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Les pesticides

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 251 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 29/11/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Les résultats d’une étude longue de quatre ans réalisée par l’Institut scientifique de service public (ISSeP) ont révélé que des traces de pesticides ont été retrouvées dans la quasi-totalité des échantillons d’urine prélevés chez les jeunes Wallons. L’étude montre que cinq substances actives se retrouvent dans la moitié des échantillons. Par ailleurs, les enfants vivant dans des zones rurales seraient beaucoup plus exposés que les enfants vivant dans des zones sans culture.

    Ces pesticides auraient ainsi des effets néfastes sur les populations les plus fragiles comme les jeunes enfants, mais aussi les personnes âgées. Par ailleurs, si les concentrations sont faibles, plusieurs pesticides combinés ou le mélange de ceux-ci peuvent avoir des effets beaucoup plus graves, sans parler de l’exposition à long terme.

    Ainsi l’ISSeP a étudié les urines de 250 enfants de 9 à 12 ans et 100 % des échantillons contenaient des traces d’un insecticide suspecté de provoquer des troubles du développement du cerveau chez les enfants. Vingt tonnes de ce produit ont par ailleurs été utilisées en 2017. D’autres échantillons ont démontré la présence de perturbateurs endocriniens, inutile ici de rappeler les méfaits et les conséquences qu’ils peuvent avoir. Ces derniers mois, l’attention s’est beaucoup portée sur le glyphosate, mais bien d’autres substances encore utilisées sont nocives pour notre santé et celles de nos enfants.

    Néanmoins, les résultats de cette enquête montrent que les pesticides peuvent aussi se retrouver dans nos produits du quotidien, comme dans les anti-puces pour animaux, les tapis, les bouteilles d’eau et les prises anti-moustiques.

    Si l’on est de plus en plus conscients de la nécessité de diminuer la quantité de pesticides dans l’environnement et dans les cultures, il s’agit aussi de faire attention aux produits utilisés par les ménages et de conscientiser les familles. Il est encore malheureusement impossible de faire un lien direct entre l’exposition et les effets sur la santé. Malgré tout, il ne faut pas attendre pour agir.

    Que pense Monsieur le Ministre de ces constats de l’ISSeP ?

    Un biomonitoring de la population wallonne va être mis en place, peut-il nous expliquer ce dont il s’agit ?

    Comment cela va-t-il s’organiser ?

    Comment conscientiser les ménages à la dangerosité des produits qu’ils utilisent ?

    Envisage-t-il d’aller encore plus loin dans la traque aux pesticides ?

    Où en est-il actuellement dans ce dossier ?
  • Réponse du 20/12/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    De nombreux débats ont déjà eu lieu autour de l’étude EXPOPESTEN et de ses résultats. Le rapport d’activités a été transmis au Parlement il y a plusieurs mois et a fait l’objet d’une présentation en Commission Environnement le 18 octobre dernier. L’ISSeP a en outre organisé le 6 novembre dernier une conférence de presse pour présenter exhaustivement les résultats et les divers projets menés en la matière.

    Pour diminuer de manière certaine l’exposition aux pesticides, il faut se tourner vers des solutions d’avenir et se passer de ce type de produit, dans tous les secteurs. Sur le long terme, y compris pour l’avenir économique de l’agriculture wallonne, un territoire sans pesticides est la voie dans laquelle il faut continuer à avancer.

    Dans l’intervalle, plusieurs mesures ont déjà été prises, elles concernent la modification des mesures de l’arrêté du Gouvernement wallon du 11 juillet 2013 relatif à une application des pesticides compatible avec le développement durable, l’interdiction de l’utilisation du glyphosate et des néonicotinoïdes, la mise en œuvre du nouveau plan wallon de réduction des pesticides.

    Améliorer la qualité de l’air intérieur en informant mieux sur les risques liés à l’utilisation de produits tels que les insecticides et biocides et, le cas échéant, sur la manière adéquate de les utiliser constitue un deuxième levier sur lequel il est possible d’agir. Dans ce domaine, une réflexion sur la manière de réduire l’exposition des publics scolaires a déjà été entreprise, elle a été intégrée dans un guide de bonnes pratiques.

    L’étude PROPULPPP en cours, qui doit s’achever fin de cette année 2018, devrait aboutir à des conclusions permettant d’établir si les mesures de protection du public contre les dérives des pesticides doivent être affinées.

    Le lancement d’un biomonitoring wallon a été validé par le Gouvernement wallon le 16 novembre dernier. Il ne s’agit pas une opération directement liée à l’étude EXPOPESTEN ou à l’étude PROPULPPP, mais d’un projet qui s’inscrira dans la durée afin de monitorer de manière continue les liens entre environnement et santé. Ce projet a été préparé par l’ISSeP et plusieurs partenaires dont le CHU de Liège et les universités. Il est suivi du côté du SPW par la cellule permanente en environnement-santé de la DGO3.

    La biosurveillance renseigne sur l’exposition de la population aux substances chimiques présentes dans l’environnement sans distinction des sources et des voies impliquées. Elle permet d’atteindre de nombreux objectifs :
    - la documentation des niveaux d’imprégnation de base dans une population ;
    - l’évaluation de l’efficacité de certaines actions de santé publique ;
    - l’identification et le suivi de tendances temporelles, en vérifiant si l’exposition de la population à des substances change avec le temps ou si de nouveaux contaminants font leur apparition ;
    - l’identification des variations géographiques des niveaux d’imprégnation des populations ;
    - l’identification des populations à risque par la détermination du niveau d’imprégnation de groupes vulnérables ou particulièrement exposés.

    Pour ce qui est de l’objectif spécifique du programme wallon de biomonitoring, il consiste à obtenir sur un millier de participants des données de référence sur l’exposition des Wallons à une série de substances et/ou polluants fréquemment rencontrés (perturbateurs endocriniens, métabolites de certains pesticides, polluants classiques tels que les métaux lourds, les polychlorobiphényles et des substances émergentes).