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Le lait de vaches nourries aux herbes

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 43 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 26/10/2018
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Début 2018, une étude réalisée par le centre de recherche agronomique wallon de Gembloux (CRA-W) démontrait que nourrir les vaches essentiellement avec de l’herbe, plutôt qu’avec des compléments protéinés, augmenterait les qualités nutritionnelles du lait.

    Si les principales conclusions étaient déjà tirées en janvier dernier, les résultats définitifs de ce travail devraient voir le jour fin d’année.

    À ce jour, où en est ladite étude ?

    En sait-on davantage sur la révélation des résultats définitifs ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous rappeler quelles étaient les principales conclusions tirées en janvier dernier ?

    Quel regard porte-t-il sur cette étude ?
  • Réponse du 20/11/2018
    • de COLLIN René
    Le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) travaille depuis de nombreuses années à la relation entre l’alimentation de la vache laitière et la qualité fine du lait. On sait dès lors qu’une alimentation à base d’herbe fraîche permet d’accroître la proportion d’acides gras polyinsaturés du lait, tel que les Omega 3 et le CLA (acide linoléique conjugué).

    Afin de limiter les maladies cardiovasculaires, il est préconisé d’avoir un rapport entre les acides gras Omega 6 et 3 inférieur à 5 dans l’alimentation humaine.

    L’intérêt de l’herbe sur la composition fine du lait a été approfondi dans les projets « GrassMilk » et « Phytohealth » menés par le CRA-W.

    Ces projets ont montré que la qualité fine du lait dépendait des espèces implantées dans les prairies. Ainsi, recourir aux légumineuses pour implanter des prairies, et en particulier au trèfle violet, permet d’accroître la teneur du lait en un constituant d’intérêt nommé « équol ». L’équol est un polyphénol, partiellement excrété dans le lait, issu de la transformation de certains constituants spécifiques aux légumineuses par les micro-organismes du tube digestif de l’animal. L’équol est donc absent du règne végétal et uniquement présent dans les produits fermentés et d’origine animale. Il aurait un effet antioxydant très élevé et pourrait protéger le consommateur des cancers hormono-dépendants (cancers de la prostate, du sein, des ovaires…). En Europe, trois personnes sur quatre sont incapables de synthétiser l’équol ; le lait constituerait ainsi une source de ce nutriment pour les individus n’ayant pas la chance de disposer de la microflore permettant sa synthèse.

    Les essais ont ainsi montré par exemple que des vaches pâturant une prairie riche en trèfle violet produisaient un lait beaucoup plus riche en équol que celles pâturant du raygrass et que les légumineuses fourragères sont plus efficaces que le tourteau de soja pour accroître la teneur en équol du lait.

    Ces résultats de recherche permettent de montrer les bénéfices de l’alimentation basée sur l’herbe et de crédibiliser l’intérêt nutritionnel du lait et de conforter sa place de choix dans notre pyramide alimentaire. Ils permettent d’ouvrir le débat et, sur base de preuves tangibles, de rendre au lait ses lettres de noblesse par rapport à des alternatives appelées indûment voire de façon trompeuse « laits végétaux ». Ils apportent également un support de communication vers les consommateurs et renforcent l’intérêt de soutenir une production locale, autonome et basée sur la prairie : l’or blanc de notre région.