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L'interdiction des chaudières à mazout en Flandre

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 22 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 21/09/2018
    • de MAROY Olivier
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    La Flandre vient de prendre une position forte, à savoir l’arrêt de la commercialisation de nouvelles chaudières à mazout dès 2021.

    La Fédération belge des négociants en combustibles et carburants s’est fendue d’une vive critique. Pour elle, des centaines d’entreprises familiales qui livrent du mazout vont devoir mettre la clé sous le paillasson. Cela menacerait plusieurs dizaines de milliers d’emplois.

    Le Gouvernement flamand entend également stopper le raccordement au gaz naturel des nouveaux lotissements. À compter de
    2021, les pompes à chaleur et le raccordement à des réseaux de récupération de chaleur seront la norme (avec prime de 400 euros pour l’installation d’un boiler de pompe à chaleur jusqu’à fin 2023).

    Quels sont les commentaires de Monsieur le Ministre concernant ces mesures drastiques en Flandre ?

    Notre région va-t-elle suivre la même voie ?

    Quelle est son analyse concernant cette question des modes de chauffage, de leur impact concernant le climat, et des mesures à prendre en la matière ?
  • Réponse du 15/10/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Tout d’abord, je me permets de rappeler que le contexte flamand est sensiblement différent de celui de la Wallonie en ce qui concerne le chauffage de nos maisons. En Wallonie, près de 60 % des ménages sont chauffés au mazout, alors qu’en Flandre le réseau de gaz domine largement. Dans le cadre des discussions relatives au Pacte énergétique, la Wallonie avait fait valoir cette différence en veillant à repousser les intentions politiques flamandes de sortir rapidement du mazout. Le Nord du pays mise sur le déploiement des réseaux de chaleur pour venir progressivement remplacer les réseaux de gaz et le mazout. Alors qu’au Sud, nous comptons maintenir notre infrastructure de gaz, qui permettra à terme d’accueillir du gaz d’origine renouvelable. En Wallonie, le gaz, fossile dans un premier temps, renouvelable à terme, fait partie du mix énergétique. Il restera une solution, au côté des réseaux de chaleur, des réseaux de gaz décentralisés, des pompes à chaleur, de la géothermie. Nous n’exclurons aucune technologie, mais veillerons à ce que la plus performante sur le plan environnemental (et climatique) soit promue.

    En Wallonie, nous devons d’abord nous assurer que toutes les alternatives au mazout sont bien disponibles avant d’envisager une mesure aussi radicale que l’interdiction d’en installer. À l’heure actuelle, nombreuses sont les situations où le mazout ne peut que difficilement être remplacé. Nous travaillerons à mettre ces alternatives en place dans les années à venir afin de pouvoir respecter l’objectif fixé dans le cadre du pacte énergétique, à savoir ne plus installer de nouvelle chaudière au mazout à partir de 2035. Mais tant que nous n’aurons pas les alternatives à disposition pour tous les cas de figure, il ne pourra y avoir d’interdiction.

    Concernant les emplois, l’annonce du secteur apparaît bien excessive en termes d’impact et ne tient pas compte de son corollaire, à savoir la création d’autres emplois dans de nouvelles technologies. Les ménages auront toujours besoin de se chauffer, d’installer des chaudières et de les entretenir. Les métiers devront évoluer, il sera probablement nécessaire à certains de ces entrepreneurs d’apprendre de nouvelles compétences, de nouvelles techniques. La transition énergétique et les enjeux climatiques sont générateurs de nombreuses opportunités d’emplois, dont le nombre dépassera très largement les emplois qui seront inévitablement perdus. Ceux qui sauront s’adapter à cette évolution pourront saisir ces nombreuses opportunités. Nous regrettons par contre que d’autres ne soient pas enclins à relever ces nouveaux défis et contribuer à la décarbonation de notre économie.