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Le suivi du chaos énergétique et la problématique d'un éventuel "black-out" sur la Wallonie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 44 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 22/10/2018
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    J'avais déjà interrogé Monsieur le Ministre lors de la dernière commission, mais force est de constater que les tergiversations au niveau de l’échelon fédéral se poursuivent...

    Il semblerait que le risque de délestage diminue, mais il est encore bien réel.

    Comme Ministre de l'Énergie, dispose-t-il d’informations récentes ?

    Peut-il effectuer un état des lieux actualisé ?

    A-t-il pris contact avec son homologue du Fédéral ?

    Quelles initiatives a-t-il prises depuis lors ?

    Qu'en est-il en matière de coordination en cas de délestage ?

    La Wallonie ne pourrait-elle pas agir sur les bâtiments et les infrastructures des pouvoirs publics régionaux ?
  • Réponse du 24/10/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    L'honorable membre trouvera un état des lieux avec les dernières informations dont je dispose, en provenance du Fédéral et des entreprises concernées par les solutions mises sur la table.

    Les 750 MW trouvés par la Ministre MARGHEM se déclinent comme suit :
    * 200 MW de capacités additionnelles (réparties en Flandre et en Wallonie) constitués de : groupes électrogènes à installer sur sites industriels (entre 1 et 2 MW/unité) ; turbojet à réactiver (permis à actualiser) ; des turbines à mobiliser. Il semble que la capacité totale de 200 MW soit confirmée, même s’il reste encore des permis à obtenir ;
    * 250 MW pour la centrale de Vilvoorde : il semble qu’Engie ait finalisé sa contractualisation, elle devrait être opérationnelle en date du 1er novembre ;
    * 100 MW d’augmentation des capacités existantes : il semble que les brûleurs additionnels sont en cours d’installation. Cela devrait être opérationnel au 1er novembre ;
    * 200 MW d’effacement/déplacement de charges en industrie et via agrégateurs. La moitié, soit 100 MW, seraient aujourd’hui confirmés, les autres sont en cours de finalisation/contractualisation.

    Donc, en principe, cela ferait 650 MW déjà sécurisés. Concernant les capacités additionnelles (200 MW), les Régions interviendront où cela est possible en vue d’accélérer les processus d’octroi de permis. Engie et le Cabinet MARGHEM ont, à cet effet, pris tous les contacts utiles pour assurer la fluidité des processus à tous les niveaux (gouvernement, fonctionnaires techniques, autorités communales) et un traitement express dans le respect de la législation. À titre d’exemple, le fonctionnaire technique qui a reçu une demande de permis d’exploiter, transfère celle-ci auprès notamment de la DGO4 pour avis endéans les 20 jours. Pour raccourcir ce délai, mon Cabinet a demandé à l’administration de réagir endéans les 24 heures dès réception. Toutes les mesures sont donc prises pour assurer la disponibilité des capacités au plus vite.

    D’après les simulations d’ELIA, il reste encore un manque de 700 MW pour assurer notre sécurité d’approvisionnement. Plusieurs pistes concourent à les trouver. Premièrement ELIA et la CREG cherchent, dans le cadre du marché (des règles existantes), à mobiliser des capacités d’effacement de charge auprès des industries et agrégateurs. Il ne s’agit pas de réinstaurer la réserve stratégique, mais de s’assurer que ces acteurs de marché activeront leur déplacement à des niveaux de prix raisonnables (et certainement bien avant un prix plafond de 3 000 euros/MWh).

    Deuxièmement, nos voisins directs devraient disposer de capacités suffisantes que pour nous en « procurer » une partie (rappelons qu’il ne s’agit pas d’alimenter en direct le réseau belge, mais de laisser l’équilibre du marché opérer. En cas de déséquilibre attendu, les unités françaises et allemandes pousseront plus sur le réseau). Par ailleurs, les interconnexions devraient permettre d’importer une plus grande quantité d’électricité (capacité des lignes pouvant assurer l’importation jusqu’à 5,5 GW, par rapport à un dimensionnement de 4,5 GW). Les parcs allemands et français devraient à priori nous aider à satisfaire nos besoins jusque début 2019.

    Des échanges que nous avons eus encore ce 11 octobre avec le Cabinet MARGHEM (les échanges sont bien entendu réguliers), nous ne parlons pas encore à ce jour de mettre en place un plan de délestage. Le jour où un tel plan devra être envisagé, nous pourrons également envisager une large campagne de sensibilisation qui pousserait les ménages à réduire leur consommation entre 17 h et 20 h.

    Mais pour le moment, le Fédéral met tout en œuvre pour disposer de solutions « centralisées » (c’est-à-dire gérées par le Fédéral uniquement).
    Enfin, le modèle utilisé jusqu’ici par ELIA est un modèle probabiliste, qui se base sur des données moyennes. ELIA reverra ses diverses simulations avec un modèle opérationnel dans lequel les marges d’erreur (et donc de sécurité jusqu’ici) devraient baisser. Les besoins identifiés aujourd’hui devraient par conséquent être réduits et diminuer d’autant le risque de ne pas disposer de suffisamment de capacités.

    En matière de coordination en cas de pénurie voire de délestage, je suis tout à fait prêt à assumer mon rôle dans la procédure prévue par le Gouvernement fédéral ; je souhaite cependant mettre tout en œuvre à mon niveau pour éviter ou réduire le risque.

    Au niveau des bâtiments et des infrastructures de la Région wallonne, depuis 2014, les bâtiments de la Région wallonne ont amélioré leur efficacité énergétique et une circulaire avait été mise en place pour répondre à un risque de pénurie. Au vu des circonstances, j’ai organisé un groupe de travail au niveau du Gouvernement pour évaluer les mesures de réduction de consommation et le déplacement de charge qui pourraient être envisagés au niveau de la Région wallonne.

    J’ai également pris l’initiative de demander à chacune des communes wallonnes l’éventail des mesures qu’elles seraient disposées à prendre afin de réduire la consommation de leurs bâtiments et infrastructures pour faire face à une menace de pénurie.

    La même démarche a été menée vers les fournisseurs et les gestionnaires de réseau de distribution. De cette manière, nous pourrons coordonner au niveau wallon différentes mesures de réduction de la consommation qui pourront soulager ainsi le réseau de transport et réduire le risque de pénurie et de délestage.