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Les choix de vie des personnes en perte d'autonomie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 24 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 11/10/2018
    • de STOFFELS Edmund
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Quotidiennement des personnes âgées en perte d’autonomie doivent poser des choix : intégrer une maison MR, rester à domicile avec de l’aide, déménager, aller dans une résidence-services, et cetera.

    Comment ces personnes peuvent-elles s’y retrouver au vu de la complexité du financement de ces matières par le Fédéral et les Régions ? Combien coûtera un placement en MR ? A-t-elle les moyens de rester à domicile avec une aide familiale ?
    Quel est le coût suivant que l’on fasse appel à une garde de nuit, une aide-ménagère, une aide familiale ?

    Les pouvoirs publics tout comme les personnes âgées sont-ils assez informés afin de pouvoir répondre à toutes ces questions ?
  • Réponse du 06/11/2018
    • de GREOLI Alda
    Une enquête récente menée par la Fondation Roi Baudouin a permis de mettre en évidence de manière objective le souhait des aînés et de la plupart d’entre nous : pouvoir rester à son domicile, et ce, le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions.

    Ainsi, le Gouvernement encourage depuis quelque temps :
    - l’amélioration de l’action des centres de coordination de l’aide et des soins à domicile via un refinancement conséquent du secteur ;
    - une meilleure visibilité des centres de court séjour ;
    - l’articulation des différents acteurs de coordination et de concertation des prestataires à domicile (services intégrés de soins à domicile (SISD), centres de coordination…) pour favoriser la cohérence du système ;
    - la volonté de réserver prioritairement les maisons de repos et les maisons de repos et de soins aux personnes dépendantes et concentrer son action à l’avenir sur l’amélioration de la prise en charge à domicile et des formules intermédiaires telles que les centres de court séjour et les centres de soins de jour afin de favoriser les services de proximité ;
    - l’amélioration de l’articulation des services permettant de rencontrer des besoins de proximité (aide familiale, aide-ménagère sociale et garde à domicile) via la mise en place d’une assurance autonomie.

    Ces dernières années, des mesures ont été prises par l’État fédéral et les entités fédérées afin d’améliorer l’accès aux soins de qualité en ce sens. On peut par exemple citer : les remboursements plus élevés pour des groupes défavorisés ; le maximum à facturer et le statut malade chronique ; le régime élargi du tiers payant ; le Plan Cancer et le Plan Malades chroniques ; la fin des suppléments d'honoraires pour les chambres communes ou à deux lits ; les programmes spécifiques en faveur de groupes socialement vulnérables ; les trajets de soins pour malades chroniques ; le soutien aux médecins généralistes sur le plan administratif et dans le cadre des services de garde ; le dossier médical global géré par le médecin généraliste, une plateforme eHealth pour permettre l’échange électronique de données entre dispensateurs de soins.

    Actuellement, la Wallonie dispose déjà de services favorisant le soutien à domicile des personnes âgées ou en perte d’autonomie tel que les services d’aide aux familles et aux aînés (SAFA), les centres de coordination des soins et de l’aide à domicile (CASD) ou encore la plateforme Bien vivre chez soi.

    En ce qui concerne le coût de l’hébergement en maison de repos, l’honorable membre doit savoir qu’il dépend de nombreux facteurs : le type de chambre, la superficie, le secteur d’activités (privé commercial, ASBL, secteur public), les lieux d’implantation, les services qui sont directement compris dans le prix ou qui représentent un supplément (téléphone, Internet, frigo, …). Ceci dit, il existe des frais supportés par les résidents qui sont identiques à ceux déboursés par les personnes qui décident de rester à domicile tels que les frais de coiffeur, médecin, médicaments,…

    Il me demande également si des mesures sont menées afin de sensibiliser les seniors à anticiper leur vie future. En 2014, dans le but de stimuler le dialogue sur la préparation de nos vieux jours, la Fondation Roi Baudouin a décidé de lancer la campagne « Penser plus tôt à plus tard », soutenue par le SPF Sécurité sociale et l’Office national des pensions. Il en ressort que, souvent, nous décidons encore de préparer nos vieux jours quand un problème de santé se présente. Pour quelles raisons ? Une réponse est certainement à trouver du côté des représentations négatives que nous avons du vieillissement. Une des solutions serait donc de modifier cette représentation péjorative du vieillissement.

    Si loin d’être inefficace, les campagnes de sensibilisations qui nous invitent à penser « plus tôt à plus tard » ne permettent toutefois pas de renverser complètement la tendance. Dès lors, des sociologues nous invitent plutôt à utiliser la stratégie des « 40/70 » qui propose d’intervenir quand les parents ont 70 ans et les enfants 40 ans, au moment où l’apparition des premiers symptômes libère plus facilement la parole. À ce moment-là, il est indispensable que les familles puissent trouver très rapidement « la bonne information au bon endroit » pour éviter le report de leurs recherches à un moment de crise aiguë, d’où la création du numéro gratuit Seniors pour guider les aînés et les professionnels en matière d’aides, de soutiens, de services et d’activités.

    La question du logement est également importante pour les seniors, et l’honorable membre l’a soulignée. Afin de leur permettre de rester à domicile, ou du moins de retarder le moment de l’entrée en maison de repos ou maison de repos et de soins, diverses solutions existent.

    Les premières sont les formules de cologement. Ainsi, on peut citer comme exemple l’habitat groupé. Divers habitats de ce type existent en Wallonie, souvent sous l’impulsion du secteur associatif. Une Association de promotion du Logement, « Habitat et Participation » qui se trouve à Louvain-La-Neuve, offre un soutien à la création de ces habitats.

    Le logement intergénérationnel, à l’exemple de l’association « un toit, deux âges », permet également au senior de disposer de son propre logement dont il loue une partie à un ou des étudiants. Le but est de briser l’isolement social du senior et de proposer un logement à loyer modéré aux étudiants, le tout dans une relation de respect et de soutien mutuels.

    Le logement kangourou est également une possibilité qui se développe peu à peu en Wallonie. Il s’agit de créer une unité de vie indépendante au sein d’une habitation, et destinée au senior. Là aussi, le senior préserve son intimité tout en évoluant dans ou à proximité d’une structure familiale.

    Il est clair que ces diverses formules sont encore trop rares et doivent être développées et diversifiées afin de permettre au plus grand nombre de rester à domicile tout en bénéficiant d’une présence, voire d’un encadrement et d’un soutien nécessaires.

    À cet égard, je lui rappelle que le Gouvernement a approuvé en première lecture le principe de la mise en place d’une assurance autonomie au 1er janvier 2021. Son objectif est clairement de permettre aux personnes en perte d’autonomie de rester le plus longtemps possible à domicile. L’augmentation de l’offre de services au domicile (aide familiale, garde à domicile et aide-ménagère sociale) s’accompagnera également d’un travail en profondeur sur les barèmes contributifs afin qu’ils soient plus en adéquation avec les revenus des bénéficiaires. Des barèmes différenciés seront instaurés pour chaque métier avec un principe de dégressivité en fonction de l’intensité pour l’activité de garde à domicile.

    Je lui rappelle également que le bénéfice de l’assurance autonomie pourra être octroyé tant aux personnes vivant à domicile qu’à celles résidant en institutions (MRPA/MRS, institution pour personnes handicapées) via sa deuxième branche (conditionnée à des critères d’âge et de revenus) qui prévoit le versement d’une allocation forfaitaire autonomie qui peut être utilisée par le bénéficiaire afin de l’aider à couvrir les coûts liés à sa perte d’autonomie.

    Face à cette offre diversifiée qui relève tantôt de la compétence fédérale, tantôt d’une compétence fédérée, il est exact qu’il est difficile de s’y retrouver en tant que simple citoyen. Certains acteurs peuvent contribuer à décoder cette offre, mais aucun acteur n’est actuellement dédié à la centralisation de l’information, si ce n’est le centre de service social ou encore le CPAS qui tous deux, ont une vision de l’existant sur le territoire communal ou dans le périmètre du centre de service social. Ils peuvent également orienter vers des acteurs plus spécialisés comme, par exemple, les centres de coordination d’aide et de soins à domicile.