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L'efficacité des systèmes de mesure de la pollution atmosphérique

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 15 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 13/09/2018
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Durant l’été, Greenpeace a lancé une nouvelle campagne de mesure de la pollution atmosphérique dans les grandes villes wallonnes. En cause, selon eux, un système imparfait. En prenant pour exemple les Villes de Namur ou Liège, dont les stations de mesure officielles se trouveraient en périphérie et ne tiendraient donc que peu compte des réels impacts de pollution qui peut caractériser les centres urbains, surtout en périodes sensibles d’heure de pointe. Les résultats de cette campagne de mesure Greenpeace seront publiés dans quelques semaines et nous pourrons donc en tirer les enseignements.

    On le sait, Monsieur le Ministre a pris quelques mesures tout récemment afin de sensibiliser les parents et les directions à la pollution dans et aux alentours des écoles et nous l’en félicitons.

    Mais afin de mieux savoir quels risques nous encourons, ne serait-il pas de bon aloi de revoir en profondeur l’emplacement des stations de mesures afin qu’elles correspondent, quand elles sont en ville, à la réalité de ces mêmes villes ?

    Ou devrons-nous nous contenter systématiquement des mesures prises par le secteur associatif pour nous alerter et enclencher des changements dans l’urgence ?

    Par ailleurs, nous l’avons déjà pointé à plusieurs reprises, n’est-il pas temps de renforcer le nombre et la qualité des mesures atmosphériques en Wallonie, en augmentant sensiblement le nombre de stations de mesure ?

    En ce début d’année, il m’avait répondu que leur nombre était suffisant. Or, nous devons attendre les cris d’alarme venant d’autres sources, comme Greenpeace, pour nous confronter à l’urgence d’agir, comme on l’a vu dans le cas de nos écoles.

    A-t-il donc changé son fusil d’épaule quant aux moyens à apporter aux mesures des pollutions atmosphériques en Wallonie ?
  • Réponse du 03/10/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    Les 23 stations fixes télémétriques qui mesurent la qualité de l’air en Wallonie relèvent, en continu et en temps réel, les concentrations toutes les demi-heures de plusieurs polluants atmosphériques comme les particules fines, les oxydes d’azote ou l’ozone. Les mesures sont publiées automatiquement sur Internet et donc accessibles au public. Ce réseau vise à rencontrer nos obligations européennes en la matière et répond aux critères prévus dans ce cadre.

    Le maillage des stations résulte à la fois d’une situation historique et des contraintes liées à la directive européenne sur la qualité de l’air. Dans ce cadre, le reproche fait à la Région de placer des stations de mesures à la campagne n’a pas de sens. La directive impose par exemple de mesurer les oxydes d’azotes dans des stations rurales du fait qu’ils sont un précurseur important de l’ozone. Or l’ozone se développe principalement en dehors des agglomérations. Par ailleurs, il est nécessaire d’avoir un maillage suffisant de stations sur le territoire pour permettre une modélisation correcte de la pollution.

    Historiquement, les premières mesures de PM10 ont été faites à Engis (juillet 1994), Jemeppe-sur-Meuse (février 1995) et Charleroi (juin 1995) avec une préoccupation axée sur les émissions industrielles. Trois autres stations ont été mises en service à Charleroi en 1998. Les mesures des PM2.5 remontent à 2008 pour 15 stations et à 2011 pour 9 autres stations.

    Le suivi du dioxyde d'azote, dont les émissions sont majoritairement dues au trafic routier, est assuré par 18 de ces stations. Pour en citer quelques-unes, les mesures ont débuté à Eupen (1986), puis à Engis (1992), Charleroi (1997), Jemeppe-sur-Meuse (1998), Mons (2001), Liège (2004) et finalement Herstal (2013). Cela démontre bien que ce réseau est à la fois évolutif et que donc, dans le futur, il est appelé à être amélioré. En effet, il est prévu d’ouvrir à terme trois nouvelles stations télémétriques qui seront situées dans les grandes villes wallonnes : Namur, Liège et Charleroi. Les concentrations mesurées à la station de Namur seront publiées dans les prochains mois. Ces stations sont orientées vers le suivi des émissions en milieu urbain ou en lien avec le trafic routier.

    Néanmoins, il y a un souhait légitime des citoyens à pouvoir disposer de données les plus proches de leur domicile. Pour ce faire, nous complétons ce dispositif par des campagnes mobiles.

    Plusieurs campagnes de mesures mobiles ont été lancées pour compléter la connaissance de la qualité de l'air en Wallonie par exemple au voisinage d'axes routiers (E411 : 2012-2016), en milieu urbain (Namur : campagne de 50 tubes passifs et plusieurs stations mobiles entre 2013 et 2018), ou encore en milieu rural (7 stations de mesure réparties sur les communes de Butgenbach, Rochefort, Seloignes, Hannut, Tubize, Yvoir et Trois-Ponts). Ces initiatives ont été prises pour cerner des situations particulières.

    L’instruction a par ailleurs été donnée à l’administration de lancer une large campagne de mesure des NOx via l’implantation de plusieurs centaines de tubes passifs à travers la Wallonie, dont la plupart seront situés en milieu urbain. Cela nous permettra de mieux affiner nos connaissances en la matière.

    Il est hélas illusoire de penser qu’il sera possible de mesurer la qualité de l’air en tout point du territoire wallon. Néanmoins, pour contrer cette difficulté, nous travaillons activement à la modélisation à fine échelle de cette pollution. Cette technique permet de donner une information plus précise aux citoyens, et sera intégrée dans une application smartphone géolocalisée, qui verra le jour prochainement.

    Notre volonté est bien d’améliorer constamment notre connaissance de la qualité de l’air en Wallonie que ce soit via le réseau télémétrique imposé par la directive européenne que par d’autres voies. À cet égard, une enveloppe de 1 million vient d’être dégagée pour améliorer la surveillance et les mesures de la qualité de l’air en Wallonie. Des capteurs de mesures mobiles seront notamment installés dans les lieux publics ou les écoles de Wallonie.