/

La lutte contre les violences envers les femmes

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 73 (2018-2019) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/11/2018
    • de KILIC Serdar
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Le 25 novembre dernier, la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes nous a rappelé à tous que ce fléau tue encore au quotidien dans de nombreux milieux familiaux.

    Comme toujours, la loi du silence s'impose. Les femmes parlent peu ou pas du tout de ce problème et restent repliées sur elle-même, isolées et en proie au danger que tout cela représente.

    De nouveaux outils sont régulièrement élaborés pour lutter contre cela. Cette fois, une initiative originale est destinée aux médecins généralistes, souvent acteurs de première ligne, pour déceler les violences physiques. Le but est de les sensibiliser à deux actes primordiaux qu'ils peuvent poser, d'une part remplir le « constat de lésion », d'autre part celui « d'incapacité de travail ». Cela permet de mettre clairement des mots sur des actes souvent refoulés.

    À l'occasion de ce mois de novembre et de sa journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Madame la Ministre a-t-elle de nouvelles pistes, de nouvelles initiatives, de nouveaux projets à proposer pour que ce fléau disparaisse petit à petit ?

    A-t-elle des chiffres à nous présenter qui nous permettraient de constater que les actions du Gouvernement portent leurs fruits en la matière ?
  • Réponse du 19/12/2018
    • de GREOLI Alda
    La politique wallonne en la matière a été définie dans le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre (PAN 2015-2019) et le Plan intrafrancophone 2015-2019 de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales. Le Gouvernement wallon a notamment pris acte, le 26 avril dernier, du rapport intermédiaire concernant le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre (PAN 2015-2019. Le bilan global est positif : entre décembre 2015 et décembre 2017, la majorité des 235 mesures ont été mises en œuvre. À l’époque, 152 mesures étaient en cours (65 %) ; 12 mesures (5 %) ont été lancées en 2018 ; 39 mesures ont déjà été finalisées (16 %) et 32 mesures devront encore être lancées en 2019 (14 %).

    Je ne peux les exposer toutes à l’honorable membre, mais m’attarderai sur deux actions récentes.

    Il faut savoir, par exemple que les chiffres provenant des statistiques policières sont stables depuis plusieurs années. En Wallonie, 15 482 plaintes pour violences dans le couple (physique, psychologique, sexuelle, économique) ont été enregistrées en 2017.

    Le nombre d’appels pris en charge par la ligne Ecoute Violences Conjugales a par contre fortement augmenté, il est passé de 2 693 en 2016 à 4 862 en 2017, l’accessibilité de la ligne ayant été étendue 24h/24 à partir de mars 2017, grâce à la mise en place d’une collaboration entre les Pôles de ressources spécialisées en violences conjugales et Télé-Accueil, ce qui constitue une mesure forte des plans précités, dont on peut mesurer toute l’efficacité.
    Entre janvier et octobre 2018, le nombre d’appels pris en charge par la ligne Ecoute Violences Conjugales s’élèvent déjà à 7 062 !

    Qui appelle la ligne ? Les victimes de violences, des femmes à plus de 90 %, sont les plus nombreuses à former le 0800 30 030, suivies des proches des victimes, puis des services et professionnel-le-s du secteur et, enfin, des auteur-e-s (des hommes pour 90 %).
    La ligne d’écoute est souvent la première « porte » à laquelle les victimes s’adressent puisque deux tiers des appels traités en journée sont des premiers appels.

    Les données chiffrées dont nous disposons ne permettent donc pas de faire état d’une diminution des violences, d’autant que comme tout phénomène criminel, les chiffres sur les violences entre partenaires n’apportent qu’une vision partielle de la réalité, mais ils montrent cependant que de plus en plus de personnes osent briser le silence.
    Pour briser la loi du silence, il est nécessaire d’encore et toujours sensibiliser le grand public, autre grand axe des plans précités.

    C’est pourquoi le 14 novembre dernier, j’ai encore lancé, avec mes collègues Ministres des entités francophones, une nouvelle campagne de lutte contre les violences entre partenaires et, plus singulièrement, les agressions et la cyberviolence sexuelles, mais aussi le « revenge porn » dans les couples de jeunes, intitulée « #ARRÊTE c’est de la violence ».
    C’est la première fois qu’une campagne, initiée par des pouvoirs publics, porte sur ce type de violences.

    Cette nouvelle campagne se présente principalement sous le format d’une web-série en quatre épisodes diffusée sur Facebook, Instagram, Snapchat et YouTube. Elle a pour objectifs de permettre aux jeunes - auteurs comme victimes - de mieux identifier et reconnaître les actes de violence et cyberviolence sexuelles dans leur couple, de détecter des signes de contrôle et de contrainte, mais aussi d’obtenir de l’aide de la part de professionnels.

    Afin de répondre aux modes habituels de communication utilisés par les jeunes, la ligne d’écoute gratuite « Violences conjugales » - 0800/30 030 - accessible 24h/24 et 7j/7, étendra désormais son dispositif pilote de « chat » à 8 heures par semaine, principalement après les heures scolaires.
    La campagne « #ARRÊTE c’est de la violence » est également déclinée sur le site internet www.arrete.be, mais aussi via une campagne d’affichage de près de 86 000 autocollants et affiches.
    Cette initiative fait partie intégrante du Plan d’action intrafrancophone 2014-2019 de lutte contre les violences, elle a été conjointement financée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie et la COCOF à hauteur de 75 000 euros.

    Les violences étant encore bien présentes, sensibiliser ne suffit pas, il faut également proposer une prise en charge adéquate, tant pour les victimes que pour les auteurs de violences, il est donc primordial de renforcer les services qui assurent ces missions.

    À la suite du décret d'agrément des services et dispositifs d'accompagnement des violences entre partenaires et des violences fondées sur le genre, voté en mars dernier, l’arrêté d’exécution a été approuvé en première lecture par le Gouvernement wallon le 22 novembre dernier. Concrètement, le budget de la quinzaine d’associations existantes sera pérennisé et devrait augmenter de plus de 100 000 euros l’an prochain. Plus précisément, le budget total passera d’environ 550 000 euros, en 2019, à 730 000 euros dans les deux ans (en 2020) et même à plus de 785 000 euros au plus tard en 2024.