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Le soutien aux abattoirs mobiles

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 39 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 22/10/2018
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Lors de ma dernière question en commission sur le retour de l’abattage à la ferme, Monsieur le Ministre m’avait indiqué que l’action du Gouvernement se porterait sur l’accompagnement au développement des abattoirs mobiles, plutôt que les autres formes d’abattage décentralisé, comme l’abattage à la ferme ou le tir en prairie. Cet accompagnement, on peut le qualifier pour le moins de timoré, se contentant de soutenir les initiatives privées dans l’élaboration de leur plan financier. Or, on le voit dans les exemples étrangers, en France ou en Suède, le problème est bien souvent la rentabilité de ce genre de structures, devant expédier un nombre conséquent de bêtes "ad patres" pour conserver une viabilité financière.

    Comment compte-t-il assurer la viabilité de ce système dans les balises du bien-être animal, au-delà de l’aide au plan financier ?

    Compte-t-il mettre en place des aides financières pour établir cette activité, au moins pendant ses premières phases de développement ?

    Par ailleurs, il avait évoqué le chiffre de 750 000 euros d’investissements pour un abattoir mobile. Dans cette mesure, pense-t-il qu’il serait réalisable pour les petites coopératives agricoles privées de développer ce genre de projet coûteux ?

    D’une manière plus large donc, comment compte-t-il implémenter de manière efficace une politique d’abattoir mobile ?

    Alors qu'il en appelle de ses vœux régulièrement les circuits courts, ce genre de projet, s’il est bien soutenu, pourrait permettre aux petits exploitants de s’inscrire pleinement dans cette logique. On connaît les difficultés auxquelles sont confrontés les petits abattoirs publics, face à la concurrence des abattoirs-usines et leur pratique de rentabilité à tout prix, notamment au prix de la santé de nos concitoyens. Un nouveau projet d’abattage décentralisé est donc, plus que jamais, nécessaire. C’est ce dont la Wallonie a besoin pour entrer dans une nouvelle ère agricole et que les consommateurs demandent. Cette nouvelle approche constituerait le seul salut possible pour les agriculteurs.
  • Réponse du 14/11/2018
    • de COLLIN René
    Le 1er octobre dernier, dans ma réponse à la question orale portant sur l’abattage à la ferme, j’ai mentionné que « notre énergie doit aujourd’hui être orientée vers des solutions locales de mise en place de petites unités d’abattage à la ferme ou d’unités mobiles ». Je n’ai pas limité l’action du Gouvernement aux seuls abattoirs mobiles, sachant qu’ils peuvent être envisagés plus difficilement pour certaines espèces animales. Si un soutien peut être obtenu auprès de nos structures d’accompagnement, notamment pour élaborer un plan financier, il ne se limite pas à cela puisqu’il existe des aides à l’investissement via l’appel à projets de halls relais agricoles. L’aide à l’investissement pour un hall relais agricole peut s’accompagner d’une aide au fonctionnement pour les premières années d’activité.

    La mise en place d’outils de transformation tels que des abattoirs passe par le respect de nombreuses législations entraînant des contraintes financières non négligeables. Ces législations visent à fournir à nos concitoyens une alimentation sûre et saine, à garantir le respect de la condition animale et à préserver notre environnement. Outre ces contraintes financières, le rapport de la Société wallonne de gestion et de participation (Sogepa) sur le secteur de la viande en Wallonie révèle que la main-d’œuvre représente 40 à 55 % des coûts d’un abattoir. Donc, même si un soutien financier est consenti pour mettre en place un outil performant du point de vue sanitaire, bien-être animal et environnemental, encore faut-il qu’il permette à long terme d’assurer le coût de la main-d’œuvre qui lui permettra de fonctionner. Ceci est à considérer dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de diminution de la consommation de viande. Avant d’être soutenu par des investissements publics, un projet doit avant tout être porté par une équipe compétente et engagée, prête à relever un défi à long terme pour proposer un service à la collectivité. L’abattage de 5 000 vaches par an semble assurer la rentabilité de cet outil qui emploie cinq personnes et un vétérinaire. L’étude de rentabilité d’un tel projet en Wallonie est essentielle et nécessite de pouvoir identifier clairement l’offre et la demande.

    Bien que nous soutenions les initiatives d’abattage à la ferme ou d’abattoirs mobiles, il ne faut pas perdre de vue que ces initiatives ne doivent pas mettre en difficulté les abattoirs publics existants.