 12 objectifs stratégiques transversaux déjà définis. Un autre de ces objectifs sera de promouvoir la santé dans toutes les politiques. À cet égard, un comité de pilotage sera créé, et je proposerai au Gouvernement que ce comité comprenne des représentants des divers niveaux de pouvoir concernés, de manière à ce que le plan puisse se déployer en concertation, aussi bien au niveau régional, qu’au niveau des autres entités fédérées et des pouvoirs locaux.

    Afin de garantir l’utilité de ces initiatives, j’ai proposé, dans le cadre du projet de décret en prévention et en promotion de la santé, de créer une instance d’évaluation d’impact en santé transversale aux différentes compétences wallonnes. En effet, les niveaux de santé et d’égalité en santé dépendent de tant de facteurs qu’il est nécessaire d’analyser avec précision et de manière chiffrée l’impact des politiques et actions menées en Wallonie.