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La disparition des vipères péliades

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 29 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 28/09/2018
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    En pleine crise de la peste porcine, il est intéressant de se pencher sur un des nombreux effets secondaires indésirables de la surdensité des populations de sangliers en Région wallonne. Certaines causes de cette surdensité ont déjà été reprochées à Monsieur le Ministre maintes fois et je ne m’étendrai pas sur le sujet, en comptant qu’il finisse par prendre des mesures pour le bien commun, et non plus pour une certaine caste de nantis.

    Natagora a ainsi publié récemment les résultats d’une des rares enquêtes sur l’impact de la surpopulation des sangliers sur l’environnement. On connaissait déjà leurs actions sur la flore forestière, mais on dispose désormais de conclusions alarmantes sur une espèce particulière de serpent protégé, la vipère péliade. Ces conclusions sont sans appel et je cite : « Tous les sites où les populations de sangliers ont augmenté, toutes les populations de serpents ont rapidement disparu ou sont proche de l’extinction. À l’inverse, sur les rares sites où les sangliers ne sont peu ou pas présents, le nombre de serpents est stable ». Pas besoin de plus d’explications…

    Natagora met en évidence que les solutions immédiates sont fort coûteuses, notamment dans les espaces protégés où les sangliers vont se réfugier en période de chasse. Dans ces havres de paix, ils sont donc obligés d’installer des clôtures anti-sangliers, engendrant des frais supplémentaires à leurs mesures de préservation de la nature. L’équation est donc simple. D’un côté, on a une activité de loisirs élitiste dont les désirs d’afficher des palmarès hors normes poussent à dérégler les populations de gibiers. De l’autre, nous avons une biodiversité sous les yeux d’acteurs de terrain impuissants, n’ayant pas les moyens d'empêcher les travers des premiers. Un refrain malheureusement trop familier.

    Quelles réponses Monsieur le Ministre va-t-il donner aux organisations de préservation de la nature dont les efforts sont anéantis par les lobbies de la chasse ?

    Des données additionnelles sont maintenant nécessaires pour évaluer à quel point cette situation qui a duré pendant trop longtemps et a endommagé nos écosystèmes.

    Que compte-t-il mettre en oeuvre pour obtenir ces données, encore trop parcellaires pour l’heure ?

    Quels moyens supplémentaires va-t-il attribuer à la préservation de la biodiversité et quel degré de priorité va-t-il lui donner vis-à-vis du monde de la chasse ?

    Compte-t-il légiférer pour protéger au mieux toutes les espèces animales et végétales dans les espaces protégés ?
  • Réponse du 18/10/2018
    • de COLLIN René
    Le problème de la prédation du sanglier (ainsi que du faisan d’ailleurs) est un phénomène bien connu du Département de la Nature et des Forêts (DNF).

    Un suivi global de la faune est coordonné par le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole, en collaboration avec les associations naturalistes et les universités. Dans ce cadre, deux plans d’actions relatifs aux reptiles ont été établis par les experts de Natagora et sont régis par une convention avec le DNF. Ils concernent la vipère et la coronelle lisse. Ces plans d’action ont permis de localiser les zones privilégiées par ces espèces.

    Plusieurs sites ont été clôturés, notamment pour permettre une gestion par pâturage, favorable à la préservation de ces deux espèces. Ces clôtures empêchent également la présence des sangliers, et donc leur prédation.

    Par ailleurs, les nouveaux arrêtés de création de réserves naturelles comportent une possibilité de régulation des populations de sangliers permettant de contrer l’effet « refuge », problématique pour la conservation de certaines espèces protégées.

    Les mesures prises dans le cadre de la peste porcine africaine amèneront nécessairement à une diminution des populations de sangliers.

    Le gros enjeu actuel de la biodiversité est d’augmenter de manière générale le potentiel d’accueil de la vie sauvage. C’est l’objectif du Réseau Wallonie Nature dont le principe fondamental est « la nature partout et par tous ».

    En effet, un des problèmes est le confinement des espèces dans des espaces trop petits ce qui accentue le risque de prédation. La politique de la Nature menée actuellement vise à favoriser des milieux d’accueil de la vie sauvage dans un maximum de lieux au travers d’une mobilisation d’un maximum d’acteurs. À titre d’exemple, le LIFE in Quarries porté par la Fédération de l’Industrie Extractive (FEDIEX), et soutenu financièrement par la Commission européenne et la Wallonie, comporte un volet dédié aux reptiles, les carrières convenant particulièrement bien à cette faune.

    En ce qui concerne la protection des espèces, tous les reptiles indigènes présents chez nous sont protégés. Il n’y a donc pas lieu de légiférer davantage à ce niveau.