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Les batteries sans lithium

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 80 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 12/12/2018
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    L’Angström Advanced Battery Centre planche sur la production de batteries sans lithium ou autres métaux rares, mais à partir de sodium, un élément que l’on trouve en suffisance sur la planète.

    Des entreprises telles que Volvo, VW ou LG financent ces recherches.

    Le potentiel économique de ce projet est énorme !

    Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas qu’il est indiqué que des projets wallons de recherche soient encouragés dans un esprit de partenariat international ?

    Pourquoi continuer de ronronner en Wallonie, de rêver du bon vieux temps, du temps où l’on était à la pointe du progrès technologique ?
  • Réponse du 31/12/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Suite à la question de l’honorable membre sur « les batteries sans lithium », voici certaines informations susceptibles de préciser la situation.

    En préambule, il convient directement de rappeler que l’Angstrom Advanced Battery Center de l’Université d’Uppsala en Suède est actif dans toutes les technologies de batteries à accumulation, en ce compris les technologies au lithium. Cette institution est d’ailleurs un des piliers de l’Alliance pour les Batteries européennes lancée en 2017.

    Nous désirons apporter une petite correction en ce qui concerne les terres rares et leur usage dans la mobilité électrique. Dans les faits, une batterie, quelle qu’en soit la technologie, ne contient pas de terres rares. Celles-ci sont plutôt retrouvées au niveau des moteurs électriques (aimants permanents). Par contre, les batteries au lithium contiennent d’autres ressources critiques comme le lithium, évidemment, même s’il s’agit d’un élément « relativement » abondant, le cobalt ou le graphène, dont le coût de production est extrêmement élevé.

    L’enjeu stratégique que constituent les batteries est évidemment capital dans le schéma actuel d’électrification du transport ou, plus largement, celui du stockage d’électricité. Plusieurs technologies dépendantes ou non du lithium sont actuellement étudiées dans la communauté scientifique avec des degrés de maturités qui diffèrent. Citons, par exemple, les batteries au sodium, objet de la question, les batteries au zinc, les batteries organiques, les batteries de type « solid-state », les batteries ZEBRA, les technologies métal-air, et cetera.

    L’objectif de toutes ces recherches est de minimiser l’usage de ressources critiques ou d’augmenter la densité énergétique à quantité de matériau constant.

    Actuellement, la recherche au niveau international est encadrée et promue par les Programmes-cadres de recherche et développement (Horizon 2020 actuellement) qui promeut la recherche internationale en misant sur des consortiums à l’échelle européenne. Depuis la réforme du SET-PLAN (Strategic Energy Technology Plan), les batteries et l’électromobilité sont devenues des enjeux majeurs pour l’industrie européenne. Celle-ci s’est d’ailleurs fédérée en 2017 autour d’acteurs comme UMICORE ou SOLVAY en Belgique pour dresser une feuille de route technologique pour 2030 et au-delà. Le plan d’action approuvé conséquemment par l’Europe repose sur six axes :
    - sécuriser l’accès aux matières premières ;
    - soutenir la mise en œuvre d’unités de production d’éléments de batteries ;
    - sécuriser le leadership industriel grâce à la recherche et au développement ;
    - développer et renforcer les capacités professionnelles pour les acteurs du milieu ;
    - développer la durabilité de l’industrie européenne des batteries ;
    - mettre en place un cadre régulatoire général sur le stockage et les batteries.

    Force est de constater que, actuellement, une grande partie des ressources intellectuelles et financières s’orientent toujours vers la chimie du lithium où l’on sait avoir un retard considérable sur la Chine, la Corée ou les États-Unis. Nous pouvons cependant nous rallier aux objectifs promus par l’Europe tout en demandant de garantir un cadre ambitieux pour de nouvelles technologies disruptives qui offrent, elles, un potentiel économique considérable. C’est d’ailleurs dans cette optique que mon administration a proposé que dans l’appel 2019 d’Horizon 2020, les thématiques sur les batteries reprises dans l’appel se distancient sensiblement de thèmes exclusivement orientés sur les technologies du lithium en permettant à de nouvelles orientations prometteuses d’émerger.

    En ce qui concerne l’appel 2020 d’Horizon 2020, l’administration a été saisie d’une demande pour un ERA-NET cofund sur les batteries. Ce mécanisme de financement permet de capitaliser les ressources budgétaires tant de l’Europe que des États membres qui y adhèrent. L’analyse des contours de l’appel étant toujours en cours, il est difficile de déterminer s’il y aura un intérêt spécifique pour les acteurs wallons académiques ou industriels.