/

L'augmentation du risque d'accident routier pour les conducteurs de plus de 60 ans

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 107 (2018-2019) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/10/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Dans le cadre de la journée internationale des personnes âgées, l’institut Vias s’est intéressé aux habitudes de conduite des personnes de 60 ans et plus. Cette tranche d’âge représente une part importante des usagers de la route et sera de plus en plus grande. En effet, leur nombre doublera en 2050.

    Ces personnes sont plus fragiles, leur santé est également plus faible et leur implication dans des accidents est importante. Un accident mortel sur quatre et un accident mortel sur trois concernent une personne âgée d’au moins 65 ans. Bien que les personnes âgées ne représentent pas un risque de blesser les autres usagers de la route, il est estimé que ceux-ci ont une probabilité quatre fois plus grande de se blesser qu’un usager normal.

    L’étude de Vias met également en avant que les carrefours sont les lieux principaux d’accidents chez cette tranche de la population. Plusieurs facteurs rentrent en compte  : le fait de faire attention à d’autres usagers, les signaux de propriété ou encore l’estimation de la vitesse. C’est pour cela que Vias recommande des aménagements clairs à ces endroits.

    Il est également question d’alternatives depuis plusieurs années. Des voix se sont élevées pour demander de lier le droit de conduire à l’état de santé. Des études montrent que l’obligation de passer un test d’aptitudes à un certain âge n’a pas d’impact sur la sécurité routière et plaident, dès lors, pour un screening effectué sur la carrière de conduite des automobilistes.

    Quelles sont les alternatives qui permettraient de faire diminuer cette proportion d'accidents chez les personnes âgées ?

    Faut-il réaménager les voiries ou agir sur l’aptitude à la conduite ?

    Monsieur le Ministre pense-t-il qu’un screening soit indispensable à l’avenir ?
  • Réponse du 12/11/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    En 2017, 55 seniors ont été tués sur les routes wallonnes et 1 302 ont été blessés. C’est une diminution de 5 % pour les tués, mais une augmentation de 5 % pour les blessés depuis 10 ans.

    Ces évolutions sont moins bonnes que pour les autres catégories d’âges, mais doivent être compensées par le vieillissement important de la population dans nos pays d’Europe occidentale. Le nombre de victimes « seniors » est donc proportionnel à leur part dans la population.

    Il faut aussi constater que les personnes plus âgées ont un risque d’accident corporel de la route plus important. Le risque de se blesser dans un accident est quatre fois plus important pour un senior (source VIAS) et ce en raison principalement de sa fragilité. Une personne âgée sera peut-être lourdement touchée dans une collision, alors qu’un jeune, victime du même accident, sera seulement légèrement blessé. Les seniors sont surtout victimes lorsqu’ils circulent en tant que piétons.

    Quelle réaction apporter à ces constats ?

    1. Les fausses bonnes idées :
    Les études montrent qu’un test d’aptitude à la conduite, qui serait obligatoirement passé à partir d’un certain âge, serait très coûteux pour une efficacité limitée.
    Ce type de test permet d’exclure à raison de la circulation certaines personnes fortement susceptibles de causer des accidents, mais d’autres sont exclues ou gardées à tort. Celles qui sont exclues à tort risquent d’une part, une désocialisation et, d’autre part, un risque routier plus important puisqu’elles circulent alors plus souvent comme usagers vulnérables (piétons ou cyclistes). Au contraire, celles qui sont confirmées à tort dans leur aptitude à la conduite risquent de baisser la garde et de diminuer les stratégies compensatrices qu’elles avaient sans doute mises en place.

    Toutefois, il faut être conscient que les inaptitudes à la conduite sont bien souvent dues à des déficiences progressives liées à l’avancée en âge (trouble de la vue, trouble de l’ouïe, perte de réflexe).
    Les seniors concernés compensent alors d’elles-mêmes le risque d’accident en évitant certaines routes, certaines périodes (le soir, pendant l’heure de pointe), en redoublant de prudence.

    Il est dès lors inutile, coûteux et stigmatisant de faire repasser obligatoirement et systématiquement un test d’aptitude à partir d’un certain âge.

    2. Les actions utiles :

    Par contre, diverses actions sont menées spécifiquement pour les seniors :
    - le rôle du médecin de famille est très important. Il connaît ses patients et a le devoir de les prévenir de certaines pertes d’aptitudes et de les envoyer tester leurs compétences de conduite auprès du CARA (Centre d’aptitude et d’adaptation à la route pour automobilistes handicapés). La décision de ces experts n’est d’ailleurs pas forcément toute blanche ou toute noire, le droit de conduire peut-être préservé, mais limité à certaines heures ou sur un rayon autour du domicile ou encore en évitant certains types de voiries (autoroute par exemple). En 2017, le CARA a décidé l’inaptitude à la conduite pour 8 % des personnes de moins de 65 ans qui ont rencontré les spécialistes contre 16 % pour les plus de 65 ans. La décision fut donc favorable pour 84 % des 65 ans et plus. Pour rappel, cette compétence a été régionalisée en 2015 ;
    - les accidents sont souvent liés à un comportement inadéquat des usagers, mais l’interaction entre l’usager et l’infrastructure est aussi à prendre en compte. Le SPW veille à améliorer les voiries de façon à en augmenter la lisibilité (self explaining roads) et la capacité à « pardonner » les erreurs des usagers de la route (forgiving roads), par exemple par le placement de poteau à sécurité passive. Par ailleurs, pour de nouvelles voiries ou pour les renouvellements en profondeur, le SPW a largement généralisé la mise en place des audits de sécurité routière dont le but est de vérifier que la sécurité de tous les types d’usagers de la route a bien été prise en compte ;
    - l’AWSR s’adresse naturellement aux seniors et elle organise des campagnes de sensibilisation vers des publics cibles, dont les seniors. Certaines zones de police, des associations ou encore des communes avec l’aide d’auto-écoles locales organisent également des formations sur l’évolution du Code de la route notamment pour les seniors. La Région soutient ces démarches ;
    - enfin, il est judicieux et important que la Région accompagne les aînés en leur proposant des alternatives à la conduite de la voiture : transports en commun, taxis, marche et déplacement à vélo, en particulier les vélos électriques bien adaptés pour les seniors. Diverses actions sont menées à ce niveau. Cela peut même aller plus loin par l'accessibilité à des services de proximité ou en rendant des services à domicile.