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L’impact environnemental des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN)

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 103 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 05/12/2018
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Aujourd’hui, la question de l’utilisation des nitrates en agriculture ne fait plus l’objet d’aucune polémique, mais au cœur des années 1990, cette question était centrale comme l’est celle de l’utilisation des pesticides aujourd’hui.

    Les plantes ont besoin de nitrate pour se développer, mais ce qu’elles n’utilisent pas s’infiltre dans les sols et atterrit dans les nappes phréatiques. Pour enrayer ce phénomène, la Wallonie a misé sur la diminution de l’utilisation des nitrates et sur le développement des cultures CIPAN.

    Ces cultures se présentent, principalement, sous la forme de moutarde. En poussant, elles utilisent les stocks de nitrate restant. Soit on les broie avant les semis d’hiver et cela fait une forme d’engrais naturel avant les labours d’hiver, soit on fait cela au printemps, après la floraison pour planter du maïs.

    Ce procédé est très efficace pour capter les nitrates et protéger les nappes phréatiques. Cela étant, des voix s’élèvent pour indiquer qu’outre les nitrates, les cultures CIPAN capteraient également les résidus de pesticides présents dans les sols et, en cas de floraison, seraient extrêmement nuisibles pour les insectes pollinisateurs. Monsieur le Ministre dispose-t-il d’informations particulières sur l’impact environnemental de ces cultures et particulièrement sur les insectes pollinisateurs ?

    De plus, dans certains cas, ces cultures offrent un couvert très dense favorable au grand gibier. Le confirme-t-il ?
  • Réponse du 10/12/2018
    • de COLLIN René
    Il semblerait que les cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN) ne captent pas seulement des nitrates. Des prélèvements réalisés en 2017 dans plusieurs parcelles, dans le cadre de la convention-cadre BeeWallonie (CARI-CRA-W), montrent que des résidus de pesticides sont détectés dans les fleurs de quelques couverts végétaux (la moutarde, la phacélie et le radis fourrager), ainsi que dans le pollen collecté par les abeilles butinant ces fleurs. Une enquête est actuellement menée chez les agriculteurs, afin d’identifier si l’origine de ces contaminations est une dérive de pulvérisation ou une mobilisation d’un résidu présent antérieurement dans le sol, suite aux traitements phytosanitaires réalisés en saison.

    Outre la présence de résidus, certaines CIPAN pourraient aussi perturber la préparation à l’hivernage des abeilles en apportant une ressource massive de nourriture, pollen et nectar. Une étude a été lancée à ce sujet cet automne par le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) à ma demande. Des prélèvements de fleurs ont également été réalisés pour des analyses de résidus dans plus de 50 champs de moutarde.

    Les résultats de ces études permettront de préciser le niveau d’exposition des abeilles aux pesticides par le biais des CIPAN en fleurs et d’envisager des mesures pour réduire cette exposition, d’autant plus si ces ressources entraînent une perturbation de l’hivernage. De potentielles mesures seraient de faucher ces couverts végétaux avant leur floraison ou d’éviter de conseiller des espèces attractives pour les pollinisateurs.

    L’ASBL Protect’Eau, qui réalise à l’attention des agriculteurs une aide au choix des couverts végétaux, prendra en compte ces données dans leur vulgarisation des choix d’une CIPAN.

    Enfin, je confirme que les CIPAN, comme tous les autres couverts développés, peuvent offrir un abri pour le grand gibier, mais surtout aussi pour la petite faune, qui a tendance à se raréfier dans nos plaines wallonnes.