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Les inégalités entre les hommes et les femmes

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 59 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 21/11/2018
    • de TILLIEUX Eliane
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Après 10 ans de progrès constants en matière de parité hommes-femmes, la situation s'assombrit. Pas moins de 144 pays ont été analysés par le Forum économique mondial et il faudrait un siècle pour combler l'écart global à l'échelle mondiale. Les disparités les plus difficiles à surmonter concernent l'emploi et la santé.

    Ainsi, depuis le 3 novembre, en Europe, les femmes travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l’année, en raison de l’écart de salaires qui les sépare des hommes.

    Les femmes subissent de plein fouet les planchers et plafonds de verre. La situation est d’autant plus alarmante qu’en début de carrière, l’écart salarial n’est que de 7 % et monterait jusqu’à 20 %, soit 650 euros bruts, à 60 ans. Elles bénéficient également de deux fois moins d’avantages en nature, comme l’acquisition d’une voiture de société, par exemple.

    Les Wallonnes sont indéniablement travailleuses, créatives, intelligentes et volontaires, sauf que l'on oublie de les rémunérer comme il se doit !

    Dans d’autres pays, comme en Islande, la volonté politique est claire : depuis le 1er janvier 2018, l'égalité salariale entre les femmes et les hommes est devenue obligatoire grâce à l’entrée en vigueur d’une loi entérinant la parité parfaite.

    Madame la Ministre s’est-elle penchée sur le mode de fonctionnement islandais ? Quelle en est son analyse ?

    A-t-elle pris des contacts avec les Ministres de l’Emploi et de l’Égalité des chances au niveau fédéral ? Ainsi qu’avec le Ministre wallon de l’Emploi ?

    Que compte-t-elle mettre en œuvre en Wallonie en termes de politique d’égalité entre les hommes et les femmes ?
  • Réponse du 03/12/2018
    • de GREOLI Alda
    Tout d’abord, il n’est pas inutile de rappeler que le Forum économique mondial est une ONG dont la plupart des membres sont issus d’entreprises multinationales. Par ailleurs, il est à noter que ce classement est réalisé à l’échelle des pays et il m’appartient, en premier lieu, de me prononcer sur les avancées engendrées au niveau de la Wallonie en matière d’égalité des genres.

    Malgré les nombreuses avancées en la matière, il subsiste encore et toujours des différences de traitement entre les hommes et les femmes. La Wallonie est toutefois extrêmement attentive aux inégalités en matière d’écart salarial, d’équilibre entre la vie professionnelle et familiale, de formation, de ségrégation verticale et horizontale sur le marché du travail, et cetera. Ces questions sont notamment traitées par la Wallonie via l’application du décret du 11 avril 2014 visant à la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des Nations unies sur les femmes à Pékin de septembre 1995 et intégrant la dimension du genre dans l’ensemble des politiques régionales. Le premier Plan wallon de Gender Mainstreaming est la concrétisation de ce décret. Il comporte 16 mesures ou objectifs stratégiques, choisis par les membres du Gouvernement sur la base de propositions des associations de femmes.

    Bien que l’écart salarial n’ait pas été proposé par le Conseil wallon pour l’égalité des hommes et des femmes (CWEHF) en tant que mesure spécifique du Plan genre, je me permets tout de même d’attirer l’attention de l’honorable membre sur certaines mesures adoptées par les Ministres wallons dans le cadre de la mise en œuvre du décret, à savoir :
    - l’encouragement de la participation des femmes et/ou des hommes au sein de secteurs d’activités professionnelles où elles/ils sont sous-représentés (objectif stratégique 12) ;
    - la promotion de l’entrepreneuriat féminin et masculin (OS 5) ;
    - la sensibilisation aux métiers du numérique (OS 6) ;
    - la valorisation du statut des agricultrices (OS 16) ;
    - le soutien des formations des travailleurs(euses) titres-services (OS 11).

    Le partage des responsabilités familiales n’a pas été davantage proposé par les associations en tant que mesure spécifique du Plan genre. Certains objectifs visent néanmoins à venir en soutien à l’organisation familiale, souvent soumise à rude épreuve pour des raisons professionnelles ou privées. Je pense par exemple à :
    - L’OS 15 : « Petite enfance : Créer des nouvelles places dans les milieux d’accueil collectif subventionnés en vue de faciliter l’emploi des hommes et des femmes, et à
    - L’OS 4 : Favoriser le maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées par une prise en charge adéquate afin que ce maintien dans le cadre de vie ne repose pas sur la seule solidarité familiale et féminine ».

    Le rapport intermédiaire du Plan Gender avait permis, en mars 2016, une première analyse des inégalités entre les femmes et les hommes par rapport aux 16 politiques choisies.
    L’ensemble des cabinets travaillent actuellement à la rédaction du rapport final qui permettra de constater les avancées dans les différentes politiques. Ce rapport sera remis au Gouvernement et au Parlement en février ou mars 2019, au plus tard.

    Dans ce cadre, je collabore activement avec tous mes collègues du Gouvernement wallon, y compris le Ministre de l’Emploi.

    Mais, parallèlement au Plan Gender, la Wallonie soutient d’autres initiatives visant la promotion des femmes sur le marché du travail :
    - je rappellerai l’initiative « Girls day, boys day » financée par Pierre-Yves Jeholet dans le cadre des coordinations provinciales « égalité ». Le « Girls day, Boys day » vise à sensibiliser les élèves et les enseignants(es) aux stéréotypes de genre dans les choix d’orientation scolaire et professionnelle ;
    - autre exemple : une subvention facultative a permis d’organiser, le 15 mai dernier (via l’association JUMP) des ateliers d’« empowerment » à destination du personnel-cadre du secteur associatif.

    Enfin, je tiens à rappeler que le décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination établit un cadre légal très précis et donne à la Wallonie un outil permettant de lutter contre toutes les discriminations (race, convictions religieuses et philosophiques, handicap, âge, orientation sexuelle, …) et, notamment, celles liées au genre. Ce décret interdit les discriminations dans tous les domaines de compétence de la Wallonie.

    Ce décret est d’ailleurs en cours de modification, comme elle le sait : un avant-projet est déjà passé en deuxième lecture au Gouvernement wallon et la dernière lecture devrait intervenir au début 2019. Certaines modifications doivent améliorer la situation des femmes sur le marché de l’emploi, ainsi que l’équilibre entre la vie familiale et la vie professionnelle. Ces modifications concernent notamment la protection et la prévention de discriminations relatives à l’allaitement, aux congés de maternité, paternité, et cetera.

    Finalement je reste, comme l’honorable membre, attentive à toutes les bonnes pratiques initiées dans d’autres pays, mais, comme elle le sait, en matière d’emploi, la législation relève largement du Fédéral. Mes services sont toutefois en contact régulier avec l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) qui est membre du Groupe interdépartemental de coordination du Plan Gender du Gouvernement wallon. Cet institut fournit régulièrement des statistiques concernant l’évolution du taux d’emploi féminin qui continue à progresser en Belgique, ainsi que l’écart salarial qui se réduit d’année en année entre les femmes et les hommes belges. C’est encourageant. Selon les dernières statistiques fournies par la Commission européenne sur le sujet, le 29 octobre dernier, les femmes employées gagnent en Europe 16,2 % en moins par an que leurs collègues masculins. Mais la Belgique figure parmi les « meilleures » élèves, avec une différence limitée à 6,1 % en moyenne, juste derrière le Luxembourg (5,5 %), l’Italie (5,3 %) et la Roumanie (5,2 %). La Wallonie entend continuer à faire sa part pour réduire cet écart.